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Histoire d'Algérie La colonisation française (1830 à 1962) Patrimoine Période ottomane (1515 à 1830)

La Djenina, Dar Soltane el kedima

Palais de la Djénina à Alger

Le palais de la Djenina tel que les français le trouvèrent à leur arrivée, aurait été en premier lieu la résidence du roi berbère Selim Eltoumi, que le turc Aroudj, l’un des frères Barberousse, ordonna de mettre à mort dans ce même lieu, en le faisant étouffer dans son bain avant de s’autoproclamer roi d’Alger en 1516. On avance aussi que Salah Rais, pacha d’Alger aux exploits célèbres, avait fait commencer la construction d’un nouveau palais sur cet emplacement, entre 1552 et 1556.

« L’entrée principale qui se trouvait près de Bab El Oued menait à une grande cour où s’assemblait le diwan », et qui servait de salle de festin pendant les fêtes du Bairam. Dans cette cour on payait leur solde aux janissaires; le dey y recevait les consuls et les envoyés extraordinaires des puissances. C’était là aussi que l’on jugeait les crimes politiques et que l’on exécutait les coupables. A coté de l’entrée était la petite mosquée dite des Chaouchs, parce que fréquentée par les gens de service du palais. Le dey Mustapha qui y avait cherché refuge y fut massacré en 1806

Proche de cette entrée également, se trouvait un petit jardin (jénina), « dont le nom fut d’abord donné seulement au palais du Dey, puis plus tard, à l’ensemble des bâtiments s’étendant de la rue du Diwan à la rue Jénina. » On appelait également ce palais Dar es Soltan ou Dar Soltan el Kedima « la vieille maison des sultans ».

Dey Ali Khodja et ses victimes

En novembre 1817, le dey Ali Khodja voulut éviter le sort de son prédécesseur, le dey Ahmed, assassiné en 1808 par les janissaires, dont il s’était lui-même attiré l’hostilité. Pris, dit-on d’une crise de folie, il abandonna le palais de nuit en emportant son trésor, pour s’installer avec son harem et sa garde personnelle derrière les remparts de la forteresse de la Casbah, tout en haut de la ville (la Citadelle). Il n’en mourut pas moins l’année suivante, mais de la peste. Son unique successeur, Hussein, suivit son exemple et ne sortit guère de la Citadelle.

La Djénina centre névralgique de la Régence, était situé dans la partie basse de la ville, non loin de la mer, à proximité du port et de son amirauté. Ce vaste ensemble d’édifices était dominé par une haute bâtisse de trois étages qui constituait le palais, avec des annexes attenantes, plus basses.

Intérieur du palais

Plusieurs gravures, notamment celles de Ravoisié et d’Otth, ont restitué son apparence extérieure vers 1830-1840. La sévère façade principale ne comportait comme ouvertures que des fenêtres rectangulaires, sauf au niveau inférieur donnant sur la place, où étaient percés plusieurs haut passage voûtés, en particulier ceux nommés par les français rue du Divan et rue de l’Etat-Major. Devant la porte du palais se tenait en faction la garde des janissaires. Un attaché de chancellerie présent à Alger en 1830, racontait à ce propos : « Ils fument continuellement des pipes sur la placette ouverte en face du palais qu’orne une fontaine de marbre. Sur cette placette ont lieu souvent des exécutions capitales. » Il rapportait également que le Dey faisait servir quotidiennement un repas de grain de blé aux pigeon de la place !

Dans la cour du palais de la Djenina

A la prise d’Alger, « l’administration militaire logea dans la Djenina la manutention et le magasin de campement. Des commerces s’y installèrent, le ‘magasin de Paris’, le ‘grand café’, un bazar (…) On plaça dès le début une horloge en haut de la façade, ce qui impressionna la population, car une prédiction annonçait que lorsque la cloche des infidèles sonnerait sur la Djenina, cela signifierait que les Roumis seraient à jamais maitre d’Alger. »

Un terrible incendie survint en 1844 et détruisit la majorité du bâtiment principal : « Le palais, remarquable par ses marbres, ses faïences, ses boiseries, ses plafonds sculptés, n’offrit plus que l’aspect d’une ruine. » Il fut démoli en 1856, malgrè une éloquente protestation de Berbrugger, éminent conservateur de la bibliothèque nationale d’Alger, et sans qu’aucun relevé ne soit effectué, des immeubles le remplacèrent. « L’action du feu ayant arrêté l’horloge de la tour, l’heure fut donnée à midi, par un coup de canon. Cette horloge fut placée plus tard sur le minaret de la mosquée de la Pêcherie. Avec l’Archevêché, ne subsiste aujourd’hui de cette Djenina que l’Hôtel du secrétaire général du Gouvernement, rue Bruce (Dar Ahmed) ».

La place devant le palais fut nivelée et agrandie, aux prix d’importantes destructions, pour être transformée en place d’armes. Elle représenta, en dehors des exercices militaires, un centre d’échange très animé où marchands, voyageurs et caravaniers se retrouvaient dans un joyeux Tohu-bohu. Après d’énormes pour la dégager et la remblayer son assise sur la mer, elle devint « La place du Gouvernement », pratiquement dans la configuration que celle-ci revêtait cent ans plus tard, avec la blanche mosquée hanéfite Djamaa Djedid en première ligne sur la mer.

Source : Villas et palais d’Alger du XVIII -ème siècle à nos jour – Marion Vidal-Bué – Editions place des victoires

Image à la Une : Lithographie Jardins du Dey de Théodore Frère

Image intérieur 1 : Palais de la Djénina à Alger , ancienne résidence des deys – Félix Jacques Antoine Moulin – Source : gallica.bnf.fr 

Image intérieur 2 : lithographie le Dey Ali Khodja et ses victimes

Image intérieur 3 : Intérieur du palais de Djenina – Aquarelle Pascal Coste – 1847

Image intérieur 4 : Joseph Sintes – Dans la cour du palais de la Djenina

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2 commentaires

Bentranti 28 juin 2021 at 16 h 58 min

la tribu des Thaâliba est une tribu arabe, Sidi Abderrahmane At-Thaâlibi …D’ou est SALIM TOUMI..Et cette tribu qui a chassé la tribu des Beni Melikeche (Ath Melikech) de la Metidja..

Réponse
Bentranti 28 juin 2021 at 17 h 21 min

Salim Toumi n’est pas un berbere, c’est un arabe de la trbu des Taâliba (Sidi Abderrahmane At-Thaâlibi), et c’est la tribu qui a chassé les Ath Melikech de la Metidja…

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