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Tiddis : Madinete el akdass (ville des divinités) – partie 4 –

tidÉgalement appelée « La cité des divinités »,Tiddis renseigne sur l’évolution des croyances dans la cité à travers des rites funéraires lybiques puis des temples à la gloire de divinités antiques, comme les déesses romaines Vesta, Mirtha et Ceres, ainsi qu’un sanctuaire au sommet dédié au culte de Baal Hammon, une divinité carthaginoise.

Le site de Tiddis peut très facilement faire le bonheur des archéologues et anthropologues qui cherchent à reconstituer l’historique des lieux et à suggérer un mode de vie et la dynamique qui aurait régné dans les murs de l’antique Castellum, puisque les décrets régissant la majorité des activités sont gravés sur la roche.

Outre l’activité commerciale, tournant autour des produits agricoles et de la poterie, militaire, raison d’être de la ville, Tiddis était connu pour une activité cultuelle très riche surtout à l’époque d’occupation romaine qui a d’abord connu une longue période païenne  avant l’arrivée du christianisme, le tout laissant des traces palpables et facile à interpréter et à assimiler même pour un visiteur profane.

Déjà avant l’arc marquant l’entrée de la ville la grande bazinas circulaire contenant plusieurs tombes communes renseigne les spécialistes sur les rituels funéraires puniques datant de la période d’occupation numide ancienne antérieur à l’arrivée des romains.

Une fois la ville tels que connue aujourd’hui construite, de nouveaux cultes majoritairement importés par les romains s’installent dans la région, à l’entrée de la cité un premier temple dédié au dieu Mithra, une divinité dont le culte serait apparu au IIIe siècle avant JC en Perse, est clairement indiqué.

Une fois entré dans ce petit temple à moitié creusé dans le flanc de la montagne, on trouve des hublots dans l’une des cloisons donnant sur un petit bassin, c’est ici qu’était sacrifié les taureaux

Comme dans la légende de cette divinité, reconstituée grâce aux iconographies recueillies dans les différents temples érigés à sa gloire, les taureaux étaient sacrifiés pour avoir une bonne récolte de grains, du vin et d’autres animaux utiles à l’homme, alors qu’une autre interprétation de la légende revoit le sacrifice à la libération des énergies de la nature.

Probablement introduit par les légionnaires et soldats romain ayant servi aux frontières orientales de l’empire, le culte de Mithra, supplanté par le christianisme avait été déclaré illégal par l’église en 391.

Plus haut un autre temple a été dressé pour la déesse  de l’agriculture, de la fertilité et des récoltes Cérès, un culte tout à fait naturel vu la dynamique de l’activité agricole dans la région, et dont le rituel consistait en une procession nocturne de villageoises autour des champs, torches à la main et  toutes habillées de blanc.

Aussi lors de ce rituel pratiqué pour s’assurer une bonne récolte, un sacrifice animal était également au programme. Autre déesse adorée dans le Castellum, Vesta, vierge de la maison dont le culte consistait à entretenir un feu éternel à sa mémoire dans un temple.

Au sommet de la montagne, plus haut que le dernier poste de surveillance, des derniers pans de mur et des derniers dallages, à une hauteur où la nature reprend ses droits faisant même oublier aux visiteurs, qui ont le courage et le souffle pour grimper aussi haut, la magie et la spiritualité pesante des lieux un dernier rocher caché par la végétation porte les marques du culte originelle.

Au dessus de la ville garnison et des divinités romaines est gravé sur la roche, pour l’éternité, le visage de la première divinité et la plus importante du panthéon berbéro-punique,  surnommé le «Saturne africain» par les spécialistes occidentaux, la représentation du dieu Baal Hamoun reste le plus haut vestige laissé par l’homme sur cette montagne et probablement le plus ancien après les monuments funéraires au pied du mont.

Affichant une volonté claire d’effacer tout ces cultes païens de la mémoire des citoyens romains qui devaient allégeance à l’église après que le christianisme ne soit devenu la religion de l’empire le premier baptistère (bassin destiné à pratiquer les baptêmes chez les chrétiens) a été construit juste à côté du temple dédié à Mithra, une manière de réprimer ce culte interdit et d’amener les habitants au culte chrétien.

Les roches de ce Castellum particulier, porte en lui jusqu’à aujourd’hui les traces de l’évolution des croyances dans la régions pendant plus de sept siècles de l’antiquité …

Mohamed Rafik     

 

 

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