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Tin Hinan, entre légende et réalité

La légende débute comme dans un conte de fée et, comme dans celui-ci, elle relate l’histoire d’une princesse qui connait bien des vicissitudes mais triomphe finalement de tous les obstacles pour, au dénouement, selon la traditionnelle formule, se marier et avoir beaucoup d’enfant.

Ce conte de fée peut également être considéré, d’un point de vue anthropologique, comme le mythe de création de la société touarègue.

La légende raconte, en effet, que Tin Hinan, accompagnée d’une troupe d’esclaves dont sa fidèle servante Takamet, aurait quitté le Tafilalet, au sud du Maroc, pour se diriger vers l’Ahaggar.  Au cours de ce long voyage, la caravane fut mise en péril à plusieurs reprises. Il arriva que les vivres s’épuisèrent et que Tin Hinan faillit mourir d’inanition. Elle fut sauvée in extremis par l’astucieuse Takamet qui recueillit les grains amassés dans des fourmilières et les offrit à sa maîtresse. La caravane put ainsi reprendre sa route et gagner saine et sauve l’Ahaggar. Là, Tin Hinan se serait mariée et aurait donné naissance à trois fils dont l’un, Houar aurait laissé son nom au massif montagneux.

Elle serait ainsi l’ancêtre maternelle des tribus nobles touarègues.

Dans ce mythe, elle apparaît comme une figure de proue et illustre parfaitement le caractère matriarcal de la société touarègue.

Le nom de Tin Hinan est lui aussi porteur de sens, de plusieurs sens même. Il pourrait s’agir d’un surnom, « celle des tentes (ehen, pl. iharen), allusion au boitement qui retiendrait la personne ainsi dénommée près du campement. Ce terme peut a

Tinhinan - Le Squelette au moment de ma découverte

ussi vouloir dire « celle des chambres » pour désigner la personne inhumée dans le tombeau qui, précisément, est un monument à chapelles, c’est-à-dire à plusieurs chambres.

Des travaux plus récents proposent de lire Ta-n-Ihinan, qui signifie en tamahaq « la voyageuse », en rappel au long périple effectuée par l’interpelée. Toutes ces données, quoique vivaces dans la mémoire collective des Touareg, restent vagues d’un point de vue scientifique. Comme dit une vieille femme citée par B. Dida, Tin Hinan est dans le vent, à la fois présente et intangible.

Que ne donnerait-on pour donner corps à ce mythe ? C’est ce qu’ont tenté de faire, en 1926, les découvreurs d’un squelette qui aussitôt l’attribuèrent à cette reine légendaire, suivi en cela et depuis, par de nombreux auteurs.

Retrouvé à Abalessa dans l’Ahaggar, le squelette, exposé au musée du Bardo (avant les travaux de restauration), au lieu de nous la matérialiser, semble l’éloigner encore. Car aucune donnée concrète, aucune inscription, ne prouvent qu’il s’agit bien d’elle. Pire encore, une étude anthropo-physique réalisée en 1968 aurait tendance à conclure à un squelette … de sexe masculin !

Certes, le trésor qui l’accompagne ainsi que l’inhumation dans un tombeau témoignent qu’il s’agissait d’un personnage important. Le boitement évoqué par une des interprétations étymologiques du nom de Tin Hinan est vérifié sur le squelette puisqu’on observe une lombarthrose et une diminution du diamètre du fémur droit. Faut-il prendre en compte, pour le cas qui nous préoccupe, les écrits d’Ibn Khaldoun qui relate, au XIVème siècle, qu’une certaine Tiski la boiteuse, régnait sur les hommes du désert ? Là aussi, en contradiction avec les datations obtenues au carbone 14 (470+130 ans ap. J.-C.), l’argument est loin d’être définitif et le mystère persiste donc.Fibule impériale de capouc, italie,? trésor du Tenes

Mais si la fonction du musée est de montrer, à titre éducatif, les choses telles qu’elles sont, sans fioritures, ni enjolivures, celle du conte, revenons-y, n’est-elle pas de faire rêver ? Alors, dans l’attente de données décisives, laissons-nous aller à rêver qu’une princesse est endormie, certainement pour longtemps encore, au musée du Bardo.

Nagète Aïn-Séba, présidente de l’Association 

Tinhinan, pendentif

Algérienne pour la Sauvegarde et la Promotion du Patrimoine Archéologique.

Mail : association_athar@yahoo.fr

Bibliographie citée :

  1. BADI D., 1994 – Ta-n-Ihanan – Tin Hinan, un modèle structural de la société touarègue. Etudes et documents berbères. Edisud.
  2. CAMPS G., 1961 – Le tombeau de Tin Hinan à Abalessa. Institut de Recherches Sahariennes, t. XXIV.
  3. CHAMLA M.-C., 1968 – Les populations anciennes du Sahara et des régions limitrophes. Etudes des restes osseux humains néolithiques et protohistoriques. Mémoires du CRAPE, t. IX. Paris.

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2 commentaires

isnou@gmail.com 11 avril 2015 at 12 h 52 min

L’histoire de Tinhinan ,Je la connais en détails ?Elle m’a été racontée par ma soeur qui a aujourdhui 79 ans.Justement j’essaierai d’écrire cette histoire sans la divulguer pour l’instant.Elle diffère un peu de celle du Maroc parceque j’ai des détails précis.Puisque cette histoire est connue dans plusieurs régions d’Algérie,il est fort possible qu’elle soit partie d’une ancienne ville comme Cherchel ou Tipaza (appartenant peut etre aux tribus de chenoua , Bnimnacer ou bnisallah).

Réponse
isnou@gmail.com 11 avril 2015 at 12 h 53 min

L’histoire de Tinhinan ,Je la connais en détails ?Elle m’a été racontée par ma soeur qui a aujourdhui 79 ans.Justement j’essaierai d’écrire cette histoire sans la divulguer pour l’instant.Elle diffère un peu de celle du Maroc parceque j’ai des détails précis.Puisque cette histoire est connue dans plusieurs régions d’Algérie,il est fort possible qu’elle soit partie d’une ancienne ville comme Cherchel ou Tipaza (appartenant peut etre aux tribus de chenoua , Bnimnacer ou bnisallah).

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