Situé entre Bir Mourad Rais et Oued Kniss, ce lieu a été peint par Renoir en 1881, lors de son premier séjour. Plusieurs versions se croisent pour nous conter la légende de la femme qui a marqué cet endroit.
Selon certains, il s’agissait d’une femme nullement timide qui tenait un café-restaurant dans ce ravin, peu après la conquête française.
Une autre version très orientaliste et peu crédible évoque un jeune couple partis en voyage de noce, sur un bateau qui se serait fait arraisonner par les pirates de la Méditerranée. L’homme fut jeté en prison, alors que la femme fut amenée au dey Hussein et mise au harem. Refusant de se donner, elle fut brutalisée au point de devenir folle. On la jeta dehors déguenillée et sans nourriture. Sans savoir où elle allait, elle monta vers ce ruisseau; puis, rendue en haut de la colline, elle découvre un le mausolée d’un marabout très visité. Les habitants de la région lui apportaient beaucoup de nourriture, ce qui permit à la femme de survivre. Etant folle, elle était respectée et après sa disparition, on appela le lieu « Le ravin de Femme Sauvage ».
Mais la version la plus plausible, ou du moins, la plus crédible, est tout autre. Selon les « anciens », l’histoire se passe au XIXe siècle. Une jeune femme veuve, vivant avec ses deux enfants, décide, par une journée printanière, d’aller faire un pique-nique dans une forêt sur les hauteurs du Ruisseau. Certaines sources précisent que c’est un lundi de Pâque et que la petite famille allait déguster la mouna (une sorte de brioche).
La forêt en question était très pentue et dangereuse à cause d’un profond ravin qui, s’y on y tombait, on n’avait aucune chance d’en ressortir. Les enfants de cette jeune femme, allant jouer pendant qu’elle se reposait sous un arbre, et malgré ses recommandations, disparurent, probablement tombés dans ledit ravin. Folle d’inquiétude, elle les chercha partout et demanda de l’aide aux riverains. En vain. Les enfants demeuraient introuvables. La maman désespérée ne quitta plus la forêt, poursuivant ses recherches des jours, des semaines et des mois. Se nourrissant de fruits sauvages, elle perdit la tête et devint sauvage. Elle se cachait dans les buissons au moindre bruit, au moindre pas. Parfois, les habitants de la région entendaient un hurlement terrible. Ceux qui passaient par la forêt affirmaient croiser une ombre furtive. Puis un jour, on n’entendit plus parler d’elle. On ne vit plus de trace de ses passages. En souvenir de cette maman et de son chagrin, on baptisa la forêt le Ravin de la femme sauvage.
Synthèse K.T.
Sources :
- Play-Fair, Murray’s Handbook for Travellers in Algéria and Tunis, éd. 1895
- L’Echo d’Alger 1955/1956
- kassaman.com