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Conte – L’oiseau d’or – Dernière partie – La vérité éclate au grand jour.

La colère gonflait le cœur du roi, déjà troublé par la beauté de Aziza.

-« Chante, oiseau, cria-t-il d’une voix irritée. »

L’oiseau d’or alors reprit la parole :

-« Que peut chanter l’oiseau, quand il voit que l’on se prépare à tuer son fils et à épouser sa fille ? »

Tous les assistants et le roi lui-même étaient interdits : ces paroles n’avaient aucun sens, mais il fut impossible de tirer de l’oiseau quoi que ce soir d’autre.

Le roi revint le lendemain et, comme la veille, l’oiseau d’or dés qu’il l’eut vu, se tut.

-« Chante, oiseau, ordonna le roi. »

-« Que peut chanter l’oiseau, quand il voit que l’on se prépare à tuer son fils et à épouser sa fille ? »

Une troisième fois le surlendemain le roi n’obtint de l’oiseau chanteur que la même incompréhensible réponse. Il fit venir alors le sage de la ville et lui demanda de lui expliquer l’énigme.

-« Moi, dit le vieillard, je ne le peux pas, mais toi, tu as peut-être un moyen d’y parvenir. »

-« Quel est-il ? demanda  le roi. »

-« Demain quand tu retourneras voir l’oiseau, prend avec toi la vieille sorcière et les femmes… toutes tes femmes : n’oublie pas celle que tu as jetée en prison il y a plusieurs années. Dés que l’oiseau t’aura fait la même réponse, demande à ta femme, celle que tu auras sortie de prison, de prier l’oiseau de donner clairement le sens de ses mystérieuses paroles. »

Le roi fit sortir sa femme de la prison où elle était enfermée. Il la reconnut à peine, tant elle était amaigrie et vieille.

-« Demain, lui dit-il, tu vas venir avec moi entendre l’oiseau d’or que deux étrangers viennent de ramener. La ville ne parle plus que de cela. »

-« C’est tout ce qu’il manquait à ma misère, dit-elle, le spectacle d’un oiseau chanteur. »

Mais le roi insista, lui révéla l’étrange comportement de l’oiseau à chaque fois qu’il allait le voir et surtout les paroles énigmatiques qu’il donnait en réponse et dont personne jusque-là n’avait pu saisir le sens.

-« Le sage a dit qu’à toi l’oiseau finirait peut-être par donner le mot de l’énigme. »

La reine finit par se rendre aux raisons du roi. Elle se rendit dans les bains du palais, où elle n’était plus entrée depuis des années, puis des dames de la cour vinrent l’habiller, la farder, la parer de bijoux précieux. Quand elle reparut, elle excita l’admiration de tous tant, malgré sa maigreur, sa beauté restait resplendissante encore.

Quand le cortège se présenta de nouveaux devant la maison des jeunes gens, tout le monde fut bouleversé parle charme et l’éclat de la nouvelle compagne du roi. Quelques-uns lui trouvaient avec Aziza une étrange ressemblance. Dès que la femme porta ses regards sur les deux jeunes gens, elle se troubla. Tous crurent que c’était parce qu’elle avait perdu l’habitude du grand air, depuis le temps qu’elle était enfermée dans sa prison. Il se fit un grand silence puis la voix du roi de nouveau s’éleva :

-« Chante, oiseau ! »

-« Que peut chanter l’oiseau ? On s’apprête à tuer son fils et à épouser sa fille. »

-« A vous, dit le roi, en se retournant vers sa femmes. »

Celle-ci , entre temps, avait recouvré ses esprits.

-« Oiseau, dit-elle, je t’en conjure par Dieu, dis nous ce que ces paroles veulent dire. »

L’oiseau d’or fit alors entendre sa voix la plus mélodieuse.

-« Femme, dit-il, le jeune homme que tu vois ici est ton fils et cette fille ta fille. Ce sont les deux autres épouses du roi qui, jalouses, quand tu les as mis au monde, demandèrent à la vieille sorcière que tu vois là d’enlever tes enfants dans leur berceau et de leur substituer des chiots. Le roi les vit et te jeta en prison, et tu y es restée tant d’années, et tu y serais encore si ton fils ne m’avait pas ramené de mon lointain pays pour dévoiler la vérité. »

L’oiseau d’or se tourna vers le roi :

-« Quand à vous, sire, vous savez bien que, le premier jour où vous êtes entré dans cette maison, vous avez trouvé votre fille tellement belle que vous avez en vous-même résolu de tuer son frère afin de vous emparer d’elle. »

-« Je ne savais pas, dit le roi. »

-« C’est pour cela que, chaque fois que vous m’avez demander de chanter, je vous ai averti. »

La reine aussitôt chancela et il fallu que le roi la soutint pour qu’elle ne tombât pas. Puis on entendit de nouveau la voir de l’oiseau.

-« La sorcière, la sorcière veut fuir. »

On la chercha. Elle se faufilait dans la foule et cherchait à la hâte à gagner la porte. Le roi la fit saisir et ramener par un de ses gardes. Elle tremblait. De grosses gouttes de sueur coulait sur son visage. Le roi lui ordonna de parler sous peine d’être immédiatement décapitée. Elle commença par refuser ; comme le roi aller donner l’ordre de l’exécuter, elle parla, elle révéla tous les mauvais coups qu’elle avait préparés contre Aziz et Aziza, depuis le jour lointain où elle les avait enfermés dans un coffre et jetés à la mer.

Le roi se tourna vers mère des enfants :

-« Qu’est-ce qui ferait plaisir à ton cœur ? »

-« Je veux dit-elle, qu’on exécute ces trois femmes. »

Ainsi fut fait. Puis le roi ordonna une fête magnifique de sept jours et sept nuits. La reine reprit sa place auprès de lui. Quelques temps après Aziza fut mariée à un prince d’un lointain pays et Aziz lui-même y alla prendre femme avant de succéder à son père.

Source : Contes berbères de Kabylie – Mouloud Mammeri

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