L’introduction de la culture du tabac en Algérie

Le tabac fut introduit en Algérie dans le courant du XVI e siècle. On possède peu d’information sur sa culture au temps de la domination turque, mais l’on sait  que l’habitude de fumer se répandit assez rapidement, et ce malgré l’interdiction de certains monarques de l’Orient, qui ont condamné l’acte considéré comme contraire aux principes de l’islam (les méfaits sur la santé étaient alors méconnus, mais le Coran interdit toute substance enivrante. Certains théologiens estimaient que le tabac pouvait provoquer une sorte d’ivresse…)

Les turcs avaient l’habitude de fumer leur chibouk : une pipe pourvue d’un long tuyau surmonté d’un fourneau, et permettait de fumer différentes substances.  Fumer le tabac devient alors, et malgré les interdits, un acte élégant et sa culture était non seulement tolérée, mais encouragée. La production suffisait, à peine à la consommation.

Les informations à ce sujet, quoique fort limitées permettent d’attester qu’après 1830, il fallait non seulement assurer la consommation de la population locale, mais il s’agissait aussi et surtout de fournir à la régie française une partie de son ravitaillement en tabac « exotique ». Des mesures permettant de créer d’importantes plantations de tabac en Afrique, furent adoptées dès 1843.

Dès lors, les premières exploitations Européennes se développèrent à Alger et ses environs. La région comptera le plus grand nombre de planteurs, et disposera des surfaces plantées les plus étendues. Par la suite, la production s’étendra à d’autres régions, et la province Est du pays (au voisinage de la Kabylie) fournira à Alger, le type dit Khachna; la production des environs de l’actuelle Annaba quant à elle, sera réputée pour ses Arbi, vendues dans sa ville de fabrication, et à Constantine.

La feuille de tabac était cueillie encore verte, puis était séchée dans des hangars aérés et, enfin broyée. cet artisanat a résisté le temps que la fabrique automatisée vienne transformer les usages, développer et populariser la cigarette dont une au moins est restée fameuse : la Bastos.

Le tabac, en se banalisant a quelque peu perdu de sa « superbe », contrairement au haschisch, qui lui a toujours joui et gardé un succès certain. Ne dit-on pas que le « fumeur de kif est un sultan; et le fumeur de tabac est son ministre » (mûl al-kif sûltan; mûl at-tab ûzirû).

 

Mira B.G

Bibliographie :

  1. Document Algérie, série économique : N°63, du 30 juin 1949
  2. M. Chebel, dictionnaire amoureux de l’Algérie
  3. Illustration : Photographie d’une plantation de tabac dans la région de Bône

 

 

 

Articles similaires

Un éditeur révolutionnaire : Giangiacomo Feltrinelli

Ces insolites Rais de la Régence d’Alger – El Moro : un rais Mozabites

ESCALE, Bejaïa il y a 900 ans : Berceau d’une révolution mathématique

4 Comment

Tar 30 mars 2014 - 19 h 06 min

Bonjour et merci pour votre travail.
(juste ne pas commettre l’erreur classique et courante de mettre une majuscule à Algérienne quand il est en adjectif 😉 )

ania 24 février 2015 - 17 h 20 min

Merci pour la leçon

anaisscolombalgeri 1 avril 2014 - 11 h 36 min

machallh!

je pense que l’istoire d’un pays et le miroire de chacun

ania 24 février 2015 - 16 h 52 min

Bonjour ,

Tout ce que vous postez est très intéressant.Bravo

Add Comment