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Le ravisseur des épousées – Khattaf el-‘arayes

D’après la plupart des anciens de la Casbah, le protocole de l’entrée du marié dans sa chambre pour rencontrer son épouse et passer ensemble leur première nuit de mariage, se déroule comme il va être narré :

En attendant l’entrée du marié dans la chambre nuptiale, la maachta reste seule avec la mariée, jouant le rôle de gardienne et d’hôtesse d’accueil. L’imagination populaire laisse, en effet, craindre « serrak ou khattah el ‘arayes » c’est à dire le ravisseur des épousées.

L’histoire est longue et d’une naïveté étonnante; elle est pour un esprit rationnel, autant inquiétante qu’amusante, mais la voici en bref :

Un fils de roi nommé Œil d’Or, Ain adhab, entrant dans la chambre nuptiale, voit sa femme, qui l’attendait, disparaitre sous ses yeux. Une vieille femme d’expérience lui apprend que c’est le ravisseur des épousées qui l’a enlevée. La mère de ce génie est une fée et son père un ogre

L’Œil d’Or, armé de pied en cap, se met en route pour retrouver sa femme. En chemin, il rencontre six autre fils de roi qui, eux aussi, ont connu la même mésaventure. Ensemble et tous armés, ils décident de continuer les recherches. Bientôt, ils aperçoivent au loin un palais ; ils y pénètrent et découvrent des jeunes filles qui ont toutes été enlevées par le Ravisseur des épouses. Ils les prennent sous leur protection. Puis par ruse, les sept fils de roi réussissent à ligoter le Ravisseur et lui demandent des explications.

« Ma mère est fée et mon père ogre, déclare-t-il. Depuis bien longtemps, les nôtres enlèvent les filles des hommes à leurs époux. Si le père de l’un d’entre nous vient à mourir, il recommande à son fils de suivre ses traces.. Si tu me tues, sache que cent d’entres nous viendrons me remplacer. »

Œil d’Or lui demande combien de filles il a enlevées. « Autant qu’il y a de jours dans l’année ! », répond le Ravisseur, sans laisser paraitre le moindre regret. Sur le champs, les sept fils de roi se jettent alors sur lui et le découpent en autant de morceaux que l’année comprend de jours…

Voila donc pourquoi, cet extravagant usage, peu ou pas du tout pratiqué, est passé inconsciemment dans les esprits pour devenir une sorte d’amusement populaire attendu lors de la nuit de noces. Par contre, il n’est pas séant, lorsqu’on a fait sortit tout le monde de la chambre nuptiale, que la mariée se retrouve seule. La maachta a la charge d’introduire solennellement le marié auprès de la mariée.

Sources : Extrait de El Qaçba zeman de Kaddour M’hamsadji

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