En neuf éditions du festival, un grand nombre de profils et de parcours atypiques ont défilé sur la scène de ce petit stade de quartier qui abrite un événement victime de son grand succès auprès du public et du manque de moyens financiers et logistiques.
S’il reste l’une des festivals les plus pauvres du pays du point de vue financier, cet événement reste l’un des rares à réussir à rassembler plus de cinq mille personnes autour d’un événement culturel dédié à une musique traditionnelle qui n’a pas encore trouvé sa place dans l’industrie musicale algérienne même si cette dernière en est au mieux à l’état embryonnaire.
Pourtant vu l’affluence du public bechari lors de ce seul événement d’envergure de la région et aussi vu le foisonnement de jeunes troupes nouvellement créées l’importance de ce rendez-vous prend forme très vite devant ce creuset de jeunes talents et la multitude de possibilités qu’il offre.
Une quinzaine de troupes qui prennent part à la compétition nationale après présélection, les trois lauréats du concours de la précédente édition, deux à trois têtes d’affiches incontournables dans la région, quelques jeunes groupes à succès sur la scène nationale et un volet académique réunissant quelques universitaires autour de thèmes ayant attrait au diwan débattu avec les praticiens et le public même s’il n’est pas très nombreux constituent l’essentiel de la programmation de ce festival.
Paradoxalement à son succès, à la richesse de son programme et au dynamisme de l’équipe cet événement souffre de grandes carences en matière de finances et de logistique. En immersion dans les coulisses de l’organisation on se rend compte de l’étouffante réalité obligeant les organisateurs à débourser plus de la moitié du budget alloué par le ministère de la culture uniquement pour payer l’hébergement des participants et le matériel de scène, son et lumière.
L’autre moitié du petit budget sert à payer les prestations des troupes et les prix des lauréats et les fonds n’ont jamais été suffisant pour éditer des albums ou des live des passages des participants, ni pour publier des thèses ou les actes des conférences et encore moins pour assurer un minimum de promotion, d’accompagnement ou de formation aux artistes.
Heureusement que les passages des confréries et troupes traditionnelles qui perpétuent ou s’inspirent franchement du rituel sont enregistré au format numérique depuis neuf ans en attendant une exploitation sérieuse.
Mohamed Rafik