Né en Algérie, Jules Roy a été marqué par la répression du 8 mai 1945 dans le Constantinois. Il est militaire lors de la Seconde Guerre mondiale où il est sûr de son combat, et lors de la guerre d’Indochine, époque où il quitte l’armée parce que, affirme-t-il «Quand j’ai vu comment on massacrait les Vietnamiens qui luttaient pour leur indépendance, qu’on rasait tout, qu’on employait le napalm et les bombes incendiaires contre ces pauvres gens, simplement pour faire croire que nous étions les sentinelles du monde libre, ça a été au-dessus de mes possibilités. J’ai quitté l’armée… »
La guerre d’Algérie est le dernier conflit colonial qui tourmente son âme, après que Camus qu’il affectionne particulièrement lui ouvre les yeux. « Il m’a appris que les Arabes étaient des êtres humains, comme moi ». Fréquentant de près Jean Amrouche, il finit par ouvrir encore plus les yeux. Il retourne en Algérie pour un reportage et pour tenter de comprendre ce qu’il s’y passe réellement. Il en revient avec des informations terribles sur les massacres et la torture devenue courante et même systématique. Roy écrit « La guerre d’Algérie » qu’il publie chez Julliard en 1960. C’est la première fois que « les événements » ou les « opérations de pacification » son clairement nommés « guerre d’Algérie ». Pour Roy « Ce n’était peut-être pas des choses à dire, mais moi je dis tout (…) Ce que je cherche, alors ? Le moyen de ne pas avoir honte de moi ». Son essai fait scandale. Dans un entretien accordé à Regards en septembre 1998, il avoue : « Je pensais que l’Algérie était une terre française et je suis revenu avec l’idée que c’était le contraire, avec l’idée que les Arabes sont mes frères, qu’on leur a volé leur terre, que l’expédition coloniale a été une chose effroyable, qu’il nous a fallu cinquante ans pour conquérir l’Algérie et la mettre à feu et à sang, avec l’idée qu’ils ont droit à la justice. C’est épouvantable ! Ça, ça s’apprend, ça se ressent, ça ne se discute pas ! »
C’est ainsi que Jules Roy ose dénoncer les atrocités de la guerre d’Algérie et s’engage clairement pour l’indépendance, tant dans son essai que dans ses articles.
Dix ans après l’indépendance, en 1972, il publie un autre livre défendant l’Algérie, « J’accuse le général Massu » (Seuil), un pamphlet en réponse à ce même Massu qui venait de publier « La Vraie Bataille d’Alger » (Editions du Rocher) où il tente de justifier la torture telle que pratiquée en 1956-1957, dans l’Algérois, sous son commandement. Roy y fait un réquisitoire contre la violence et la torture et contre tous ceux qui ont dépossédés les algériens de leurs terres, de leur pays et les ont plongés dans la misère et réduit à des sous être humains.
Z.M.
Sources :
- https://www.terresdecrivains.com
- Entretien, par Aïcha Belhalfaoui paru 1er septembre 1998 dans Regards
- https://www.limag.refer.org