D’emblée : le noir et la fraîcheur. Le vent pourtant avait bien mis en joug l’aridité du soleil, mais la fraîcheur qui règne dans le mausolée est toute autre. C’est une fraîcheur que rien ne pourrait entamer. Celle des lieux obscurs, des lieux isolés où la lumière ne transperce pas. C’est une fraîcheur glaciale, de tombe et qui tournoie entre les pierres robustes du mausolée. Une pierre devait servir de porte, on en reconnaît les marques au sol. Elle devait être ronde et rouler sur une sorte de pilori à l’aide d’un robuste morceau de bois. A l’intérieur, après avoir franchi le seuil, un couloir mène tantôt à droite tantôt à gauche. Il s’agit d’un long corridor au bout duquel on trouve trois chambres. Au dessus de chacune, quelques fresques aux motifs berbères, que nous retrouvons encore aujourd’hui sur les poteries ou sur les tapis, sont gravées à même la pierre. Chaque chambre a son propre motif. Celles-ci sont placées de façon symétrique à l’intérieur du mausolée. Deux chambres sont contiguës à chaque aile et seule une offre assez d’espace pour permettre de faire une rotation à l’intérieur du couloir, pour y faire entrer et entreposer ce qui devait être un sarcophage, dont seules les traces sont apparentes sur le sol. A certains endroits, et plus particulièrement à l’aile ouest, le plafond a été détruit. En fait, plusieurs cloisons sont suspendues pour faire office de plafond et ont été détruites par des pilleurs pensant y trouver un trésor caché. Dans le couloir, où le plafond n’a pas été touché, on peut constater qu’il est bas et qu’il faut à certains endroits se baisser pour pénétrer dans une chambre.
L’abandon
Les Djedars, ainsi sont-ils désignés, sont dans un grand état de délabrement, même si on est surpris qu’après autant de siècles et d’événements, ils soient encore debout. Certains sont en meilleur état mais rien ne laisse croire qu’ils le resteront encore longtemps. Des rois et des tombes, il ne reste rien. Seules quelques inscriptions sont à peu près conservées pour peu que les pierres ne soient pas orientées du côté où le vent est le plus fort et la pluie la plus violente. Les hommes, mais également les bêtes, se sont acharnés sur ces vestiges qui ressemblent de près au mausolée de Tipasa de par son architecture arrondie. A la direction de la culture de la wilaya de Tiaret, l’heure ne semble pas encore à la restauration de ces vestiges ni même à leur préservation, même s’ils déclarent le contraire. Une clôture devrait limiter l’accès à l’intérieur des mausolées, afin de protéger l’homme d’éventuelles chutes de pierres mais aussi l’architecture des dégradations. Et puis, il pourrait y avoir des indications pour renseigner le visiteur.
Car, en effet, il n’y a rien. Ni sur la route qui désignerait les sanctuaires ni sur les lieux. Juste un simple panneau pour indiquer que, dans la commune de Medressa, se trouvent une dizaine de mausolées distants de 6 km des autres situés sur le mont lakhdar, une information trouvée sur des sites internet. Grosso modo, on ne sait pas sur quel djebel les mausolées se trouvent, ni de quoi il s’agit ni de leur époque. Autant dire qu’aucune information n’est accessible sur place. Cependant, on doit reconnaître que l’absence totale d’informations et d’aménagement confère au lieu encore plus de mystère et de surprises. Visiter les Djedars, aujourd’hui, ressemble un peu à la découverte d’un trésor. L’isolement des lieux et leur inaccessibilité procurent au visiteur l’étrange plaisir de soulever le voile d’un bout d’histoire et d’être le seul récipiendaire d’un cadeau que les mamelons des djebels ont bien voulu offrir. Ces pyramides, qui épousent leur décor pour se fondre encore davantage dans le temps, sont le témoignage d’une Numidie où régnaient avec force et vigueur des héros dont l’impétuosité et le génie n’avaient rien à envier aux civilisations modernes.
Zineb A. Maiche
Retrouvez la première partie de notre article, sur babzman : https://www.babzman.com/2014/les-mausolees-du-djebel-lakhdar-abandonnes-partie-i/