Ténès a vu, depuis plus de 3 000 ans, passer peuples et envahisseurs et colonisateurs de tout le bassin méditerranéen. En effet, des Phéniciens, aux Berbères, passant par les Romains, les Vandales, les Byzantins, jusqu’aux arabes, les turcs et les français … Ténès reste une longue page de l’Histoire de l’Algérie.
A 180 kilomètres à l’Ouest d’Alger; et sur une altitude de 40 mètres, Ténès est une ville côtière disposant d’un champs forestier de 5010 hectares. On y trouve beaucoup de vestiges romains. La dépêche algérienne du mardi 27 décembre 1892 avait rapporté qu’on y avait découvert une mosaïque de 2m80 de long, sur 2m20 de large, représentant un gladiateur en prise avec une panthère.
Entre 1 500 ans et 2 000 ans avant Jésus Christ, à l’époque de Moïse, l’anglais Shaw rapporte qu’ «Au temps de Moïse, les gens de Ténès étaient des magiciens renommés. Le Pharaon d’Egypte en aurait fait venir quelques-uns, parmi les plus habiles, pour les opposer à un thaumaturgue Israélite qui battait tous les magiciens du bord du Nil.». Au 8e siècle avant Jésus Christ, les Phéniciens y établirent un comptoir commercial et la nommèrent Carthenna : Carth signifiant cap ; et Thenna étant le nom de la rivière qui traversait la région. Selon d’autres sources, le nom de la ville viendrait du nom punique Carthennas.
Située aux confins de Massilia, la Numidie Orientale, Ténès, à l’époque des royaumes Berbères, était placée sous le commandement de Syphax, avant d’être dominée par les Carthaginois, à la fin du 3e siècle av. J-C, puis délivrée par Massinissa. Trente ans avant notre ère, les Romains, avec l’empereur Auguste Octave, fondèrent, avec les vétérans de la IIe légion romaine, une colonie nommée Carténnae. Les traces des Romains subsistent jusqu’à nos jours. On y retrouve beaucoup de vestiges de cette époque dont les mosaïques où l’on peut lire «Caius Fulcinius Optapus, soldat de la IIe Légion.», ou encore celle de Victoria, décrite dans le livre «Trésors de Ténès», fille de descendance sénatoriale.
Entre 675 et 682, la région fut conquise par le chef militaire arabe Abou El Mouhajir Dinar, avant d’être gouvernée par différentes dynasties : Les Rostomides, les Idrissides, les Mérinides, les Almoravides, les Almohades et les Zianides. Les andalous entamèrent la construction de la ville nouvelle, appelée Ténès Lahdher, en 875-876/262 hég., selon El Bekri. C’est au début du Xe siècle, qu la mosquée de Sidi Maiza fut construite ; et est considérée comme étant la troisième du pays. Durant la période arabe, Ténès fut très convoitée par les étudiants d’autres régions avides de parfaire leurs connaissances dans les classes d’éminents professeurs et savants dont Ibrahim Ibn Yekhlef Ibn Abdessalem Abou Ishak Ettensi, Abou El Hassen Ibn Yekhlef Ettensi, ou encore, Mohammed Ibn Abdeljalil Abou Abdallah Ettensi qui, quelques fois, furent rejoints par des géographes arabes comme El Bekri, en 1068 ; et Al Yaakoubi qui ont séjourné et décrits la ville.
Plus tard, en 1505, Ténès fut occupée par les espagnols qui en furent chassés en 1516 par les turcs commandés par Kheir Eddine Barberousse ; et la ville demeurera turque jusqu’à la colonisation française.
Le 22 décembre 1841, le colonel Changarnier occupa Ténès, mais n’y trouvant pas d’abris suffisants ni aucune ressource pour sa cavalerie, il l’abandonna. Le Marechal Bugeaud décide, en 1843, de la création du port de Ténès. Il s’y rendra le 23 avril 1843 en y laissant le Colonel Cavignac avec de nombreux travailleurs militaires. De là, la construction de la ville fut entamée immédiatement, on construit des baraques, des puits, des fortifications, des magasins pour l’armée , des fours; et on transporte du bois, on crée des jardins, on fouille les ruines dont on emploie les matériaux sans égard à leurs inscriptions, ni à leur premier usage, selon M. Bernard, un ancien capitaine de la corvette, puis colon à Ténès. Aussi, on a transformé les vieilles citernes en caves, en magasins, en prison et la ville fut créée.
Un soulèvement éclate aux portes de la cité, en 1845, sous le commandement de Mohamed El Kalii, nommé Boumaâza qui fut vaincu et emprisonné, après deux ans de lutte, puis, en 1871, une grande insurrection prit place, mais sans jamais gagner le Dahra.
Dans la partie II, nous découvrirons le port de cette ville et toutes les suppositions et fantasmes qui font qu’il soit ancien ou pas.
Mounira Amine-Seka.
Sources :
- Dictionnaire des localités algériennes, par Achour Cheurfi, Ed. Casbah, 2011.
- Ténès.info.
2 commentaires
Bravo. Juste un bémol: dans votre introduction, en évoquant les différents colonisateurs, vous citez les berbères. A cette époque (surtout avant les colonisations respectives que vous mentionnez), les berbères étaient des autochtones et non des colonisateurs. Autrement, merci de préciser davantage.
Cordialement
Merci, Mr. Bensalhi, nous rectifierons 🙂