La conquête de l’Algérie entreprise en 1830 par Charles X, et poursuivie par son successeur Louis Philippe, donne très rapidement le contrôle d’Alger à la France. Il en sera autrement pour le reste du pays qui résista longuement à l’invasion coloniale, et la ville de Constantine, principale centre urbain de l’est algérien a constitué un enjeu non négligeable.
En novembre 1836, le maréchal Clauzel, fort du soutien du gouvernement, avait lancé une nouvelle expédition contre le beylicat de Constantine. L’armée était composée de 7000 hommes ainsi que du duc de Nemours fils cadet du roi; mais la première tentative de l’intrusion de l’armée coloniale se solda par un échec cuisant aux portes de la ville.
Le maréchal Clauzel sera remplacé par Damrémont, qui programme une nouvelle expédition contre Constantine, et dont fera encore partie le duc de Nemours (toujours en quête de lauriers pour impressionner son père, le roi). L’armée coloniale prend la ville d’assaut le 13 octobre 1837, et c’est au terme d’un intense bombardement que la France s’empare de la cité, non sans difficulté et sans résistance jusqu’au-boutiste constantinoise.
C’est Ainsi qu’en 1838, Louis Philippe passe commande à Horace Vernet un peintre orientaliste français, pour plusieurs toiles avec pour sujet les victoires de l’armée coloniale en Algérie. L’artiste s’exécute avec précision, car l’Algérie, il la connait, ayant effectué plusieurs voyage pour observer les champs de bataille. En outre, il se servira de croquis fait sur place par des artistes ayant suivi le corps expéditionnaire.
L’on constate la précision et la minutie avec laquelle le peintre exploite les détails pour donner à son oeuvre toute la dimension bruyante et pleine de fureur inhérente à la représentation d’une scène de bataille. Par ailleurs, le peintre s’applique à représenter les principaux officiers ( Damrémont, Nemmours), que les contemporains identifient sans grande peine.
La représentation du second siège victorieux de Constantine, permet de rehausser le prestige d’une armée défaite les années précédentes et de légitimer une occupation qui baigne dans la controverse. Les toiles sont reçues au salon Parisiens dans lequel elles seront exposées, par la folle curiosité des Français envers les « arabes », qui connait une réelle recrudescence du fait de la mode orientaliste du XIX e. En outre, On accourt de partout pour reconnaître les protagonistes qu’on ne se lasse pas de flatter, par nostalgie des grandes gloires Napoléoniennes.
D’autres jugeront sévèrement l’artiste, et à travers lui l’esprit colonial tel que Charles Baudelaire, un anti-colonialiste avéré qui en dira dans sa critique des salons de 1845 : « M. Horace Vernet est un militaire qui fait de la peinture. Je hais cet art improvisé au roulement du tambour, ces toiles badigeonnées au galop, cette peinture fabriquée à coups de pistolet, comme je hais l’armée, la force armée, et tout ce qui traîne des armes bruyantes dans un lieu pacifique. Cette immense popularité, qui ne durera d’ailleurs pas plus longtemps que la guerre, et qui diminuera à mesure que les peuples se feront d’autres joies, cette popularité, dis-je, cette voxpopuli, vox Dei, est pour moi une oppression. »
Mira B.G
Sources :
- Image : Huile sur toile 512×1039 cm, 1838 par Horace Vernet, exposée au musée de l’histoire de France
- François Pouillon, La peinture monumentale en Algérie : un art pédagogique
- La promenade du critique influent – Anthologie de la critique d’art en France, 1850-1900″
- Jean Meyer, J. Tarrade et Annie Rey-Goldzeiguer, Histoire de la France coloniale, tome I « La conquête »
3 commentaires
Magnifique tableau d’époque…cela change des combats maritimes de la belle époque, celle des Caravelles et autres bateaux de guerres Espagnole ou Anglais..
On en veux encore !!! de mon cote vous etes maintenant dans mes preferences, et vous dit a bientot.
La chose me passionne et devra doreanavant faire figure de reference !