Suite du premier Article https://www.babzman.com/2014/khedidja-goumriet-lebroudj-de-mohamed-benslimane-dr-rachid-messaoudi/
Une présentation du poète du XVIIIème siècle, Mohamed BENSLIMANE a fait l’objet d’une première partie. Aujourd’hui, je vous propose de découvrir, une de ses pièces maîtresses :
KHEDIDJA (GOUMRIET LEBROUDJ).
Ta flamme se propage dans mon cœur et mon apparence reflète mes tréfonds, veillant tout au long de mes nuits, je suis lassé par l’attente. L’amour m’a envahi comme un roi cruel, ajoutant à mon humeur agitation en sortant son épée vaniteusement, la beauté de la gazelle m’a paralysé. Dois je espérer assouvir mon désir en rencontrant (ma bien aimée) à l’aurore, nous serions ensemble sur un tapis sublime dans la joie et l’allégresse en compagnie de l’échanson tenant les carafes et remplissant nos verres par deux.
Ô colombe des tours, saphir dans un diadème, toi la gazelle khedidja, rends moi visite cou de gazelle, kheddoudj à la longue chevelure.
On aurait dit un mat parmi les vagues la silhouette de la gazelle, ses tresses noires et ses sourcils de jais, le front tel la lueur de la lune étincelante, ses grands yeux câlins, ses joues comme des roses qui éclosent et son nez gracieux taillé comme une pierre précieuse. Les dents telles des perles luisantes sa salive telle un vin dans une coupe. Un cou de gazelle tandis qu’à travers les lisières fleuries des champs des gazelles sous la brise gambadant, ma gazelle se distinguait.
Ô colombe des tours, saphir dans un diadème, toi la gazelle khedidja, rends moi visite cou de gazelle, kheddoudj à la longue chevelure.
Les bras tels deux épées ont fait vibrer mon cœur le sortant de sa quiétude. Celle qui perturbe mes entrailles est remède à mes maux. Son buste de marbre tatoué avec élégance et les seins émergents avec opulence saillants avec mesure tels des citrons en selle le ventre ascendant de ses marches le nombril comme un godet et le postérieur mince et élégant et les jambes longues et brunes où se mêlent des qualités.
Ô colombe des tours, saphir dans un diadème, toi la gazelle khedidja, rends moi visite cou de gazelle, kheddoudj à la longue chevelure.
On ne rencontre ta beauté ni dans les endroits sauvages, ni dans les villes ni dans les campagnes, ni dans le passé ni dans l’avenir mes yeux n’ont vu pareille. Comme j’aurai voulu la rencontrer après ma course effrénée à perdre haleine dans l’incertitude. La délivrance me déchaîne les yeux tel un prince sur son pur sang. Des pots (de vin) pendant la séparation ne m’apaisent même pas sous les airs du rbab et de la harpe, le chant maya du dhil m’a excité tandis que les bougies en selle sur le chandelier déversent des larmes la nuit durant
Ô colombe des tours, saphir dans un diadème, toi la gazelle khedidja, rends moi visite cou de gazelle, kheddoudj à la longue chevelure.
Pourquoi celui qui en est incapable (d’en sortir indemne) défie-t-il la mer houleuse de la poésie alors qu’il était sauf de longue date. Le tissage de mes vers est clairvoyant.
Les érudits et grands d’esprit sont surpris et même ceux qui saisissent la subtilité de la trame et celui dont l’esprit est tourmenté restent interdits. Je suis armé parmi les poètes. Mon esprit et ma poésie sont un plaisir et mon hommage va à la confrérie de mes pairs, BENSLIMANE fait l’offrande dans un style vaniteux et délivre un message aux règles de la création aussi longtemps qu’exhalent les plantes en fleurs.
Ô colombe des tours, saphir dans un diadème, toi la gazelle khedidja, rends moi visite cou de gazelle, kheddoudj à la longue chevelure.
Mohamed BENSLIMANE est sans conteste l’un des plus grand poète du melhoun, sachant rendre mille grâces à la beauté réelle, ou imaginée, du sujet chanté…!
Dr Rachid MESSAOUDI.