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Le conte du jeudi : L’oiseau vert – Partie I

Il était une fois, une jeune fille, dont la beauté était à l’image du jour. Ses parents l’entouraient de tous leurs soins, et s’inclinaient devant tous ses caprices.

Vint un jour, où se trouvant dans le jardin, elle aperçut un colporteur qui disait : «Je vends du malheur à tout acheteur. Prenez madame ! Pour quelques dirhams.».

Intriguée, elle courut retrouver sa mère et lui conta ce qu’elle avait entendu, laquelle, pour la clamer lui dit : «Ma chère enfant, un tel désire peut-il être raisonnable ?

  • Je serai heureuse de l’avoir.», lui répondit-elle.

La mère s’étonna que sa fille désirait un tel achat, elle voulut la raisonner, mais en vain ! La jeune fille insista tant et si bien que la mère consentit et interpella le marchand : « Ô marchand, que vends-tu ?»

  • «Du basilic», lui répond-il.

Aussitôt, un plant fut acheté, et la jeune fille le mit en terre dans le jardin.

Le lendemain, la première pensée de la jeune fille fut pour le basilic, et elle s’empressa d’aller l’arroser. Mais à cet instant, un magnifique oiseau vint se poser près d’elle. Son plumage était vert, couleur du paradis, son cou gracieux bordé d’une collerette soyeuse, sa tête était couronnéed’une huppe, et, au fond de ses yeux bleus, miroitaient doucement, toutes les couleurs de l’arc-en-ciel …

Il interpella la jeune fille en ces termes :

«Maîtresse du Basilic,

Toi qui le lave et le nettoie.

Dis-moi, dans son bouquet

Combien de feuilles il déploie?»

Pour toute réponse, elle ôta de son poignet un bracelet d’or fin, et lui lança. L’oiseau s’envola, et disparut dans le ciel, le bracelet au bec.

Le lendemain et tous les autres jours, la même scène se répéta. L’oiseau renouvelait sa question et la jeune fille son offrande : Bagues, colliers, bracelets, boucles … Tous ses bijoux y passèrent, jusqu’au jour où elle n’eut plus la moindre breloque à lancer. Dès lors, le bel oiseau cessa de venir.

Angoissée par la perte de ses bijoux, inquiète à l’idée de ne plus voir son beau visiteur, la jeune fille fut alors en proie à la plus profonde affliction : sa santé s’altéra tant qu’elle en perdit le manger, le boire et le sommeil.

Désespérés, ses parents firent venir  son chevet les plus éminents docteurs, les plus illustres talebs, les plus brillants magiciens, mais le mal mystérieux triomphait. Le père, enfin, proposa une fortune à quiconque guérira sa petit fille bien-aimée.

Ce fut alors qu’une vieille se présenta et demanda à être en tête à tête avec la jeune fille ; celle-ci lui conta l’histoire de l’oiseau vert ; la vieille femme lui dit :

«Tu devras te rendre à la forêt et là, tu chercheras une grotte, pénètres-y assieds-toi et attends. Une caravane de chameaux passera par-là et s’arrêtera pour s’abreuver ; lorsque les chameaux s’agenouilleront, tu monteras l’un d’eux, ils t’emmèneront chez l’oiseau vert, et la maladie disparaîtra.».

La jeune femme suivit scrupuleusement les conseils de la vieille dame, et tout se passa comme elle le lui avait dit.

A l’endroit indiqué, les chameaux vinrent, s’agenouillèrent, et lorsque la jeune fille monta sur l’un d’eux, la terre s’ouvrit, et la caravane se trouva transportée par enchantement devant un palais si somptueux, si beau, que la jeune fille en fut éblouie.

Le cœur battant, elle se précipita vers l’une des pièces et se dissimula derrière le rideau. A cet instant, le bel oiseau vert entra par la fenêtre, et ô merveille, se métamorphosa en être humain.

Après un moment d’effroi, la jeune fille se réjouit et éprouva un immense bonheur lorsqu’elle eut reconnu le marchand qui lui avait vendu le plant de basilic.

Il sortit d’un meuble un coffret d’argent, l’ouvrit, et la jeune fille – toujours dissimulée derrière le rideau – reconnu ses bijoux ; il se mit alors à pleurer et à se lamenter :

«Pleurez avec moi,

Partagez ma peine,

Pleurez, palais et roi,

Pleurez votre reine.»

Mais les objets, les habitants, tout le palais, qui d’ordinaire partageaient sa peine et s’associaient à ses pleurs, répondirent, cette fois-ci, par des rires joyeux !

Le prince, car c’était le fils d’un roi, comprit qu’une personne étrangère s’était introduite dans son palais. Il dit :

«Qui es-tu? Djiin? Ou humain?». Troublée, la jeune fille sortit de sa cachette, et grande fut la joie de leurs retrouvailles.

«Je vous ai rejoint,

Dans ce pays lointain

Et nous voici réunis

A jamais, pour la vie …»

Mais ce bonheur fut de courte durée … Le destin implacable, allait s’abattre sur les deux jeunes gens …

Dans la prochaine partie, nous découvrirons ce que le destin leur avait réservé.

Adapté de l’arabe au français par Nora Zertal. Extrait du livre Contes algériens – Christine Achour et Zineb Ali-Benali. Editions Média-Plus, Constantine, 2005.

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