Surnommé Tombeau de la Chrétienne, ou Kbar-er-Roumia, ce monument de l’époque numide, situé dans la commune de Sidi Rached, a été construit à l’époque du roi Juba II ( qui a régné de 25 av-J.C . à 23 ap- J.C.) qui a été un des hommes les plus savants de son temps et dont l’épouse Cléopâtre Séléné qui s’était dévouée sans compter pour le bien-être de son peuple dont elle était aimée, voire vénérée. C’est cette vénération qui s’est traduite, après la mort de Séléné, par un mausolée.
De l’extérieur, ce monument reste très proche de l’architecture de l’Imedghacen à Batna, le plus vieux tombeau connu en terre numide, alors que sa structure intérieur reste quant à elle beaucoup plus complexe.
Il mesure 60,9 mètres de diamètre et 32,4 m de hauteur, il domine la plaine de la Mitidja et fait face à la mer offrant ainsi une vue des plus prisées. Il comporte une partie cylindrique ornée de 60 colonnes surmontées de chapiteaux ioniques et supportant une corniche. Cette partie présente quatre fausses portes situées aux points cardinaux. Ce sont des panneaux de pierre de 7 m de haut partagés au centre par des moulures disposées en croix. Il a été émis l’hypothèse que ce serait cet ornement qui a justifié le nom traditionnel de Tombeau de la Chrétienne.
En 1865, Adrien Berbrugger, inspecteur des monuments historique réussi à trouver l’entrée de l’édifice qui comporte en son sein une multitude de galeries, de chambres et des caveaux tous trouvés vides ou plutôt déjà vidés de tout mobilier ou restes funéraires puisque les portes scellées à l’intérieur du tombeau avait déjà à l’époque été profanées.
Aujourd’hui les lieux subissent une autre forme de profanation encore plus dangereuse, même si sa structure n’est pas vraiment menacée, l’afflux massif de visiteurs et leurs comportements souvent irresponsables devant l’importance du monument inquiètent spécialistes et amoureux du patrimoine.
Même si une grande clôture entoure de loin le mausolée, un seul poste de garde est installé à l’entrée du site et sert beaucoup plus à faire payer les droits d’entrée qu’à surveiller le comportements des visiteurs et protéger l’édifice qui malgré son aspect solide s’approche quand même de son second millénaire.
Sur place il n’est pas rare de voir quelques aventuriers grimper les 33 assises de pierres de taille formant le dôme pour se prendre en photo au sommet de l’édifice à plus de trente mètres du sol, un comportement inconscient, aussi dangereux pour le visiteur que pour la structure mais qui rentre malheureusement dans les mœurs et n’est jamais sanctionné ni même réprimandé.
La protection du tombeau est elle aussi inexistante vu que le visiteur a un accès direct à la structure qui devrait être entouré de plus près mais surtout entretenu vu qu’aujourd’hui les herbes poussent entres les blocs de pierre posé à sec et donne un aspect de monticule bientôt verdoyant au monument.
Mohamed Rafik