- massacres collectifs n’épargnant ni femmes, ni enfants, ni vieillards ;
- spoliation des terres privant des populations entières de ressources ;
- spoliation des biens religieux (habous) destinés à l’éducation et aux bonnes œuvres ;
- déportations de milliers d’Algériens vers la Nouvelle-Calédonie, Cayenne, … ;
- destructions et pillages du patrimoine algérien…
- pillage du trésor de la Régence. Ce butin suffit à financer la campagne française, et bien au-delà.
- Usurpation de mosquées pour les transformer en églises et cathédrales.
Des massacres et des atrocités innommables, attestées par les récits, furent perpétrés contre la population ; comme les paris sur le sexe des enfants des femmes enceintes que prenaient certains soldats de l’armée d’Afrique qui utilisaient leur baïonnette pour éventrer les femmes et désigner le gagnant !
La France ayant décidé une colonisation de peuplement, voulait effacer le passé de l’Algérie pour y reconstruire une « nouvelle France » et supprimer tout ce qui pouvait rappeler aux Algériens leur identité. Après les massacres des populations, particulièrement en Kabylie, les enfants rescapés, nés musulmans, dont on a fait des orphelins, étaient confiés aux « pères blancs » (des missionnaires) qui les convertissaient au Christianisme.
La population algérienne sera spoliée de ses terres au profit des colons. Voici ce qu’Alexis de Tocqueville en disait dans – Notes sur l’Algérie – 1841.
« Philippeville, 30 mai 1841.
Un marin qui était là et qui possède des terres reprenait avec vivacité qu’on avait tort de traiter les colons de cette manière ; que sans colonie il n’y avait rien de stable ni de profitable en Afrique ; qu’il n’y avait pas de colonie sans terres et qu’en conséquence ce qu’il y avait de mieux à faire était de déposséder les tribus les plus proches pour mettre les Européens à leur place.
Et moi, écoutant tristement toutes ces choses, je me demandais quel pouvait être l’avenir d’un pays livré à de pareils hommes et où aboutirait enfin cette cascade de violences et d’injustices, sinon à la révolte des indigènes et à la ruine des Européens. »
Alger, Constantine, Médéa, Miliana, Tlemcen, … berceaux de la civilisation turco-maure, ont été dévastées : des palais, des mosquées rasées, portes et fenêtres en bois ouvragé et autres motifs de décorations, ont servi de combustible.
Les archives de la ville d’Alger, de Constantine, etc… ont été détruites ou emmenées en France, tout comme d’autres butins suite aux pillages de l’armée française d’abord, et des particuliers ensuite. Comportement qui n’a guère changé malgré les décennies, puisqu’en juin 1962, la bibliothèque de l’Université d’Alger sera ravagée par un incendie criminel perpétré par l’OAS, de nombreux manuscrits rares, rescapés de la conquête, seront détruits.
En plus du patrimoine algérien saccagé, rien n’échappa à cette folie, jusqu’à des cimetières musulmans qui ont été rasés pour étendre la colonisation des terres.
Les profanations des cimetières musulmans donnèrent lieu à un odieux trafic destiné à utiliser les ossements humains pour faire du noir animal destiné à la fabrication du sucre. « Le fait rapporté à Abdelkader […] amena l’émir à proscrire le sucre blanc au nom de la religion en 1838 ». (Charles-André Julien, Histoire de l’Algérie contemporaine. La conquête et les débuts de la colonisation (1827-1871), Paris, P.U.F, 2 édition, 1979, p. 55)
A Alger, 30 % de la Casbah seront détruits (il s’en est fallu de peu pour que ce soit la totalité) pour construire des quartiers à « l’européenne ». Les champs, les vergers et les canalisations d’eau de la ville furent par ailleurs détruits, rendant méconnaissable la millénaire ville d’Alger la Blanche.
Le trésor de la Régence, estimé à près de 50 millions de francs-or, soit l’équivalent de quatre milliards d’euros actuels, fut pillé. Ce butin suffit largement à financer la campagne française, et à enrichir bon nombre de personnes. (voir les prétextes de l’invasion)
Des sites archéologiques, préservés depuis des siècles, furent tout simplement rasés. Par exemple, la ville de Skikda (l’antique Rusicade), dont les importants vestiges romains, peut-être les plus importants d’Algérie, ont été rasés. De cette ville qu’on surnommait la ville de marbre, à cause des nombreuses construction en cette matière, seul un théâtre a été plus ou moins préservé. Mais Skikda n’a pas été la seule ville dont les vestiges romains ont été détruits, car malheureusement d’autres villes ont subi, à des degrés divers, le même sort : Constantine, …
Kamel Boussaboua