LES FEMMES RUSSES DANS LA REGENCE D’ALGER PAR FARID GHILI

On sait que le célibat était imposé aux Janissaires. Cependant, dans la Régence (ou Royaume, mais c’est un autre débat) d’Alger ils étaient autorisés se marier, essentiellement avec des femmes autochtones, dont les enfants prendront le nom de Koulougli (kragla). Il y a eu également, des femmes Turques d’Anatolie, qui se sont installées en Algérie.

Hormis les Janissaires, il y a avait une importante communauté chrétienne, dont le nombre fluctuait en fonction de la Course. Parlant des chrétiens, l’abbé bénédictin espagnol, Diego de Haëdo qui a passé 5 années à Alger, disait qu’ils formaient plus de la moitié des habitants de la ville. Un rapport espagnol affirmait, de son côté, qu’en 1569, il y avait plus de six mille corses qui auraient fuit l’occupation de leur île, par les Génois, ce qui nous conduit à supposer qu’ils étaient accompagnés de leur famille. D’Aranda avait recensé, en 1641, plus de trois mille français, à Alger seulement.

Le Père Dan, dénombra huit mille chrétiens en 1632, dont deux cents femmes. Et la majorité de ces dernières, selon lui, étaient Russes. On peut supposer que les plus jeunes et plus belles ont fini dans le harem du Pacha, les autres ont été réduites à l’esclavage Il est fort probable que des esclaves concubines ont eu des enfants avec leurs maitres ottomans ou autochtones. La loi du nombre les a fait naturellement diluer dans la population contrairement aux kragla, qui ont constitué une classe puissante et homogène.

Ces chiffres, très grossiers, doivent être pris avec toutes les réserves qu’exigent les estimations basées sur des éléments approximatifs. Cependant, ils prouvent la présence massive de chrétiens et celles relativement importantes de femmes russes en 1632, qui laisse la porte ouverte à toutes les hypothèses, sur les raisons de leur captivité, notamment celle de leur capture à l’occasion d’une opération sur les côtes russes, mais on ne retrouve pas de trace de cette action de grande envergure, au contraire de celles de l’Islande ou de Baltimore au Sud de l’Irlande. Il pourrait aussi s’agir de prises d’un bateau ou bateaux transportant des femmes « Russes » à moins que ce terme désigne toute femme slave captive (EULDJA). Nous en sommes donc réduits à faire des hypothèses, à défaut de piste balisée à suivre.

Farid Ghili

Articles similaires

Le Tombeau de la Chrétienne : un mystère millénaire qui résiste au temps

Amina Hanim, fille du dernier Dey d’Alger

Lalla Maghniya la faiseuse de miracles