Cherchell, l’Algérienne, fut Julia Caesarea (Césarée) la Romaine, et auparavant, Iol, la Phénicienne, (IVème siècle avant J.-C.). 5 siècles avant J.-C., les navigateurs phéniciens ont, en effet, accosté dans la partie ouest de l’actuelle ville. Une large baie, dominée par un îlot, accueillit le comptoir phénicien qui reçut le nom d’Iol (du nom d’une divinité phénicienne). Des vestiges phéniciens existent à ce jour au niveau de l’îlot appelé « îlot Joinville », qui servira de réceptacle au phare.
Cherchell est donc une ville millénaire, deux fois capitale. C’est au premier siècle avant J.-C. que le roi numide Bocchus en fit la capitale d’un territoire aussi vaste que celui de l’Algérie actuelle. Puis cet ancien comptoir phénicien deviendra, sous la tutelle de Rome, Caesarea, capitale de la Maurétanie césaréenne, avec un roi prestigieux : Juba II (25 avant J.-C.) auquel succèdera son fils Ptolémée avant que Rome n’administre directement la région.
Et ce n’est que vers le Xème siècle que le nom arabe de Cherchell va apparaitre dans les écrits des géographes arabes.
JUBA II
« Juba II est le fils du roi Juba I, lequel est le fils de Hiempsal, lui-même arrière-petit-fils de Massinissa ». C’est à Carthagène, en Espagne que fut mise à jour cette inscription, lors de fouilles. Juba II fut élevé à Rome par Octavie, sœur d’Auguste, futur empereur de Rome. Elle a été chargée de son éducation et il grandira aux côtés de Tibère et d’Auguste. En 25 avant J.-C., il a 25 ans lorsqu’il est fait roi par Auguste, et son royaume va de la Tunisie à l’Est jusqu’à l’Atlantique à l’Ouest. L’appellation de « Césarée » sera donnée, selon les historiens, soit en l’honneur de l’empereur de Rome, Caïus-Julius-César-Octavius , soit, selon d’autres, par signe de soumission, de respect ou de reconnaissance, ou d’amitié.
C’est sous le règne de Juba II, qui dura près d’un demi-siècle, que la ville prit un essor inégalé dans l’empire romain ; de 25 avant J.-C. à 23 après J.C., de grands ouvrages furent réalisés : l’amphithéâtre, le théâtre, les thermes de l’Ouest, et le reste de l’enceinte qui clôturait la ville. C’est alors que la cité s’embellit de villas richement décorées de mosaïques, de nombreuses statues. Parmi celles-ci, certaines porteront une empreinte égyptienne. « Le Tombeau de la Chrétienne », monument funéraire élevé pour accueillir les sépultures de Cléopâtre Séléné et de Juba II illustre cette approche des constructions réalisées avec une empreinte égyptienne. (non loin de Sidi Rached, prés de Tipasa).
Juba II fit de Césarée sa capitale une petite Alexandrie : il la couvrit d’édifices, de temples, de palais, de thermes (sur une superficie de 800m) ; le plus grand amphithéâtre d’Algérie est celui de Cherchell ; la période jubéenne est aussi marquée par une influence hellénistique innovante. L’enceinte autour de la cité est la plus longue du monde romain : 7km.
Juba II a également promu les arts et les lettres. Il rédigea de nombreux ouvrages (Lybicae) qui traitent d’histoire, de géographie et de botanique ; il s’intéressera à la philosophie et à l’archéologie ; il a su concilier son attachement à la terre numide et son pouvoir légué par Auguste ; durant son règne, Césarée était, après Carthage la plus grande ville d’Afrique du Nord. Ami de Mécène (chevalier romain et poète), et poète lui-même, il encouragea les hommes de lettres. La statuaire et les mosaïques réalisées durant son règne sont exposées dans les 2 musées de la ville…
A suivre
Nora Sari – Professeure de Français en retraite – Journaliste, écrivaine.
Contribution : Association Aasppa_Athar bullletin n°9
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Sources :
- « De Iol à Césarée à…Cherchell ». Kamel Bouchama. JUBA Editions. 426 P. 2008
- « Iol, Césarée, Cherchell, une cité millénaire d’art et d’histoire ». Mohamed Chérif Ghebalou. 190 P. 2010
1 Comment
Vraiment un grand chef berbères dans une époque des grands,et on connaît PT sur notre histoire avant l islam