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Contribution – Le Puits du diable «Bîr-djennab»

Un aven légendaire du temps des romains, trait exceptionnel de la géographie physique de la région, un lieu plein de mystères qui prête encore à des légendes. Les gens de la région vous diront: «Qui ne connaît pas le puits du diable n’a point visité Boukader».Le sujet d’aujourd’hui porte sur le plus grand puits en Algérie, il y certains qui avanceront, sans preuve, que c’est le plus grand du monde et il y a ceux qui disent qu’il n’a pas de fin. Qu’importe, ce mystère ne rend que plus belle l’histoire de ce patrimoine naturel, dédaigné par nos autorités. Nous espérons que nos amis de l’association des spéléologues seront plus réactifs.Le décors est planté, équipons nous et suivons le guide, notre ami Abdelaziz de Boukader:

Pour atteindre ce puits, il faut trois bonnes heures de marche à pied, seul moyen de locomotion pour arriver à cette région montagneuse connue par « wled abdallah  » située à six Kilomètres au Sud-ouest de la commune de Boukader. C’est dans ces montagnes qui surplombent le hameau de Ouled Abdellah, que se cache « Le puits du diable » , communément appelé «Bîr-djennab», une ouverture dans la terre, large d’environ 50 m de diamètre et d’une profondeur insondable. L’endroit entouré de grottes jaunâtres, semble en apparence un ancien cratère de volcan ; ce lieu qui passait pour hanté parles démons et l’on racontait sur lui les histoires les plus extraordinaires, certains le considèrent comme une des portes de l’enfer. A l’appui de cette opinion, les tribus voisines affirmaient que les esprits y avaient précipitaient plusieurs femmes adultes. D’autres avaient les corps métamorphosés en grosse pierres dressés aux abords de ce trou. L’ignorance et la naïveté feront du gouffre en question une terreur considérable. Nos ancêtres évitaient de passer à proximité et quand ils ne pouvaient pas s’en dispenser, ils pressaient le pas en invoquant Sidi Acem.

Autrefois sur l’emplacement actuel du puits se trouvait une tribu comptant une trentaine de Khaïma (tentes) dont les occupants se consacraient à l’élevage et adoraient un saint marabout, Sidi Acem. « Un jour ce saint perdit sa vache, il se chagrinait longtemps à penser qu’un de ses disciples a osé voler sa vache ; il fit savoir qu’il pardonnerait le coupable, à condition qu’il la rende cette nuit.La nuit passa… mais rien ne vint… Alors le marabout pria sur ses habitants la colère de Dieu et frappa le sol du pied par trois fois, aussitôt la terre trembla et se fendit, engloutissant la tribu entière.» Ainsi disait la légende.Dans le même sillage un dicton populaire que les chenus utilisent encore pour faire allusion à un gamin menteur ou quelqu’un de malice disait : «Oh ! Toi qui a mangé la vache de Sidi Assem » . Mais il ne faut pas que les lecteurs considèrent comme fiction l’existence de cet abîme.

A Boukadir, il existe de pareils phénomènes naturels qui suscitent l’étonnement des visiteurs, des cavernes, grottes et rivières souterraines qui rappellent les constatations qu’on peut faire dans toutes les montagnes calcaires de la région tels «El Ghar El hami» , « Caverne de Ben Hari » , « R’ar Boubaara » , « R’ar El ayaida »…etc. Le toponyme « Bîr-djennab » est en réalité une dénomination altérée par l’usage populaire de« Bîr El-Djin » Bîr : puits ; El Djin : le djinn ou le diable dont la traduction correspond en Français au :[puits du diable ], [ puits du Chitaîn ] par ailleurs cette dénomination ne pourrait être que bien antérieure à la conquête française, car certains documents notent « qu’une fraction de la tribu de Beni Sbéah y vivaient encore au début du XIXe siècle, mentionnée par le nom de «Ashab Bîr Djennab » ces indigènes campent au flanc de ce puits qu’on disait de construction romaine, et qui est entouré de ruines qui indiquent que là était probablement une station romaine. » Bien connu par les chasseurs de Boukader qui l’appellent aussi « ghar el hmam » « Trou des pigeons » en raison des milliers de bisets qui y ont élu refuge et qui, tous les matins, surgissent en vol nombreux.

Vers les années 1890, deux chasseurs français qui s’ étaient aventurés en descendant dans ce trou avec des cordes pour prendre des pigeons y périrent ; comme on netrouva personne d’assez courageux pour aller chercher les cadavres, on promit la remise entière de leur peine à des condamnés militaires qui travaillaient tout près de là, à une exploitation du phosphates, s’ils voulaient essayer de remonter les malheureux. Deux« travaux » y consentirent, ils se firent descendre avec de longues et solides cordes et ils trouvèrent en effet au fond de l’antre les corps des deux chasseurs.

En 1957, Le puits restera le témoin muet d’une exécution par l’armée française, de huit valeureux martyrs dont : Ibrahim Kaidjounia, Djaafer Abed, Attou Tahar, Aïssa Serandi et son fils Abderrahmane et d’autres qui seront assassinés et jetés avec une sèche indifférence.

Aziz Saber.

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