Premier coureur africain à avoir participé au Tour de France en 1950, illustre cycliste algérien, Ahmed Kebaïli était aussi un militant de la cause nationale.
Ahmed Kebaïli est né le 21 février 1925, à El Affroun et élevé à Blida après la mort de son père. Il quitte les bancs de l’école à 13 ans pour devenir apprenti électricien dans une entreprise. Et lorsque son employeur ouvre un chantier à la base aérienne de Blida, sa mère lui achète un vélo au prix de 350 francs pour lui permettre de s’y rendre. Grâce à ce moyen de transport, le jeune Ahmed peut rendre visite à ses parents les jours de repos. En sillonnant les route sur son deux roues, il croise régulièrement des cyclistes de haut niveau, assez nombreux dans la région. De là née chez-lui une grande passion. Il n’a pas bouclé sa quinzième année lorsqu’il débute dans ce sport, au milieu d’une trentaine de coureurs séniors.
En 1941, Ahmed Kebaïli dispute sa première course, le « Premier pas Dunlop », une compétition ouverte aux débutants et qui se tient à Alger. Il se classe 2ème des éliminatoires, puis gagne la demie finale avec une arrivée à l’ex boulevard Carnot (Zighoud Youcef aujourd’hui).
Licencié au Vélo Club Musulman d’Alger (VSM), Kebaïli devient le premier algérien à gagner cette compétition, mettant fin à la domination des cyclistes européens.
L’année suivante, à l’âge de 16 ans, il participe à la finale organisée en France, à Montluçon. Il est accompagné d’un ancien coureur, Zidane, devenu dirigeant du VSM. Un incident durant la course l’empêche d’avoir un bon classement. Il termine 7ème de l’épreuve. Mais grâce à l’aide du VSM, il achète un vrai vélo de course.
A cette époque, la Mitidja est très sensible. Les colons y sont puissants, mais les militants nationalistes, notamment présents au sein du VSM, sont très engagés. Durant les courses, les algériens doivent s’imposer face aux européens. Ces derniers sont loin d’admettre que les « indigènes » puissent les affronter, encore moins les battre.
Le VSM est le seul club musulman. Il compte environ 500 coureurs licenciés, ce qui en fait le plus grand club d’Afrique de l’époque.
Conscient dès son jeune âge du lourd poids du colonialisme, Ahmed Kebaïli est très imprégné de nationalisme. Notamment par le biais du VSM où de nombreux militants sont actifs. Lui-même participe à la distribution des tracts, applaudis le déclenchement du 1er novembre 1954 et s’implique dans la révolution armée. Il manque de perdre la vie à plusieurs reprises, en compagnie d’autres militants.
Un jour, alors qu’il est au volant d’une voiture avec, comme passagers, des responsables du FLN – le colonel Ouamrane (chef de la wilaya 4), Ahmed Bouchaib et Souidani Boudjemâa- un militaire l’arrête à un barrage. Questionné sur la conduite à tenir, le colonel Ouamrane lui demande de suivre les consignes avec l’idée de tirer sur les militaires. Mais un officier reconnait le cycliste et lui demande comment il va et où il se rend. Kebaïli lui répond qu’il se rend à la mer avec ses amis. La réponse sauve le groupe d’un accrochage.
A cause de ses activités de militant, Ahmed Kebaïli est arrêté en 1956 et condamné à 5 ans de prison par le tribunal militaire. Il sera incarcéré à Serkadji, puis au camp de Berrouaghia.
En coureur indépendant, Kebaïli gagne presque toutes les courses de sa catégorie en Algérie. Entre 1941 et 1955, il se forge un solide palmarès dans des courses nationales et internationales, notamment dans les Tours de France, de Suisse, d’Algérie, du Maroc.
Au lendemain de l’Indépendance de l’Algérie, il est, aux côtés de Hassan Tahir, l’un des plus grands artisans de la domination du cyclisme national au plan maghrébin, africain et international.
En remplacement de la flèche Algérienne, le Tour d’Algérie est relancé du 7 au 22 mars 1970. Kebaïli, dont la carrière de coureur est terminée, en est le directeur général.
La compétition compte 17 étapes, dont 4 demi-étapes, 2100 kilomètres et 13 pays participants, dont l’Angleterre, la Belgique, la France, la Suisse et l’Italie. En tout 98 coureurs de niveau international et mondial au départ d’un parcours étudié. Le succès est immense, tant sur le plan de l’organisation que de la participation quantitative et qualitative.
En 2011, lors du grand retour du Tour d’Algérie, il est le président d’honneur de l’événement. Et en juillet 2013, il est l’invité du centenaire du tour de France, auquel il avait participé à cinq reprises (1950, 1651, 1952, 1953 et 1954).
Ahmed Kebaïli décédera le dimanche 8 septembre à Blida, à l’âge de 88 ans suite à une longue maladie.
Synthèse K.T.
Sources :
- « Ahmed Kebaïli n’est plus », par Benyoucef Ouadia, publié le 11 septembre 2013, in https://www.csportdz.com
- https://www.algerieautrefois.com
- https://www.lexpressiondz.com
1 Comment
Bonjour, Ce n’est pas le premier Africain, il y a eu le Tunisien Ali Neffati avant la 1re guerre mondiale.