Les enfants de Marx et du coca-cola- 1968 : la dernière révolution brûlante et la première révolte cool

[  ] Quand on pense à 1968, on pense aux pratiques des sit-ins et des go-ins, à « I can’t get no » des Rolling Stones, aux poings levés, gantés de noir, des sprinteurs américains Tommie Smith et John Carlos sur les marches du podium aux Jeux olympiques de 1968 au Mexique, à « Why don’t we do it in the road ? », à l’hymne national américain interprété par Jimmy Hendrix à Woodstock, aux manifestations contre la Guerre du Vietnam et naturellement à Karl Marx. Aussi à Bob Dylan, qui a obtenu le Prix Nobel de littérature l’année dernière et ne s’est pas présenté à la remise du prix, et à Ulrike Meinhof comme l’a peinte Gerhard Richter dans son cycle « Stammheim ».  

Aujourd’hui, 1968 est considéré par une classe libérale à tendance cosmopolite comme le début d’un processus fondamental de libéralisation des sociétés occidentales et par les populistes de droite comme le début de la chute du monde occidental qui n’a plus la force de s’opposer aux arrivants du monde entier.  

[ ]Qu’est-ce que 68 était véritablement ? L’historien français Paul Veyne, à qui l’on doit, avec son livre « Le pain et le cirque », un grand ouvrage sur les plaisirs républicains de la Rome antique, a considéré que 1968 était la dernière révolution brûlante et la première révolte cool. Pour la dernière fois, on sortait le grand jeu de tout le registre révolutionnaire avec des lectures capitales, des distinctions de l’ami et de l’ennemi dans la lutte des classes et des finales historiques selon la devise « socialisme ou barbarie ». L’éveil voulu révolutionnaire a cependant capté l‘attention publique par des jeux rusés de violations de règles sans cesse renouvelées et ciblées. « Si cela permet d’établir la vérité ! » fut la réponse de l’accusé Fritz Teufel à un juge qui lui demandait de se lever devant la cour. Ce n’est pas le déploiement de la masse à lui seul – pour cela les manifestations avec peut-être 10 000 ou 15 000 participants étaient tout simplement trop petites – mais ce sont les milliers de petites provocations qui ont fait éclater la révolte et ont envahi les médias. « The whole World was watching ».

L’embrasement de 1968 est donc dû à un mélange d’une sérieuse amélioration sanglante du monde et d’un joyeux chambardement. Jean-Luc Godard, qui a dit faire ses films non pas lors du tournage mais en mangeant, buvant, lisant, rêvant, a qualifié les acteurs de ce spectacle avec une précision acerbe : « les enfants de Marx et du coca-cola ». Les actions, menées essentiellement par les étudiants, s’opposaient à l’ordre net de la vie bourgeoise, où, entre les domaines du travail, de l’amour, de la politique, de l’art, du plaisir et de la science il n’y avait que des entremises mais où il ne devait pas y avoir de mélanges. Dans les sociétés d’après-guerre, qui se ressentaient encore de la Seconde guerre mondiale et du génocide, on craignait que, sinon, tout puisse s’effondrer.       

Heinz Bude, sociologue

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Image à la une : Allemagne 1968 : le mouvement protestataire et ses héros ©dpa 

Image intérieur : Levez-vous ! « Si cela permet d’établir la vérité ! » – l’étudiant berlinois Fritz Teufel ©dpa

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1 Comment

facdsp msila 27 mars 2019 - 14 h 23 min

bon site de ‘héstoire

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