Il est l’un des précurseurs du scoutisme musulman algérien. Mohamed Bouras a été exécuté en 1941 à Hussein Dey.
Né en 1908 à Miliana dans une famille modeste, Mohamed Bouras fait ses études primaire à l’école « indigène » Maubourguet, devenue aujourd’hui Larbi Tebessi. Exclut après l’examen du Certificat d’étude, il organise une manifestation avec ses camarades contre les mesures prises par le directeur de l’établissement.
En parallèle à l’école « indigène », Bouras fréquente la Médersa El Falah. Il poursuivra ses études au collège français de Miliana.
En 1926, il s’installe à Alger, à l’âge de 18 ans. Il travaille à Maison-Carrée (El Harrach), puis occupe le poste de secrétaire dactylographe au sein des services de l’Amirauté d’Alger.
Il adhère au cercle El Taraki, puis celui du Progrès et devient proche de l’Association des oulémas, et de son leader, le cheikh Albelhamid Ben Badis. Il participe à de nombreuses manifestations contre l’interdiction de prêcher dans les mosquées, décidée en 1933.
Excellent sportif, il est l’un des meilleurs joueurs du Mouloudia d’Alger et devient l’un des meilleurs tireurs à la carabine dans la société « La Milanaise ». En parallèle, il suit des cours du soir en langue arabe, à la Chabiba, et suit des études en capacité de droit à l’Université d’Alger.
Il fonde en 1935 l’association El Falah, le premier groupe des Scouts musulmans algériens (SMA) dont il dépose les statuts le 16 avril 1936 à la préfecture d’Alger. Il obtiendra l’autorisation le 5 juin de la même année, sous le numéro 2458.
D’autres associations de scouts sont crées peut de temps après dans différentes ville d’Algérie et Bouras espère réussir à les fédérer.
Après avoir milité quelques temps à Alger, au sein de l’Etoile Nord Africaine (ENA), il rejoint le Congrès musulmans dont il devient le responsable des « Jeunesses ».
En 1939, il organise le camp fédéral d’El Harrach qui consacre la naissance de la Fédération des Scouts musulmans algérien (FSMA).
En septembre 1940, il s’embarque pour la France et se rend à Vichy. Il y rencontre le Secrétaire Général du Scoutisme français, une nouvelle organisation créée par le maréchal Pétain avec toutes les associations scoutes. Bouras sollicite l’adhésion de la FSMA au même titre que ces associations.
N’obtenant qu’une réponse vague, il contacte les Allemands qui l’orientent vers la commission d’armistice à Alger, à qui il demande des armes pour préparer les jeunes à la lutte armée contre l’occupation coloniale.
A son retour à Alger, Bouras perd son emploi, son administration lui reproche de s’être absenté sans autorisation légale. Il trouvera un emploi similaire dans un nouvel organisme, la Direction des Services d’Armistice française (DDSA).
Au mois de mars 1941, le commissaire scout Noël en mission en Algérie pour rencontrer les autorités administratives, les représentants du scoutisme et les groupes SMA, prend contact avec Bouras. Après des entretiens au Cercle du Progrès, le commissaire scout demande la cessation d’activité des SMA parce que ses chefs « étaient au moins suspects d’un nationalisme intempérant ». Dans son rapport, précise : « Les autorités envisagent même la cessation d’activité de les groupes SMA non affiliés au Scoutisme français ».
Le 16 mars 1941, Mohamed Bouras démissionne de la FSMA, conscient de s’être engagé dans une affaire grave et d’être étroitement surveillé. Il préfère éviter des ennuis à ses collaborateurs immédiats.
Le 8 mai 1941, piégé par les services du contre espionnage français, Bouras est arrêté, avec cinq autres personnes, sous le motif d’espionnage au profit de l’Allemagne. Il sera inlassablement interrogé et affreusement torturé pendant une semaine, sans résultat. Il ne dénoncera pas ses compagnons.
Le 14 mai, il est traduit devant le tribunal militaire d’Alger, constitué en Cour martiale ; il est inculpé de trahison et condamné à mort.
Le 27 mai, Mohamed Bouras est exécuté à l’aube au polygone d’Hussein Dey.
Le premier rassemblement des groupes scouts d’Algérie eut lieu en 1944 à Tlemcen qui abritera quatre ans plus tard, en 1948, le premier congrès des SMA.
Mohamed Bouras était un nationaliste et un visionnaire. Une très grande partie, pour ne pas dire la majorité, des jeunes scouts algériens rejoindront les maquis après le déclenchement du 1er novembre 1954. Grace à cette structure, ils avaient reçus une excellente formation qui leur a permis de devenir d’excellents maquisards.
Synthèse Zineb Merzouk
Sources :
- Mohamed Derouiche : « Scoutisme, école du patriotisme », Casbah Editions, 2009