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Les difficultés pour les algériens, d’écrire leur Histoire

D000233«Les témoins de la guerre de libération pratiquent l’autocensure»!

Les étudiants algériens en histoire trouvent des difficultés à accéder aux archives pour leurs travaux de recherche en Algérie.

Tous les témoins de la guerre de libération pratiquent l’autocensure. Ils ne disent pas tout. Il y a un brouillage qui est lié à la conjoncture politique. Un auteur qui écrit en 1975 peut dire une chose. Le même auteur écrira autre chose si on lui demande de le faire en 2014. Ceux qui écrivent leurs mémoires, et ils sont nombreux, parlent de tout le monde, sauf d’eux. Il y a une sorte de pudeur vis-à-vis des événements.

Tous ceux à qui je me suis adressé m’ont répondu qu’ils n’ont rien fait, alors qu’ils étaient des acteurs. Finalement, on s’est rendu compte que ceux qui ont fait le moins, sont ceux qui ont écrit le plus !» a constaté l’historien Fouad Soufi, samedi, lors de la rencontre internationale sur le 1er Novembre, organisée à la salle des conférences du pavillon central du Palais des expositions des Pins maritimes au 19e Salon international du livre d’Alger (SILA) qui se tient jusqu’au 8 novembre.  «Il n’y  a qu’un seul livre sur Le 1er Novembre écrit en Algérie et paru en 1984.

Alors ou l’on est une société normale, ou on est une société schizophrène, puisqu’on dit que le 1er Novembre est ‘‘le jour’’ du déclenchement de la guerre de libération et en même temps on ne sait pas quoi en dire ! Peut-être que dans cinquante ans on ne se souviendra plus de cette date. Tous ceux qui ont écrit sur cette période se sont intéressés à avant le 1er Novembre 1954, et après. Ils ont écrit sur les origines de cette date, évoqué vaguement les auteurs… Les événements de la nuit même du 31 octobre au 1er Novembre sont racontés d’une manière légère. Il n’y a que le livre de Mohamed Harbi qui détaille sur ce qui s’est passé cette nuit-là», a relevé  Fouad Soufi.

Il a évoqué «le rouleau compresseur» de ce qui s’est écrit sur la guerre de Libération nationale de l’autre côté de la Méditerranée. Selon lui, en 52 ans, à peine 400 ouvrages ont été écrits en Algérie sur la guerre de Libération nationale. «Rien à voir donc avec les 3000 ou 4000 livres écrits de l’autre côté de la Méditerranée sur «la guerre d’Algérie». Ce qui est dangereux, c’est que cette «mémoire» est en train de brouiller notre propre mémoire. On nous dit que tel général a dit ou écrit ceci. Le cas le plus cynique fut celui de la déclaration de Marcel Bigeard qui a qualifié de grand homme Larbi Ben M’hidi.

On avait dit à l’époque que puisque Bigeard l’a déclaré, c’est que c’est  vrai ! Heureusement que des femmes avaient réagi en répondant à ces déclarations», a appuyé Fouad Soufi, regrettant l’inexistence d’une revue algérienne sur l’Histoire en papier ou sur Internet. Il a également évoqué la non publication des thèses universitaires relatives à l’Histoire. Intervenant lors du débat, l’historien Mohamed El Korso a plaidé en faveur des étudiants en Histoire qu’il faut appuyer et mettre en valeur. «Nos étudiants travaillent sur des sujets de première main, mais n’accèdent pas aux archives.

C’est dramatique. Il faut qu’on permette aux étudiants de consulter les archives d’une manière normale, telle que la loi le permet. S’il existe un document qui n’est pas communicable, je ne le demande pas. Cela dit, il existe des dérogations pour les documents non communicables. Ce n’est que de cette manière que l’on peut avancer», nous a déclaré Mohamed El Korso à la fin de la conférence. «Ferhat Abbas n’est ‘‘entré’’ à l’université algérienne que depuis dix ans. L’université a réalisé des travaux sur Ferhat Abbas, sur Messali El Hadj. Ces travaux ne sont pas publiés…», a noté Mohamed El Korso.

L’historien  Hassan Remaoun a, pour sa part, relevé que la plupart des livres sur la guerre de Libération nationale ont été écrits à la fin des années 1980, début 1990, après la relative «libération de la parole» et la fin du régime du parti unique. «Notre société est orale. Il y a un rapport compliqué à l’écrit et à la langue. Mais ces derniers temps, nous avons constaté qu’il y a de plus en plus d’écrits en arabe et en français sur l’Histoire. Il n’y a qu’à voir certains stands, ici au salon du livre.

Certains écrivent n’importe quoi, mais c’est toujours bien. Personne n’est complexé d’écrire. Beaucoup de contributions sont publiées par la presse aussi. C’est peut-être modeste par rapport aux autres pays, mais c’est un pas en avant», a souligné Hassan Remaoun, auteur notamment de L’Algérie : histoire, société et culture,  paru en 2000. Selon Fouad Soufi, les guéguerres mémorielles en Algérie font mal  à l’écriture de l’histoire. «Certains n’écrivent pas pour, mais contre. Pas contre les français, mais contre la Wilaya historique d’à côté ! Donc, au lieu d’alimenter la mémoire nationale, on va dans des guéguerres… On est allé jusqu’à remettre en cause la place du 1er Novembre dans l’histoire du mouvement national», a-t-il dit. 

 

Fayçal Métaoui (El Watan)

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1 commentaire

Dorsey 1 février 2018 at 17 h 16 min

Des auteurs algériens on tenté d ‘écrire des ouvrages sur l’histoire contemporaine algérienne avec beaucoup d’objectivité et citent des témoignages de personnes ayant participé aux  » événements » d’Algérie, à l’image de l’auteur DRIS Youcef mais ses écrits, comme: Les Massacres d’Octobre 1961, La Guerre d’Algérie 1954/1962 où il évoque les camps de concentration, Le combat des Justes (ouvrage hommage aux étrangers ayant participé à la guerre d’Algérie dans les rangs du FLN) Ferhat Abbas et Messali El Hadj n’ont pas été ou très peu médiatisés, car publiés par des maisons d’édition qui ne font pas grand chose pour la promotion de ces ouvrages, qui gagnent à être mieux présentés au public Algérien et aux étudiants en histoire contemporaine!

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