Sainte musulmane de la fin du XVIIIe siècle de la ville de Maghniya, entre Oran et le Maroc, au pied des oliviers des Monts de Tlemcen, Lalla Maghniya est toujours vénérée dans la région y compris par une grande partie des membres des tribus marocaines des Angad voisins.
Fille unique d’un savant soufi qui dirigeait la zaouïa qui portera plus tard le nom de sa fille, qui l’a élevée dans le nationalisme et la mystique, tout en lui donnant une éducation philosophique. Lorsqu’il mourut, vers 1760, Lalla Maghniya naturellement destinée à prendre la relève, fut écartée au profit d’un cousin, le Maitre n’ayant pas eu des garçons. Mais Lalla Maghniya, déjà célèbre pour sa science et son savoir élevés ainsi que pour sa beauté exceptionnelle, faisait que tous les savants du pays la respectaient et insistaient pour qu’elle soit la Maitresse de la zaouïa de son père d’autant que le nouveau chef n’était pas populaire, riche et sans culture ni savoir, possédant même des serviteurs, tout le contraire de Lalla Maghniya, proche des pauvres, souvent habillée en paysan pour se fondre dans la foule afin de mieux connaitre les souffrances et espoirs de la population.
Elle a néanmoins continué à lire et s’instruire, livrant ses enseignements et s’occupant des pauvres, donnant des conseils et faisant des miracles selon la légende, jusqu’à ce que le Sultan de Fès, attiré par sa science et sa beauté, n’envoie des émissaires au Maitre de la zaouïa pour demander sa main. Son refus net et catégorique fit que le Sultan, vexé, envoya une armée pour ravager le pays autour de la zaouïa, détruisant tout, massacrant bêtes et hommes, brûlant les récoltes et les arbres, bouchant les puits, les sources et les conduites d’eau.
Lalla Maghniya réunit les femmes les plus courageuses de la tribu et avec l’aide de combattants finirent par repousser l’envahisseur et reconstruire le pays. Bien que devenus pauvres, les habitants comptaient sur Lalla Maghniya, faiseuse de miracles, comme sur ce sac de grains de légende qui jamais ne se vidait, même en offrant son contenu aux voyageurs, inépuisable nourriture qui dit-on nourrissait même les animaux, y compris les oiseaux, grâce à la baraka de la Sainte. Quelques temps plus tard d’ailleurs, la petite ville reprit son essor grâce au courage de Lalla Maghniya, les maisons furent reconstruites et les champs et vergers reverdirent.
A l’aube de sa mort alors qu’elle n’avait pas encore 40 ans, Lalla Maghniya confia son secret à son fils et lui demanda de l’inhumer sous un palmier ou dans sa jeunesse, elle est tombée amoureuse d’un jeune berger joueur de flûte, dont les mélodies la troublèrent toute sa vie. Sa Koubba se retrouve encore sur place, non loin de Maghniya, et on dit que la Sainte ne cesse d’y faire des miracles.
Chawki Amari