La Casbah du Djebel Abed était l’une des plus imposantes forteresses du littoral Constantinois. Elle a été construite pour faire face aux attaques des pirates aragonais qui menaçaient toute la région. Située au centre de la ville, elle la domine à 105 mètres d’altitude.
A l’époque des Hafsides, à la fin du XIIIe siècle, la puissance maritimes des aragonais avait pris des proportions inquiétantes. Et lorsqu’ils se mirent à envahir les côtes maghrébine, à avoir recours à la piraterie, au pillage et à l’assassinat pour trancher par la force les litiges qui les opposaient aux négociants. Face à cette situation de plus en plus dramatique, toute l’énergie du royaume de Béjaïa fut axée vers la lutte contre leurs débarquements. Un seul objectif pour les Béjaouis, nous raconte H’sen Derdour, « Renforcer le littoral par la construction de nouvelles forteresses. Aussi, Abou Zakaria Ibn Arabi Ishac, plus connu sous le nom d’El Mountakhib Li Lhaï-Din-Illeh, souverain de cette partie orientale de l’Algérie, ayant compris que Bouna ne pourrait résister aux agressions venant de la mer sans le soutien d’une force extra-muros, devait-il réagir par l’édification de l’une des plus imposantes forteresses du littoral Constantinois : La Kasba du Djebel Abed ».
Aussitôt, les travaux seront entrepris par le gouverneur de la ville Abou Mohammed Es-Salah Ben El Masrour El Jazairi, sous la direction de l’architecte Omar Ben Mohammed vers 1299.
H’sen Derdour explique qu’elle a été construite en bonne maçonnerie et qu’elle couvre de nos jours une surface de près de trois hectares. Initialement, elle était entourée de deux hautes murailles parallèles, l’une servant de mur de soutènement à une vaste plateforme, l’autre laissant supposer par sa structure un système complet de défense.
A l’intérieur de la citadelle, en même temps que les tours, une importante mosquée, Jamaâ El Kasba, a été bâti pour permettre aux jounoud de faire leur prière sans avoir à se rendre en ville.
Parmi les vestiges hafsides, en plus d’une façade donnant sur le côté nord, face à Ras El Hamra, on retrouve les soubassements constitués avec des briques et des pierres de dimensions et de provenances diverses.
Cette Kasba formait une vraie petite ville avec ses magasins d’approvisionnement, ses écuries, les dortoirs et réfectoires pour les cavaliers. L’idée de l’existence de plus d’un atelier pour forger les armes ou façonner les accessoires, tels que les étriers, les mors ou les muserolles, n’est pas à rejeter tant le rôle de cette cavalerie était primordial.
Et pour consolider la défense de cette citadelle, on envisagea la construction d’une immense muraille de plus de 350 mètres de long qui interdirait à l’ennemi, en cas d’attaque provenant de la mer, toute progression entre la Kasba et la ville. Aussi, elle garantirait du côté terrestre la libre circulation des habitants durant les combats. Mais les travaux entamés en 1300 furent rapidement interrompus pour une raison qu’on ignore. H’sen Derdour précise qu’il fallut attendre près de vingt ans, et ce n’est qu’avec l’avènement du sultan de Bouna, El Fadl Ben Abi Yahya Bou-Bakr que l’architecte Omar Ben Mohammed entreprit la finition des travaux.
Cette citadelle résistera à l’attaque de Charles Quinte en 1535 et l’armée française aura moult difficultés à s’en emparer en 1832. Classée comme patrimoine national en 1978, elle garde encore ses petits chemins escarpés et quelques traces d’un somptueux palais, malgré sa détérioration.
Synthèse K.T.
Source :
- H’sen Derdour, « Annaba, 25 siècles de vie quotidienne et de luttes. Tome 1. » 2ème Edition, Imprimerie A. Guerfi, Batna.