Le palais Meriem-Azza de la ville de Skikda fera «prochainement» l’objet d’une vaste opération de réhabilitation concernant essentiellement la consolidation de cet édifice historique. L’opération vient s’ajouter, à celle lancée en 2015 portant sur des «travaux d’urgence» de renforcement de l’étanchéité suite aux infiltrations de pluies qui ont abîmé une grande partie du palais. Ce n’est qu’après l’achèvement des travaux de ces réhabilitations, que la future fonction de ce monument historique sera déterminée.
Rappelons que Le château qui a été classé patrimoine national à préserver en 1981 pour éventuellement servir de musée, a finalement servi de de villas d’hôtes. Cependant une question me taraude l’esprit :
Qui est cette Meriem AZZA ?
Une martyre de la lutte de libération nationale ? Une héroïne de notre histoire arabo-musulmane ou berbère méconnue ? Une femme de culture ou artiste originaire de Skikkda ? Faute de réponse satisfaisante, questionnons les archives de la période française. D’emblée, on apprend que cet édifice emblématique de Skikkda, a été la propriété d’un certain Bengana. En poursuivant nos investigations auprès d’amis Skikkdis, il s’avère qu’il est bien connu dans la mémoire collective des anciens Skikdis, mais sous l’appellation de château Bengana. Il s’agit de ici de Boulakhrass, l’arrière-petit-fils de Bengana Cheïkh El Arab, originaire de Biskra. Ce Bengana a acheté ce château de style néo mauresque, à son primo propriétaire Paul Cuttoli, ancien sénateur du Constantinois et maire de l’ex Philippeville (Skikkda), qui l’avait construit en 1931. Au demeurant pour les français, il s’appellera toujours «Château Cutolli ».Voilà donc trois noms différents pour une même bâtisse, ce qui n’a rien d’exceptionnel en soi. Mais revenons à notre questionnement. Qui est cette Meriem Azza ? Pour certains Meriem (traduction de Myriam ou Marie) a bel et bien existé. C’était simplement l’épouse de Paul Cutolli le premier propriétaire du château. Pour d’autres, ce serait en vénération à la vierge Marie (Meriem).Une piste incertaine.
Et Azza me diriez-vous à juste titre ? La réponse est évidente. Elle figure sous les yeux des visiteurs, sur le mur du bureau de Cuttoli, en calligraphie arabe «Paul Cuttoli (…) houa elladi bana hada el kasr izaten limeriem » (Paul Cuttoli est le constructeur de ce palais en l’honneur de Myriam). Donc, on retient que la transcription signifie Izza dans le sens vénération et non Azza A3ZZA on ne sait comment, s’est donc, substitué, à tort, à I3ZZA, et comme pour les légendes, a fini par occulter la vérité. Voilà comment nos autorités culturelles sont tombées dans le piège du fantasme populaire collectif qui a créé de toutes pièces, un personnage imaginaire, qui donnera son nom à un palais, bien réel lui.
Farid Ghili