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Cela s’est passé un 10 mars 1994, assassinat d’Abdelkader Alloula.

alloulaAbdelkader Alloula, un monument de la culture algérienne,fut assassiné le 10 mars 1994, par deux terroristes, alors qu’il se rendait au Palais de la culture d’Oran pour une conférence qu’il devait donner.

C’était un jeudi soir d’un mois de mars sanglant, à la fin du ramadan. Les balles meurtrières du terrorisme visaient et atteignaient les meilleurs enfants de l’Algérie, ses têtes pensantes, ses éveilleurs de conscience.

Abdelkader Alloula, le dramaturge au talent inépuisable avait rendez-vous avec son public pour une conférence sur le théâtre. Sorti de chez lui vers 20h30, il se rendait au Palais de la culture d’Oran, un peu avant l’heure de la rencontre. Une rencontre qui n’aura pas lieu… Non loin de chez lui, dans la rue de Mostaganem, deux terroristes l’attendaient, probablement depuis des heures. Deux balles tirées dans la nuque. C’était il y a 26 ans…

Alloula, malgré toute la haine de l’obscurantisme, fait partie de ces hommes immortels. Il a légué à la postérité bien plus que des pièces de théâtre, une façon de faire du théâtre. Avec engagement et humilité.

Un jour, feu M’Hamed Djellid(1) lui demandait pour qui il écrivait(2). Alloula, répondit ainsi : « Pour notre peuple, avec une perspective fondamentale : son émancipation pleine et entière. Je veux lui apporter, avec mes modestes moyens et à ma manière, des outils, des questions, des prétextes, des idées avec lesquels, tout en se divertissant, il trouve matière et moyens de se ressourcer, de se revitaliser pour se libérer et aller de l’avant. En fait, j’écris et je travaille pour ceux qui travaillent et qui créent manuellement et intellectuellement dans ce pays ; pour ceux qui, souvent de façon anonyme, construisent, édifient, inventent dans la perspective d’une société libre, démocratique et socialiste. Mes héros sont des gens de tous les jours, des gens du commun, ceux qui, en fait, font et défont la vie de tous les jours. »

Dramaturge, acteur, metteur en scène, Alloula c’est surtout plus de trente années vouées au théâtre populaire. Avec une quête et une réflexion à travers l’utilisation du patrimoine culturel populaire, dont le but était de créer un nouveau genre théâtral plus percutant pour le spectateur. Un théâtre qui attirerait « les petites gens », qui parlerait leur langage et les représentait pour mieux les éveiller.

C’est dans ce sens qu’Alloula privilégiait la halqa (la ronde des spectateurs autour du conteur, notamment sur les places de marché dans la pure tradition maghrébine). Et il en usait avec la belle langue arabe populaire de nos aïeux, aux mots profonds, aux résonnances poétiques et aux sens incisifs. Le meilleur exemple : la trilogie des Généreux avec El Agoual (Les Dires, 1980), El Adjouad (Les Généreux, 1985) et El Litham (Le Voile, 1989).

Après des années d’agonie, le théâtre algérien revient, sur certaines planches timidement. Des troupes reprennent les pièces d’Alloula, d’autres poursuivent sa réflexion. D’une façon ou d’une autre, il sera toujours vivant à travers des idées et des mots…

Zineb Merzouk

Sources :

  1. M’Hamed DJELLID éminent Professeur de Sociologie et Critique de Théâtre (1943-1990)
  2. Entretien paru dans l’hebdomadaire Algérie Actualité, en octobre 1985
  3. Photo : transmise par Djalil Kezzal

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2 commentaires

Moumouh Marek 10 mars 2014 at 18 h 40 min

Pourquoi vous n’avez pas parlé de l’interdiction de la conférence de Mouloud Mammeri à l’université de Tizi Ouzou le 10 Mars 1980. Je vois que vous n’évoquez jamais les figures kabyles.

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BABZMAN 10 mars 2014 at 18 h 43 min

Nous ne pouvons pas aborder tous les sujets, en une journée, mais nous rectifierons le tir.. Il ne faut pas y voir une position régionaliste! Nous sommes des amoureux de l’Algérie dans sa globalité.
Nous prenons notre de votre commentaire et traiterons le sujet dans les plus brefs délais 🙂
Merci de votre participation

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