Nefissa Hammoud, médecin des pauvres

 A 20 ans, elle fait déjà partie des premières étudiantes algériennes en médecine et une année plus tard elle défile à Alger lors des manifestations de mai 1945 qui la marquera profondément et signera son engagement. En 1947, elle fonde l’Association des étudiants musulmans d’Afrique du Nord puis l’Association des femmes musulmanes la même année, dont elle devient la secrétaire générale. Parallèlement à son adhésion au PPA, Parti du peuple algérien de Messali Hadj issu de l’interdiction de l’Etoile Nord-africaine.

   D’une grande famille de la bourgeoisie religieuse, fille du mufti d’Alger Hamoud Hamdane, lui-même cousin du célèbre fabricant de sodas Hamoud Boualem, l’un des premiers industriels qui a financé le FLN, elle organise le premier 8 mars à Alger, en honneur de la femme algérienne alors qu’elle exerce déjà comme médecin dans les années 50 à son cabinet de la rue de la Lyre pour rejoindre les maquis de Amirouche en Kabylie où elle soigne les démunis et combattants. C’est tout naturellement que lorsque retentit l’appel de 54 elle rejoint le FLN en sa qualité de docteur et en profite pour organiser la prise en charge médicale des bases militaires de l’ALN. Voulant en faire plus, elle demande à être chef du service médical du FLN, ce qui lui sera refusé en tant que femme, le poste revenant à Mustapha Laliam, autre médecin ayant rejoint l’ALN. Nafissa et Mustapha se marieront au maquis alors que Nafissa devient commandante et c’est alors qu’ils se dirigent vers Tunis que les deux époux tombent dans une embuscade en 1957.

Faits prisonniers à Alger, Mustapha est torturé alors que Nafissa est transférée en France pour être échangée contre un prisonnier français en Algérie. Libérée, elle est exfiltrée en Suisse où elle s’acharne à faire libérer son mari, qui sort de prison en 1961 pour aller rejoindre son épouse qui a entretemps repris ses études pour s’orienter vers la spécialité gynécologie-obstétrique qu’elle considère comme essentielle, ayant vu dans les maquis et les campagnes le fort taux de mortalité maternelle et néonatale. C’est tout naturellement qu’elle entame à l’indépendance une carrière médicale en tant qu’une des membres fondatrice de la médecine algérienne, puis politique à travers l’organisation des femmes, pour finir ministre de la santé en 1991.

Elle meurt en 2002 à 78 ans et depuis l’hôpital Parnet d’Alger lui a donné son nom.

Chawki Amari

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