Disparue en 1994, la statue de «La Baigneuse» du jardin d’Essai avait une valeur inestimable.
Le 2 mars 2002, les services de la sûreté de la daïra de Hussein Dey ont mis la main sur un réseau impliqué dans le vol d’un objet d’une valeur inestimable. Il s’agit de la statue La Baigneuse. Outre l’ex-directeur du jardin d’Essai impliqué dans l’affaire, neuf autres complices, entre voleurs et receleurs, seront présentés devant le procureur de la République près le tribunal d’Alger.
Il a fallu deux années au chef de sûreté de la daïra de Hussein Dey, M.Messaoud Zayen, qui a été chargé en 2000 d’enquêter sur la curieuse disparition de la statue, pour tomber enfin sur ses traces. Une mission presque impossible du fait que depuis son vol en 1994, aucune plainte n’a été déposée par la direction du jardin d’Essai.
Lors d’une conférence de presse, les responsables de la cellule de communication de la sûreté de la wilaya d’Alger, MM.Boudalia Djilali et Messaoud Zayen, ont expliqué que «les raisons pour lesquelles la statue a été déplacée sont dues à la situation qui avait marqué le pays». Il s’agit des islamistes du FIS qui avaient, en 1991, exercé des pressions sur l’ex-directeur du jardin d’Essais d’El-Hamma pour enlever ce nu de femme. A l’époque, beaucoup d’objets d’art similaire avaient été interdits par les islamistes.
MM.Zayen et Boudalia sont revenus avec force détails sur les conditions de l’étrange disparition en indiquant que «deux années durant, la statue a été curieusement abandonnée dans l’étable du jardin, jusqu’en 1994 où le directeur de l’époque a rencontré un entrepreneur qui était en chantier sur place.» L’entrepreneur en question a été séduit par la beauté de La Baigneuse, d’où l’idée de la dérober. Seuls les admirateurs du génie de son sculpteur, Georges Biguet peuvent estimer la valeur de cette sculpture qui date du siècle dernier.
En outre, l’époque était propice pour se spécialiser dans le vol des oeuvres d’art. Tout le pays était concentré sur la lutte anti- terroriste. La statue est ainsi subtilisée du jardin grâce à la complicité du directeur. Deux employés et une troisième personne, qui a été payée 10.000 DA, se sont occupés de son transport vers Draria. Pendant un an, La Baigneuse a connu un périple dans la plus grande discrétion.. Passant par Birkhadem, El Achour, puis le Bd Mohamed V pour être vendue à 300.000 DA à un antiquaire d’Hydra.
Les deux officiers ont précisé que durant les huit années de périple aucune plainte n’a été déposée. C’est d’ailleurs, «suite à des instructions de la DGSN qu’en 2000 a été mise en place une brigade spéciale pour enquêter sur les objets d’art», que l’enquête s’est déclenchée. Immédiatement un réseau d’informateurs a été éparpillé sur la capitale à la recherche de la moindre piste menant vers la statue antique.
M.Boudalia a indiqué que «l’enquête des agents de recherche dirigés par M.Zayen, a commencé depuis le jardin d’Essai pour remonter les pistes». C’est à partir de là que les services de police ont pu, grâce au réseau d’informateurs, détecter la dernière escale de La Baigneuse. Il s’agissait d’une femme qui avait acheté la statue à 450.000 DA pour orner sa maison. Un mandat de perquisition fut ordonné et quelques heures plus tard, La Baigneuse fut enfin «libérée», pour être jalousement cachée chez le chef de sûreté de daïra, M. Zayen, avant de retrouver sa place dans sa piscine où elle était depuis presque un siècle.
Ahmed Zakria, publié dans l’expression le 03-03-2002
1 commentaire
Encore bravo pour tout le travail que vous accomplissez pour sauver , perpétuer et transmettre aux generations futures tous les pans de notre magnifique histoire.