Surnommé le « sultan du rebab », Mustapha Belkhodja était un virtuose de la musique andalouse, sa grande passion.
Mustapha Belkhodja est né le 4 août 1917, à Tlemcen, au sein d’une famille de mélomanes. Son grand-père paternel, Hadj Mohamed Seghir, décédé en 1907, était, dit-on, un fin archet. Très jeune, Mustapha apprend à jouer de la mandoline. Il s’initie également à la kouitra et au violon alto.
Mais grâce au maître Omar Bekhchi, il découvre le rebab, cet instrument traditionnel (monocorde) difficile, qui deviendra son instrument fétiche et qu’il maitrisera à la perfection.
Passionné par la musique andalouse, Belkhodja crée en 1932, en compagnie de son ami Mohamed Bouali, une association musicale appelée Union et progrès, au sein de laquelle enseignera cheikh Abdelhamid Bendimered.
En 1934, Mustapha Belkhodja va fonder, avec Mohamed Bouali, Anouar Soulimane, Hocine Damerdji et Mohamed Hadj Slimane la Société littéraire, artistique et musicale (Slam), dont cheikh Omar Bekhchi et cheikh Kazi Aouel Ghaouti figureront parmi les premiers professeurs.
En 1940, il passe avec succès les épreuves du baccalauréat et s’inscrit à la faculté de médecine de Montpellier. Au bout de deux années, il rentre en Algérie et se retrouve étudiant à la faculté de pharmacie d’Alger. C’est durant cette période qu’il rencontre les grands maîtres de la sanaâ d’Alger, tels que cheikh Mahieddine Lakehal, les Frères Fekhardji, Abderrahmane Belhocine, Dahmane Benachour, Youcef Khodja… Plusieurs morceaux de la sanaâ sont ainsi insérés, grâce à eux, dans le répertoire tlemcénien et vice-versa.
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, Mustapha Belkhodja rentre à Tlemcen et renoue avec ses anciens camarades. En 1946, la Slam donne un concert de musique andalouse qui sera sous la direction de Mustapha Belkhodja, retransmis en direct par Radio-Alger à partir de Dar El-Assakri de Tlemcen. C’est à cette occasion que le maestro jouera au violon alto le motif musical du haoufi culte «Tlemçan ya-l-alya» qui sera adopté comme indicatif (jingle) de Radio-Tlemcen. A partir de cette date, Mustapha Belkhodja est pratiquement présent à tous les concerts radiophoniques donnés par cheïkh Larbi Bensari de 1948 à 1962. Il lui arrivait aussi d’accompagner au violon alto le cheïkh lors des fêtes familiales.
Entre temps, en 1953, instituteur l’école Gaston Jilia (Ibn Tofayl actuellement) de Sidi-Bel-Abbès. Il deviendra plus tard directeur de l’école Louis Lumière (actuellement cheïkh Bachir Ibrahimi), dans la même ville. En parallèle, il participera à la guerre de Libération et sera emprisonné par deux fois. La maison qu’il occupe avec sa famille et son frère feu Hadj Mohamed Belkhodja, un des premiers médecins de Sidi-Bel-Abbès, sera plastiquée à deux reprises par l’OAS en 1962.
Après l’indépendance, en 1964, il crée l’association Gharnata en compagnie de son ami cheikh Mohamed Bouali. Et dès 1966, avec la reprise des activités de la Slam, il consacre tous ses efforts à la musique, avec une participation exceptionnelle au 1er Festival national de la musique andalouse, couronnée par une médaille d’or (décernée à la Slam). Il joue à cette occasion en solo, avec son rebab, une grande partie de la «touchiat kamal hsine», un véritable morceau d’anthologie. Il est alors surnommé «le sultan du rebab». Mustapha Belkhodja devient ainsi l’un des plus grands maîtres du rebab, avec Omar Bekhchi (1884-1958) et Larbi Bensari (1872-1964)
Quelques semaines plus tard, il se produira en Tunisie où il reçoit un accueil chaleureux. Mustapha Belkhodja tire sa révérence à l’âge de 51 ans, le 20 juillet 1968, à Alger, après une soirée vécue avec ses amis, à la piscine El-Kettani. Il a laissé quatre fils, dont trois sont des musiciens accomplis.
Le 3 mai 2001, l’Académie arabe de musique distinguera honorablement Mustapha Belkhodja, à l’occasion de la 16ème édition de son congrès qui s’est tenu à Alger
Synthèse K.T.
Sources :
- Mustapha Belkhodja, «Le sultan» au rebab, par A. M. In Le Soir d’Algérie du 31/12/2009
- https://allal52.skyrock.com
- https://www.vitaminedz.com