La chanteuse Noura, décédé le 1er juin 2014 dans un hôpital parisien suite à une longue maladie, sera inhumée dans son pays natal, l’Algérie, a appris l’APS auprès de son époux, Kamel Hamadi.
Née Fatima Zohra Badji, Noura est reconnue comme la première chanteuse qui a bénéficié du statut de star par des thèmes proches à tous les Algériens en interprétant le thème de l’exil (ghorba) avec Gal el Menfi (le banni), que le thème de l’amour avec Houa, houa (lui, lui) et en exploitant différents registres des folklores régionaux. Elle est la première chanteuse maghrébine à obtenir un disque d’or au début des années 70.
Naissance d’une étoile
C’est à Cherchell, l’antique Césarée de Maurétanie en 1942 que voit le jour Fatima au sein d’une famille nombreuse. Elle fut confrontée très jeune à la séparation de ses parents; et dut abandonner sa scolarité (français- arabe) pour se lancer dans la vie active, et aider sa mère.
Dans les années 1950, Fatima est engagée à Radio Alger qui cherchait de nouveaux talents pour animer une émission destinée aux enfants et se fait repérer en interprétant des pièces de théâtre et des opérettes (Amari Maâmar lui offre à cette époque la chanson El ouarda souda écrite par Saïd Hayef), elle chantera notamment sous la direction de cheikh Mustapha Skandrani.
C’est grâce à Mohamed Jamoussi et à Mahboub Bati, qu’elle accédera au rang de vedette de la chanson algérienne.
Par ailleurs, elle se mit à apprendre tous les airs anciens des répertoires kabyle, oranais, aurésiens, andalous et sahariens pour élargir son éventail de répertoires. Elle s’adonnait des années durant, à ce travail de recherche et découvertes, aidée par son époux Kamal Hamadi.
En outre, elle tient un rôle dans une opérette intitulée ana el warqa el meskina (je suis une pauvre feuille) composée par Mustapha Skandrani, et écrite par Mustapha Kechkoul, (1913-1991) discothécaire de Radio Alger, bien introduits dans le cercle musical algérois. Cette chanson éponyme sera reprise, par Lili Boniche en France puis plus tard par Hamidou.
« Noura, vous avez été magnifique ! »
Le poète Sid Ahmed Lakehal, ravi par sa prestation, dit spontanément : « Noura, vous avez été magnifique ! » et le pseudonyme est né.
Encadrée par Mohamed Jamoussi qui occupait la fonction de directeur artistique de l’Opéra d’Alger et le grand parolier-musicien Mahboub Bati, Noura s’imposera très vite comme l’une des plus grandes chanteuses algériennes de l’époque.
En compagnie de nombreux artistes et suite à l’invitation de la maison de disque Teppaz, elle part pour Paris en 1959 pour une série d’enregistrements. Elle épouse la même année l’auteur compositeur et interprète Kamel Hamadi, rencontré à Radio Alger. Ce dernier fut le plus prolifique de tous les artistes, avec des chansons écrites est composées pour de nombreux interprètes, aussi bien en Kabyle qu’en Arabe.
Cette rencontre est effectivement un nouveau tournant pour la carrière de Noura qui commence sa collaboration également avec El Habib Hachelaf, et qui adaptera pour elle la chanson traditionnelle, Ya rabi Sidi (Ô Mon dieu)., Kamel Hamadi compose la musique de cette oeuvre qui devient célèbre. Cette dernière comme d’autres de son répertoire, évoque les préoccupations des femmes algériennes : Dans le cas de Ya rabi Sidi , c’est une mère qui se plaint du mariage de son fils avec une « Roumia » (Française). Noura s’intéresse aux thèmes traditionnels du mariage avec Mebrouk el aêrs (félicitations à l’occasion du mariage) et Ya Bnet el Houa (les filles du quartier), ou encore l’amour filial d’une mère pour son fils avec Ya bni (Mon fils).
Cheikh Ahmed Wahby lui composera du Asri (style moderne oranais) et son époux Kamel Hamadi, des chansons Kabyles comme Rebbi ad isahel (Dieu nous aidera), qu’ils chanteront ensemble. Elle incarnera avec son mari, à la ville comme à la scène, le duo de la chanson algérienne des années 1960.
En 1965, elle fera également un album tout en français où elle interprète Une vie, écrite par Michel Berger (à l’époque de Salut les copains), et Paris dans mon sac de Kamel Hamadi.
Après 1962, elle retourne vivre et à travailler en Algérie, mais continue de faire la navette entre son appartement d’Alger et celui de Saint-Michel où elle fréquente de nombreux artistes français de l’époque, comme Juliette Greco.
En 1971, c’est en compagnie du chantre et fabuliste kabyle Slimane Azem, qu’elle reçoit son disque d’or pour plus d’un million de disques vendus chez Pathé Marconi. C’est la première fois que des artistes maghrébins sont distingués pour leur vente en France.
Noura, fut considérée pendant des années, comme étant la représentante incontournable de la chanson algérienne. Morte des suites d’une longue maladie à l’âge de 72 ans, l’étoile algérienne « sera enterrée, pour exaucer son dernier vœu, parmi les siens au cimetière de Sidi Yahia, sur les hauteurs d’Alger »
La rédaction Babzman
Sources :
- Biographie : le blog de la musique arabe
- Aps
- El Watan, 1 juin 2014