Air de France, un quartier qui date des années 1920

Ce quartier abrite aujourd’hui une grande université. A voir ses nombreux commerces et habitations, on a du mal à croire que son histoire est bien récente.

Situé dans le massif du Sahel, sur le versant sud du Djebel Bou-Zaria « la montagne aux graines », à environ 310 mètres d’altitude et à 8 kilomètres d’Alger, l’histoire d’Air de France débute aux alentours des années 1920.

Avant cette période, ce territoire, délimité au sud par la route d’El-Biar, à Chéraga, était articulé autour de la route de la Tourelle, reliant la route de Châteauneuf à Bouzaréah à la route conduisant à Beni-Messous. Situé donc aux confins de la commune de Dély-Ibrahim, dont le village était quand même distant d’un peu plus de cinq kilomètres, cet espace n’était occupé que par quelques habitations éparses et de petites exploitations propriétés agricoles, le plus souvent viticoles.

Vers le milieu des années 1920, dans ces limites imprécises, les coteaux plantés de vigne laissèrent progressivement place à des lotissements, et lorsqu’un certain Gilbert Bachelier décida de transformer une partie de sa propriété en lotissement, il lui donna le nom d’Air de France car ces paysages qui lui rappelaient son Auvergne natale avaient un «air de France».

La mosaïque des autres propriétés contiguës, également loties dans le même temps, (les lotissements Lafumée, Pascal, Baranès, Pignodel), constituèrent avec le lotissement Bachelier, un ensemble que tout le monde prit l’habitude d’appeler Air de France, sans connaître l’origine de ce toponyme, souvent persuadé que cette dénomination n’était due qu’à la douceur du climat et à la pureté de l’air que l’on pouvait respirer dans cette région de collines de moyenne altitude.

Trop petit pour être une ville, dépourvu des édifices publics (mairie, bureau de poste, cimetière, église, mosquée et même, pendant longtemps, école) qui en auraient fait un village, Air de France, par l’augmentation importante des surfaces bâties de maisons individuelles (les «villas») et par l’accroissement rapide de sa population ne pouvait cependant pas être qualifié de hameau. Les résidents de ce lieu-dit (doit on les appeler «Aérofranciens» ?) se considérèrent donc comme habitants d’un quartier de la banlieue d’Alger, écartelé entre d’une part, Bouzaréah, situé à moins de deux kilomètres où ils pouvaient, grâce à la ligne de trolleybus des C.F.R.A., aisément se rendre au bureau de poste ou aux lieux de culte et, d’autre part, le plus lointain village de Dély-Ibrahim dont ils dépendaient administrativement mais avec lequel il n’y avait pas de liaison pratique par les transports en commun.

Au début des années 1950, alors que les limites de la ville d’Alger se révélaient un peu étriquées, de nouveaux lotissements, plus modernes, plus cossus aussi, s’implantèrent sur les espaces laissés encore libres au sud de l’Air de France originel : le Parc de Miremont, les petits immeubles du Printania et du Mansouria, le lotissement Chevalley, et, le long de la route d’El-Biar à Chéragas, le lotissement de Clairval et les impressionnants ensembles constitués par les groupes d’immeubles de la Cité Fougeroux, de la Cité de la Police et ceux de l’ARMAF près de la Cité Militaire de Châteauneuf.

Le premier bâtiment public d’Air de France fut la construction, en dur, d’une école mixte d’application destinée à accueillir en stage les élèves-maîtres de la toute proche Ecole Normale d’Instituteurs de Bouzaréah. Cette école primaire ouvrit en 1948 avec quatre classes, auxquelles vinrent rapidement s’ajouter une cinquième puis une sixième classe avant que soit édifiée, dans l’urgence, vers la fin des années 1950, une nouvelle école primaire en préfabriqué. Un Collège d’Enseignement Général installé au lotissement Baranès ouvert en 1960, donna aux élèves d’Air de France la possibilité de poursuivre leur scolarité secondaire dans leur quartier sans avoir à se déplacer aux CEG de Châteauneuf ou d’El-Biar, ou aux lycées de Ben-Aknoun ou même d’Alger.

A la fin de la Seconde guerre, un chenil de la Gendarmerie fut installé à l’intersection de la route de la Tourelle avec la D45 conduisant à l’hôpital de Beni-Messous, et quelques années plus tard, les grandes étendues encore libres situées entre ce chenil et les nouveaux lotissements furent l’objet de travaux impressionnants pour la construction des bâtiments destinés à regrouper, dans un site moderne, l’Ecole Militaire Annexe des Transmissions (EMAT/AFN), précédemment implantée à Ben-Aknoun et Aumale.

Dans le quartier de «la Côte d’Or», se trouvaient des locaux de la D.S.T. où, le 22 octobre 1956, furent détenus, pendant quelques jours avant leur transfert vers la métropole, les dirigeants historiques du F.L.N (Ahmed Ben Bella, Hocine Aït Ahmed, Mohamed Khider, Mohamed Boudiaf et Mustapha Lacheraf) après que le DC3 de la compagne Air-Atlas qui les transportait de Rabat à Tunis ait été intercepté et détourné sur Alger par l’aviation française.

A cette époque, les voies du quartier jusqu’alors essentiellement en terre battue furent bitumées et méritant alors le nom de rues, elles furent logiquement baptisées de noms de province de France (rues du Bourbonnais, du Berry, du Valois, du Vercors, du Languedoc etc…).

Lors de la réorganisation administrative de 1959, agglomérant la ville d’Alger et sa proche banlieue en un ensemble unique, alors que Bouzaréah était rattaché au 6e arrondissement, Air de France fut rattaché ainsi à Dély-Ibrahim au 7e arrondissement du « Grand Alger » d’El-Biar, mais bénéficia des services d’une mairie-annexe installée, dans des locaux en préfabriqué, entre l’école d’application et le CEG Baranès. A la même époque furent entrepris, près de la laiterie Soladif, les travaux d’édification de l’église d’Air de France dont la construction restait inachevée en 1962.

Z.M

Source :

  • encyclopedie-afn.org

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