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Rôle et statut social des femmes algériennes à travers l’histoire


mPendant des siècles les historiens se sont surtout intéressés à l’histoire des hommes en ignorant sciemment une bonne moitié de l’humanité, et d’avantage celle concernant l’histoire des femmes au Maghreb et plus précisément en Algérie. Pourtant, en consultant les documents épigraphiques (inscriptions sur pierre), on se rend compte aisément de la position et de la place qu’elles occupent au sein de la cellule familiale.

En effet, elles y résident et dominent en qualité d’épouses, de mères et de maîtresses de foyer dès l’époque préromaine. Durant cette période, la femme louée, est non celle à l’aspect esthétique agréable, mais la travailleuse sur laquelle repose la prospérité de la maisonnée. La femme qui se fardait le visage et s’embellissait le corps à l’aide de dessin (coloration naturelle), était considérée comme  n’étant point chaste et comme faisant preuve d’une légèreté d’esprit, à l’image des femmes de petite vertu.  Sobriété, pureté et travail, tels étaient les valeurs de la femme maghrébine antique.

En période musulmane, la femme « algérienne » devait être protégée car considérée comme génitrice, destinée à perpétuer le groupe. Il était donc préférable qu’elle demeurât dans le harem : espace privé, clos, inaccessible au mâle étranger. Le voile dont elle s’affublait lorsqu’elle était contrainte de sortir créait autour de son visage et de son corps un « haram » (interdit) mobile qui la protégeait des convoitises.

La question du harem (sphère privée du domestique, et lieu de vie des femmes musulmanes), tant dans ses représentations fantasmées, que dans une réalité suggérée, est un point essentiel dans toute l’histoire des femmes en terre d’islam. En effet, le harem et la polygynie en générale, dissocient par essence les sociétés musulmanes des occidentales. L’imaginaire occidental et par la suite celui de toutes les sociétés contemporaines (y compris la notre aujourd’hui) s’est longtemps nourri de cet orient musulman : celui de la charmante et lascive odalisque, si loin de toute considération et préoccupation du quotidien…  Pourtant, la réalité est toute autre ; le gynécée est même intimement lié au politique et les femmes ont  souvent dû jouer des rôles importants d’ambassadrices, régentes, ou encore de soutien d’une faction contre une autre. Il se murmurait même que la politique se jouait déjà à 50 % à l’intérieur du sérail…

Le mot harem condense ainsi tous les fantasmes des Européens. Mais les étrangers n’y ont pas accès, ce qu’ils ne savent donc pas, est que le harem n’est pas un lieu d’oisiveté et de débauche, mais le royaume et la prison de femmes insoumises. Les femmes se révoltent contre le colonisateur et, en même temps, contre leur enfermement millénaire. En comprennent que les mêmes interdits qui pèsent toujours sur le corps et simple présence, pesaient, il n’y a pas encore si longtemps, aussi sur le corps, le regard et la voix des femmes européennes, et que l’émancipation passe par l’instruction.

Ainsi, Pendant la guerre de libération nationale en Algérie, des femmes, luttent aux côtés des hommes et quittent (parfois passagèrement) le harem et le voile. La guerre peut donc être considérée comme un catalyseur de l’émancipation de la femme.

De ce fait, et bien qu’elle fut confinée dans la vie familiale, le déclenchement de la guerre, en novembre 1954, fut considéré par ces femmes comme une occasion idoine pour se libérer du carcan colonial. Du coup, sur les 1010 combattants de la première heure, les 49 femmes qui, dés le premier mois, ont rejoint le FLN-ALN ont représenté 5% de l’effectif initial des combattants. Cette nouvelle donne a amené les chefs de l’insurrection à intégrer la femme dans la nouvelle équation, cette fois-ci, comme variable non négligeable. Cette adhésion des femmes, quoi que difficile au début, a été pleinement assumée.

Toutefois,  si jusqu’aux années quatre-vingt, les Algériens étaient tous soumis au code civil, voila qu’en 1984, un code de la famille a été adopté, en huis clos, à l’APN (Assemblée Populaire Nationale), dont la représentation féminine était quasiment nulle. Il est communément reconnu, y compris par certains hommes politiques, que le code de la famille est injuste dans au moins deux dispositions : la polygamie et le tutorat. La première prive la femme du droit à la jalousie et la seconde la rend mineure à vie.

Cependant, plusieurs associations féministes ont été crées en vue de lutter contre ce statut. Regroupées en coordination des femmes, ces associations ont organisé moult manifestations pour infléchir les pouvoirs publics. La décennie noire, a suspendu carrément la vie politique en Algérie. Le retour relatif au calme a permis de relancer le débat.

Aujourd’hui et bien que certains amendements soient positifs, il n’en demeure pas moins que la suppression de ce code est tout bonnement nécessaire. Car  l’Algérienne, qui a participé à toutes les périodes cruciales de son pays, doit être l’égale de l’homme en droit. Aujourd’hui rien ne justifie son statut inférieur. D’ailleurs, son émancipation ne sera que bénéfique pour l’avenir de l’Algérie. Les études comparatives, les analyses sociologiques et économiques montrent que là où la femme est infériorisée, la société ne progresse pas, ou progresse lentement, que celles qui favorisent l’égalité entre les hommes et les femmes, a écrit un universitaire algérien dans un de ses textes.

De l’odalisque pas si lascive que prétendu, à la femme courage et militante aux slogans évocateurs des années 90, en passant par la poseuse de bombe pourvue de son emblématique haiek des années 50 ; la femme algérienne poursuit son combat et confirme sa place, position et statut en s’imposant dans des temps plus modernes dans tous les secteurs de société : économique, juridique, politique et socioculturel.

Mira B.G

Photographie : Femmes algériennes de 1960, Marc Garange

 

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