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Merdheddaf (tuberculose), une ancienne maladie propagée par les colons français

Maladie très ancienne, la tuberculose est l’une des maladies infectieuses les plus meurtrières de l’histoire  l’humanité.

Des traces de morbidité liées à ce mal, ont été retrouvées sur des momies égyptiennes et précolombiennes, et  nous  affirment ainsi l’ancienneté de la phtisie (ancien nom de la tuberculose, mot issu du grec et signifiant dépérissement). Décrite par des scientifiques des l’antiquité, l’origine de la contagion est restée assez floue des siècles durant ; et ce n’est qu’en 1882 que le bacille de Koch¤ est identifié par  un médecin allemand du même nom.  Désormais, il était établi que les germes responsables de la maladie se transmettaient d’un humain à l’autre par la respiration, et le contact prolongé.

Origine et évolution de la maladie en Algérie

Merdheddaf (tuberculose) existe en Algérie depuis l’ère antique. Localisée sur quelques ports, elle était importée par les marins, et autres voyageurs. Elle demeure cependant relativement rare, et ne connaîtra une réelle croissance que sous l’ère coloniale française. Car il faut savoir qu’en Europe et au cours du XXe siècle, la tuberculose fait des ravages, en y tuant un dixième de la population.

Frappés par la rareté de cette maladie sur le sol algérien, les médecins ont utilisé différents moyens pour comparer l’incidence de la tuberculose chez les européens et dans la population autochtone.  L’un d’entre eux : J-J Feuillet va essayer d’étudier l’influence du climat algérien sur la maladie, car certains de ses confrères expliquent que la chaleur empêcherait l’émergence de la maladie, en arrêtant son développement. De cette étude, la conclusion du taux de mortalité confirmera cette opinion, car la phtisie correspond à 6 % des décès (sur l’ensemble des maladies) dans les populations européennes d’Algérie, contre 25 à 30% en Europe.

Dès lors, Alger est érigée en station de cure climatique et de convalescence pour les malades. Pour les plus aisés, des sortes de « cottages » seront construits sur les collines de Mustapha « supérieur »,  et pour les moins nantis, des pensions au niveau du chemin Telemly, et de l’avenue Debussy  verront le jour. Karl Marx séjournera dans l’un de ces hôtels, en mai 1882, sous la consigne de médecins londoniens et en vue de soigner une pleurésie purulente.

Par ailleurs, une étude sur l’imprégnation tuberculeuse chez les algériens fut entreprit par l’Institut Pasteur, et les conclusions confirment que l’infection est moins répandue chez les algériens que chez la plupart des populations d’Europe, qu’elle atteint son maximum de fréquence sur le littoral, et son minimum au Sahara. Aussi, la maladie augmente avec la proximité du voisinage des Européens, et confirme donc l’impression des premiers médecins de la colonisation.

Traitements et prévention insuffisants, face à la propagation de la maladie

Aussi peu fréquente soit-elle avant l’arrivée des français, la maladie existait bel et bien, et c’est le médecin algérien Mohamed Ben Chaoua qui le confirme en attestant d’une présence significative de la maladie à Constantine. Il en dira d’ailleurs : « la maladie étant incurable et très contagieuse, on séquestre les familles qui l’ont ». Il ajoute à propos du traitement de la maladie : « Vous autres médecins (évoquant les médecins français), vous tourmentez les malades par des saignées, des emplâtres, des vésicatoires, et vous les laissez mourir de faim… Les Arabes empiriques, font tout le contraire… »¤ ce qui confirme et atteste de la présence de ce mal, mais aussi que des moyens mis en œuvre pour l’endiguer, tels que l’isolation des personnes porteuses du germe.

Malheureusement, les conditions de vie rendue très précaires pour les  populations autochtones durant l’occupation française, les restrictions imposées par les conflits mondiaux, et le peu d’intérêt porté par l’administration coloniale à cette maladie vont faire accélérer sa propagation, d’autant que la  plus grande partie des moyens médicaux mis en place étaient affectés au besoin des colons.

Il faudra attendre « la campagne internationale contre la tuberculose » lancée par l’OMS, pour que la vaccination BCG s’applique à la majorité des enfants algériens (49-62).

¤ Robert Koch, médecin allemand du XIX e siècle, connu pour sa découverte de la bactérie responsable de la tuberculose, et l’un des fondateurs de la bactériologie.

¤ Tiré du livre l’Algérie médicale, Armand Adolphe, Ed Masson Paris 1854

M.G.B

Bibliographie :

Mostéfa Khiati, « Histoire des épidémie, des famines, et des catastrophes naturelles », Ed Forem, Algérie, 2011

Dousson Simon, « Contribution à l’étude de la tuberculose pulmonaire du musulman Nord-africain », Thèse, Alger, 1953

Fournier marc Lucien, « Tuberculose et lutte antituberculeuse en Algérie », Thèse, Alger 1920

Image : Affiche européenne rappelant que la tuberculose profite de conditions sanitaires difficiles pour se répandre.

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