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Période ottomane (1515 à 1830)

Le jour sanglant où 7 deys ottomans d’Alger, sont tués par un cuistot

« Rien n’est plus fastidieux que l’histoire intérieure des régences au XVIIe siècle. À Alger, ce ne furent que complots, émeutes et massacres » (C.A Julien )

Les événements qui ont eu lieu ce jour de l’année 1695 où SEPT Deys, aussitôt nommés sont aussitôt tués, sont sans doute, uniques en matière de règne éphémère. In fine, la milice, fatiguée de répandre le sang, ou plutôt faute de victime expiatoire, décide de se rendre à la porte de la grande mosquée et d’élire le premier Ottoman qu’elle rencontre. L’heureux (sic) élu* est un vieillard maladif, un certain Hadj Chaaban raccommodeur de babouches (cordonnier) de son état.

Cependant une autre version tout aussi caricaturale, retrace avec forces détails, les événements tragiques de ce fameux jour.

Ce sont SEPT arnaouts,** ioldachs de la milice, qui ont fomenté un complot afin de s’emparer du pouvoir. Leur chef aux poils roux et ses six acolytes après s’être introduit dans le palais de la Djenina tuent le Dey Hadj Chaaban ainsi que son khaznadji, successeur désigné.

La mission accomplie, notre barbe rousse s’assoit sur le trône afin que chacun vienne lui baiser la main en signe d’allégeance.

Mais le chef cuisinier qui ne sort jamais du palais, qui a ses cuisines et son appartement qui donnent sur une galerie avec vue sur le patio est témoin de la scène. En moins de temps qu’il en faut à Laurent Mariott pour la préparation de petits plats simples et rapides, il troque ses marmites (kazan) contre des fusils pour armer ses marmitons et, de la galerie, crible de balles Barbe Rousse, dont le règne ne dépassera pas une heure.

Un 2eme conjuré, celui qui doit être khaznadji et donc successeur désigné prend sa place, fait également long feu***. Le 3eme subit le même sort, ainsi que tous les autres, jusqu’au 7eme conspirateur.

C’est ainsi que SEPT***** deys, sont tués le même jour, par un chef cuistot (bach Atchi) sous les yeux des 16 ioldachs bien armés, mais figés dans leur discipline, car chargés de la garde du trésor. En effet, leur devoir militaire les oblige à rester à leur poste, pour quelque motif que ce soit. Cette obéissance au règlement s’applique aussi aux 32 ioldachs gardiens de la porte, qui restent de marbre****.

Après que les 7 conjurés furent tués, par le chef cuisinier, dont l’histoire ou la légende n’a pas retenu le nom, la milice lui proposa de devenir Dey, mais instruit la précarité de la fonction, en tant que témoin et acteur direct des événements de la journée et de la destinée fatale de ses éphémères Deys, il préféra sagement retourner à ses fourneaux.

Farid Ghili

*Ahmed ben el hadj Massli , c’est le nom de l’heureux élu, se saisira du pouvoir pour devenir roi et non un faire valoir contrairement aux attentes de la milice. Au cours de son règne (1695 et 1698) , il œuvre à consolider l’autorité du dey vis à vis des janissaires frondeurs et du diwan d’Alger.

* *Arnaout (originaire d’Albanie), alors que la majorité des ioldachs étaient originaires d’Anatolie

***Ne pas réussir. Qui prend trop de temps. Qui échoue.

****.Sept , six voir cinq deys. selon les récits de notamment du Père Pierre Comelin ou de Laugier de Tassy. Ceci sans tenir compte du Dey en exercice Hadj Chabaan lui aussi tué.

*****Venture de Paradis : Alger au XVIII e S

Image à la une : cuisiniers janissaires – capitaine des Janissaires portant la cuiller à pot, 1812

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