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Conte – Essegouma (l’écuelle)

«Kama toudine toudene» nous enseigne-t-on. Nos enfants nous imitent pour apprendre la vie. Ne vous étonnez pas de les voir un jour reproduire vos mauvaise action.

Dans une maison vivaient, le grand-père, la mère, le père et un petit garçon. Le père travaillait aux champs, la mère vaquait aux nombreuses tâches ménagères. Le grand-père restait sans bouger des journées entières. Il était bien vieux et l’âge avait raidi ses membres, réduit sa vue, désordonné ses gestes et relâché ses muscles au point d’être incontinent. Il parlait peu mais aimait la compagnie de son petit-fils qui lui vouait un amour sans borne.

Grand-père et petit-fils passaient le plus clair de leur temps ensemble. Quand les parents rentraient, une agitation perturbait leur quiétude. A table, le petit vieux mangeait lentement et salissait autour de lui tant ses mains tremblaient. Il lui arrivait souvent de briser de la vaisselle en la laissant tomber malgré l’aide du petit-fils.

La mère était impitoyable avec le vieil homme et le lui montrait sans ménagement. Elle commença par le priver de vaisselle et lui servit à manger dans une méchante écuelle grossièrement taillée dans du bois. Puis elle décida de le servir à part dans un coin comme on le ferait pour un chien. Un jour, elle dit à son homme :

« Va et construit dans le jardin, une cabane ! »

« Pourquoi faire ? demanda le paysan»

« C’est pour y loger ton père car je ne puis souffrir sa présence dans la maison. »

L’homme protesta et l’enfant pleura mais rien n’y fit contre la dureté du cœur de la maman. Dans un coin du jardin, on planta une petite cabane en bois.Le vieil homme quitta la maison qu’il avait bâtie lui-même, pierre par pierre et alla terminer ses jours dans une sordide baraque dressée par les soins de son propre enfant. Le vieux accepta son sort avec la placidité du poids des ans. L’enfant vécu auprès du grand-père avec tout l’amour que lui dictait son jeune cœur.

Un jour, la mère chercha partout le garçon et le trouva occupé passionnément à un ouvrage. Il creusait dans un bout de bois une écuelle pour la poser à côté de celle qui avait servi au grand-père.

« Ah ! Te voilà ! Je t’ai cherché partout ! »

« J’étais là ! »

« Que fais-tu avec cet objet-là ? »

« Une écuelle pour toi ! »

« Une écuelle pour moi ! »

« Oui et l’autre pour mon père. J’ai mis de l’ordre dans la cabane pour vous y installer quand vous serez bien vieux comme grand-père. »

L’enfant avait bien appris la leçon et la reproduisait parfaitement. La mère eut une douleur qui lui transperça le coeur. Le père lui, reconnut sa faiblesse et accepta d’expier :

« C’est bien ce que nous avons fait à mon père ! Notre fils est là pour nous le rappeler. »

« Que peut-on faire pour réparer nos tords ? »

« Prier pour que notre fils et sa femme soient plus cléments que nous n’avons pu l’être avec mon père. »

Source : Contes du terroir Algérien – Editions Dalimen

Illustration :  frères Grimm/Le vieux grand-père et le petit-fils

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