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Histoire

Ksar d’El-Menea, le palais de Mbarka bent el khass

La Wilaya d’El Bayadh, dispose d’un patrimoine des plus remarquables et d’une richesse historique particulière. Architecturalement, elle dispose d’un patrimoine bâti de 10 ksour, qui se distinguent les uns des autres par leur forme, leur composante et leur configuration spatiale. Parmi ces grands établissements humains, il existe un ksar, le Ksar d’El-Menea, «Taourirt» (colline) en berbère, qui, non seulement détient une forme particulière, mais il est affilié à une princesse qui lui attribua son nom…  Qui est cette princesse et quelle est son histoire ?

M’barka Bent El-Khass

La fondation de ce Ksar, remontant à l’an 928 selon les archives de la direction de la culture, dont le nom qui a été donné sans doute plus tard, est attribuée à une princesse saharienne surnommée Mbarka Bent El Khass.

Bien qu’on ne sache pas préciser le siècle où elle vivait, ni la contrée d’où elle était originaire, la tradition orale du Sahara algérien a conservé le souvenir d’une princesse appelée M’barka bent el Khass et lui donne un pouvoir magique des mots, une sagesse inouïe et une gouvernance juste et équitable.

Elle se serait établie d’abord au mZab avec sa tribu, avant de rejoindre progressivement l’ouest algérien, pour venir enfin s’établir dans la région de Brezina ; une contré qui offre des étendues de terre idéales à la vie du nomadisme pastoral.

Le ksar construit en hauteur, a une altitude de 835m, abrite, entre autres, une mosquée tombée en ruine aujourd’hui et le palais de la célèbre princesse d’El Ménéa qui dit-on gouvernait au nom de son père devenu sénile et qui refusait tous les prétendants qui venaient demander sa main. Sa dernière demeure connue est le Ksar de Meniaa, ce joyau de l’architecture ancienne, qu’elle aurait habitait, fuyant les persécutions d’un roi qui cherchait à élargir son pouvoir.

La légende

La légende nous apprend que Bent al-Khass fut une souveraine juste, exerçant son autorité avec sagesse. Il est vrai que beaucoup d’hommes n’appréciaient pas d’être gouvernés par une femme mais comme elle se montrait très juste, ne méprisant personne, ne tenant compte ni de la fortune ni du rang des gens, ils se résignaient. Elle disait : «Vous êtes tous égaux, comme les dents d’un peigne !»

Un jour, un sultan du Gharb, séduit par sa grande beauté, s’est épris d’elle. Il lui rend visite – chargé de présents – et demande sa main. « Nous unirons nos deux tribus, lui dit-il, et nous formerons un royaume puissant. Que dis-tu de ma proposition ? »

Bent al-Khass ne lui répond pas. Il prend cela pour de la timidité et insiste. Alors la jeune femme lui répond poliment : « Je suis honorée par la proposition d’un sultan aussi fort et aussi valeureux que toi, mais je n’ai pas l’intention de me marier !

– Faut-il comprendre que ton cœur est déjà pris ?

– Non, non, je ne veux pas me marier, ni avec toi ni avec un autre ! lui répond Mbarka ».

Le sultan se sentant offensé par ce refus, lui livre aussitôt la guerre. Retranchée dans une forteresse, la jeune femme et sa tribu doivent subir un siège long et épuisant. La nourriture et surtout l’eau viennent à manquer et la population est menacée de mourir derrière ses forteresses..

On vient retrouver Bent al-Khass.

« Tu dois te rendre », lui disent les notables, venus la voir en délégation. La jeune femme répond : «Si j’accepte sa proposition sous la contrainte, il ne manquera pas de nous dominer !

— Mais si le siège continue, nous allons tous mourir de soif !

— Faites-moi confiance, dit la jeune femme, je saurai vous débarrasser du tyran !»

Bent al-Khass demande alors aux femmes de réunir les burnous de leur mari et, avec le peu d’eau qu’il reste, de les laver. Les hommes voyant les femmes lavant les burnous s’insurgent contre ce gaspillage d’eau.

«Quoi ! s’écrient-ils, nous manquons cruellement d’eau et vous, vous lavez des burnous. Arrêtez donc !»

Les femmes répondent : « C’est Bent al-Khass qui nous a demandé de faire ainsi.»

On les laisse donc continuer. Elles étendent, toujours sur ordre de Bent al-Khass, les burnous sur les murs de la forteresse pour tromper l’ennemi.

Le sultan du Gharb et ses hommes les voient, effarés ils s’écrient : «Les réserves d’eau de Bent al-Khass seraient donc abondantes au point de laver les burnous de ses hommes ?»

Le jour-même, le sultan lève le siège. Ainsi, la jeune femme, une fois de plus, a pu se sortir d’une mauvaise passe, et surtout, est parvenue à avoir raison d’un tyran.

Figure légendaire ou réelle, les traits relatifs à cette femme d’une grande sagesse formèrent des légendes populaires où sont célébrées sa perspicacité, la finesse de ses reparties, la rapidité et la sûreté de son jugement à propos des choses et des hommes.

En effet Mbarka bent el khass est aussi connu pour ses répliques mordantes et sa grande sagesse à l’image, en Kabylie, de Cheikh Mohand Oul Houssine ou de Cheikh Bouamrane. Elle est l’auteur de nombreuses maximes sur la générosité mais aussi sur la vie, la nature, et les travaux… A Biskra comme à Tolga, à Laghouat, à El-Oued, on cite encore ses maximes et on se rappelle quelques épisodes de sa vie. « Comme a dit Bent El-Khass », dit-on, dans la tradition des citations, ou, alors, à l’occasion d’un événement ou pour illustrer un fait, on rappelle une anecdote dont bent Al-Khass est l’héroïne.

Maiz Rym

Bibliographie :

Mebarka Bent El Khass – Légende du Sahara algérien, Nathalie Gailhardou, Dominique Ribes

Djazairess – Le vieux ksar, entre mythe et abandon

Ksar de Bent el Khass: Origine, histoire et filiation de Lila Amroun

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