Son nom revient à la ville antique Capsa, l’actuelle Gafsa en Tunisie. Il est un ancêtre des Berbères de l’est d’Algérie, lui le Capsien qui a laissé sa trace dans des gisements dénommés escargotières.
Le Capsien, un homme de la préhistoire, est apparu en Afrique du nord durant la période néolithique (entre 9 000 et 7 500 av. J.-C.). Il a subsisté jusqu’à la fin du Ve millénaire (environ 4390 av. J.C), soit une durée de deux millénaires selon l’hypothèse avancée par les chercheurs en anthropologie. Il est présenté comme l’ancêtre direct des Berbères de l’est d’Algérie (Numides et/ou Chaouis de la région des Aurès). Cueilleur de plantes et de racines, chasseur de diverses espèces animales et prédateur, il est devenu sédentaire et/ou semi-nomade. Il se rapporte à une civilisation épipaléolithique, selon la définition de J. de Morgan et du Dr Capitan qui est faite, dès 1909, à partir du gisement d’El Mekta, près de Gafsa situé en Tunisie, d’où son nom (Capsa, nom antique de la ville Gafsa).
Les cendres
Le mode de vie des Capsiens se distingue par la consommation des escargots, en référence à leurs nombreux gisements découverts. Ils existent, surtout, en plein air, ils apparaissent à distance comme des monticules noirâtres. Appelés « escargotières », ils contiennent trois éléments bien visibles de dépôts archéologiques. D’abord, la profusion des coquilles d’escargots et de mollusques terrestres. Les cendres et les pierres brûlées, ensuite.
Les Bergers et les nomades de notre ère les connaissent bien, eux qui les nomment « rammadiya » (traduction de l’arabe: cendrières) en raison du volume de cendres, le contenant le plus constant. Les pierres apportées par l’homme, généralement calcaires, ont sûrement servi à conserver le feu et à l’ébullition de l’eau, mais aussi comme moyen de lumière. Sachant que la chair de l’escargot constitue un aliment sain, sa consommation n’est pas pour autant plus grande que celle de la viande animale. Il est rapporté que la chasse aurait fourni au moins les 5/6 de l’approvisionnement en chair animale, les escargots au plus 1/6 pour l’ensemble de la population capsienne.
Coquille d’escargot
Comment étaient-ils mangés ? Il est plausible qu’ils seront bouillis. Car il est difficile, voire impossible d’extraire toute leur chair sans briser leur coquille. D’après G. Camps, les coquilles « sont entières et intactes dans les gisements. Ils ont probablement été cuits ou noyés. Non pas directement grillés sur les braises dont les Capsiens disposaient cependant en abondance ». Quelle que soit leur dimension, les gisements seront occupés plusieurs siècles durant, ce qui confirme le caractère sédentaire des Capsiens. Gisements qui ne sont pas présentés comme des habitations, mais qui ont pu servir à l’inhumation de l’homme. D’appartenance méditerranéenne, le Capsien a cultivé le stockage de l’escargot, voire même son élevage à proximité de sa hutte ou de sa légère cabane, généralement à proximité d’un point d’eau. D. Grebenart nous indique que « dans la vaste région des Hautes-Plaines (n.d.l.r, en Algérie), les gisements capsiens se rencontrent principalement en plein air, très rarement sous grotte. Leur nombre doit largement dépasser le millier mais ils sont beaucoup plus nombreux à l’est qu’à l’ouest. Autour de Chéria (n.d.l.r, wilaya de Tébessa), deux cent trente trois gisements ont été dénombrés lors d’une prospection systématique faite sur une surface de terrain correspondant à trois feuilles de la carte au 1/50 000 ». Le Capsien aura principalement vécu dans la zone steppique algéro-tunisienne.
Mohamed Redouane
Bibliographie:
- Considérations anthropologiques sur les Capsiens par Lakhdar Fadel.
- Escargotières de G. Camps dans Encyclopédie berbère, 1997.
- Capsien de D. Grebenar dans Encyclopédie berbère, 1993.
- Illustration 1: https://journals.openedition.org/encyclopedieberbere/docannexe/image/1999/img-7.png
- illustration 2: https://journals.openedition.org/encyclopedieberbere/docannexe/image/1999/img-3.png
1 Comment
Les escargots peuvent se manger avec la coquille en utilisant les épines des arbres pour extraire la chair. (C’est ce que nous faisions en Algérie.). Ça me paraît nettement plus probable que de faire bouillir l’escargot, car il n’y avait pas à cette époque l de récipients susceptibles d »aller au feu.