Sans que rien ne l’y prépare cette petite maison perchée à plus de 700 mètre d’altitude, dans le village d’Ighil Imoula faisant face aux montagnes du Djurdjura a marqué le début du fait historique le plus marquant de l’histoire contemporaine de l’Algérie et reste soixante ans plus tard dans un état quasi identique que dans les souvenirs de Ali Zamoum.
Cette maison appartenant au martyr Rabah Idir, et aujourd’hui à sa famille, avait vu Ali Zamoum, responsable du groupe d’Ighil Imoula imprimer à l’aide d’une vieille ronéo de marque Gestetner, la proclamation du 1er Novembre 1954, intitulée «Proclamation au peuple algérien, aux militants de la cause nationale», avant qu’elle ne soit diffusée à travers tout le territoire algérien.
Depuis quelques mois cette maison est l’objet d’une procédure de classement au patrimoine historique national, après parution au Journal officiel d’un décret en ce sens, en tant que monument historique, «lieu de dactylographie et du tirage de l’appel du 1er novembre 1954 dans le but de sensibiliser et d’orienter les algériens pour militer pour la cause nationale».
Le futur monument qui sera mis sous la protection du ministère de la Culture est considéré comme «témoin du courage et de l’engagement du peuple algérien pour défendre sa patrie et sa dignité» dans le décret portant son instance de classement.
Suite à son classement toute construction ou intervention sur et dans le monument ainsi que dans ses abords immédiats sera interdite, le ministère de la Culture ou des organismes agréés par ce derniers pour toute intervention d’aménagement, de restauration, de réhabilitation ou de mise en valeur.
Après ce classement, qui doit encore être validé par la commission des biens culturels, un périmètre de sécurité d’un rayon de 200
Le village d’Ighil Imoula était connu pour ses traditions de militantisme en faveur de la cause nationale dès les premières heures du mouvement national puisque c’était au cœur de ce village que Krim Belkacem avait élu son poste de commandement dès l’année 1948.
Selon des témoignages d’historiens, le village d’Ighil Imoula avait servi un siècle auparavant de citadelle ou de place forte au combat mené de 1851 à 1854 par Cherif Boubaghla, meneur d’une des nombreuses résistances populaires contre l’occupation française, pour ces raisons, les habitants de ce village avait œuvré depuis plusieurs années pour le classement du village entier.
Mohamed Rafik
Illustrations : Photographie 1 : La maison d’Ighil Imoula
Photographie 2 : Mme Zamoum, et la Ronéo, source : L’expression DZ