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La soie, un long fil de plus de 4 000 ans d’histoire

metier-a-tisserLa légende raconte que lorsque Xi Lin Shih, l’épouse de l’empereur Jaune, dégustait son thé sous un mûrier, un cocon plongea dans sa tasse et se transforma, grâce à la chaleur de ce liquide, en un fil blanc solide. En le déroulant sur son doigt, elle se rendit compte de sa solidité et comprit qu’il peut être tissé. Elle enseigna aux gens comment  élever les vers à soie et les chinois réussirent à domestiquer le Bombyx mori, à partir d’un ver sauvage. Plus tard, on inventa le métier à tisser… Et la production de soie atteignit son apogée, lors de la dynastie des Shang, entre 1600 et 1046 avant notre ère.

Durant plus de trente siècles, les chinois conservèrent le secret de la soie derrière la grande muraille, menaçant quiconque pouvant dévoiler le secret de mort ! D’ailleurs, le géographe grec Strabon, du premier siècle avant Jésus Christ, pensait que la soie poussait sur un arbre et Pline l’ancien, au premier siècle après Jésus Christ, pensait que la soie venait du pays des Sères, célèbre pour la laine de ses forêts.

empereurSelon une légende, on raconte qu’en 560, l’Empereur Justinien(1) aurait envoyé deux moines nestoriens pour dévoiler le soyeux secret. Ils réussirent à dissimuler les cocons de vers à soie dans des cannes de bambou et cet espionnage industriel permit de répandre la sériciculture dans le bassin méditerranéen.

La route de la soie : 
la-route-de-la-soieTrois mille ans plus tard, à travers les routes des longues caravanes, que le secret fut appris à Byzance et a commencé à pénétrer l’occident, où les premières utilisations de la soie furent appliquées dans la production des vêtements de luxe, en Corée, au Japon, en Inde, puis en Europe, bien avant son introduction via les conquêtes arabes au Moyen Orient, en Afrique du Nord et en Espagne. Signe de richesse, les gens communs étaient interdits de porter la soie. A partir de cet instant et au vue des nombreuses guerres internes dont souffrait la Chine, son monopole sur la production de la soie et la soierie s’effritait.

Ce n’est qu’au XIIe siècle av. J-C que la soie fut mentionnée dans d’anciens textes rédigés en chinois. A cette époque, la soie était produite en de telles quantités qu’elle devenait moins chère que le chanvre et on l’utilisait, hormis le textile, dans bien des domaines : les cordes d’archer, fils de pêche et même dans l’étanchéité de récipients destinés à transporter l’eau.

La route de la soie est née le premier siècle avant notre ère, à travers les exportations de la Chine au monde, par la voie terrestre ou maritime, mais également à travers les différents événements qui ont marqué l’Histoire. La soie fut acheminée au Moyen Orient à travers la conquête de la Perse par les arabes, en 638, ainsi que les croisades, les invasions de la Perse par Tamerlan et la croissance de l’Empire Mangole, sans oublier le voyage de Marco Polo, en Chine, au XIIIe siècle. Cette route, longue de plus de 8 000 kilomètres, est composée de plusieurs réseaux, partant de XiAnau, au centre de la Chine, traversant le désert, les montagnes, plaines et marécages vers Samarcande, l’Irak, puis Istambul où les bateaux en étaient chargés, pour mettre le cap sur Chypre, Alexandrie, Venise, Gênes, Rome, Marseille et tant d’autres villes méditerranéennes. Le voyager durait entre six et sept ans, pour les plus courageux qui effectuaient le voyage en entier. Cette route périlleuse qu’empruntaient les marchands de soie, fut baptisée « route de la soie » par le Baron allemand Ferdinand Von Rischtofen en l’appelant «Seidenstrassen» (Route de la soie). Une route qui assurait les échanges commerciaux entre l’Orient et l’Occident dès l’époque des Empires Romain et Han.

Si la route n’était pas sans grands dangers, c’est uniquement parce que les caravaniers empruntaient les grandes routes et les axes que les grandes religions privilégiaient et où les marchands ou les transporteurs pouvaient passer sans crainte de se faire piller.

Quant à la route maritime (qui se divisait en deux itinéraires ; le premier partait de Guangzhou vers le Vietnam, la Birmanie, la Thaïlande, la Malaisie, les philippines, l’Indonésie, l’Inde et le Golfe Persique ; et le second vers la Corée et le Japon) était parsemée de bandes de pirates. Quant aux routes maritimes, elles étaient dominées par les arabes à partir du IIe au IXe siècle de notre ère, à l’exception du VIIe où les Tang avaient repris le dessus pour les récupérer (les routes) au Xe. Les Tang accueillaient également des commerçants arabes, Perses et turcs de différentes confessions, par les voies maritimes.

Des tous les géographes voyageurs qui avaient retracé la route de la soie, figurent : Marco Polo, commerçant et fonctionnaire de l’empereur Kubilay Khan de 1275 à 1292, puis le grand voyageur arabe : Ibn Batouta.

Retour de la Chine sur le marché mondial : 

Dès la fin du XIXe siècle, le Japon commençait à exporter de considérables quantités de soie grège en Europe et aux Etats Unis, pendant que la Chine essuyait une période des plus difficiles de son histoire et le déclin de la sériciculture occidentale n’a fait que renforcer la domination japonaise. Yokohama était devenue le plus grand dépôt de soie au monde, en 1923. 

Lors de la révolution communiste, la Chine avait doublé ses efforts pour rattraper le retard qu’elle avait accusé et en 2003, ses efforts avaient donné leur fruit, puisque sa production de soie grège avait dépassé les 70% de la production mondiale. Bien que le chiffre soit fort, la production de la soie ne représente qu’un petit 0,18% de l’ensemble des fibres textiles fabriquées dans le monde, ce qui maintient son prix cher et sa rareté. Ainsi on revient à la case départ qui est la Chine qui, premier producteur de soie dans l’Histoire de l’humanité, devient le premier pays producteur et exportateur de soie.

Amateurs et amoureux de soieries, rappelez vous que si la soie est une fibre de protéine très résistante, seulement, elle a tendance à disparaître à force d’être exposée au soleil. N’en faites pas des tentures !

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1 – Justinien Iᵉʳ ou Justinien le Grand, né vers 482 à Tauresium, près de Justiniana Prima en Illyrie et mort le 15 novembre 565, est un empereur romain d’Orient ou empereur byzantinayant régné de 527 jusqu’à sa mort.

Mounira Amine-Seka.

Sources

  • Extrait du récit de Marco Polo « Le livre des merveilles du monde ».
  • Chinevoyages.com
  • Larevuedesressources.org
  • nonololoaly.fr

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