Au sortir du premier conflit mondial (1914-18), les empires coloniaux victorieux (France et Grande-Bretagne) avaient vu leurs puissances renforcées et leurs territoires s’agrandir par une redistribution des colonies allemandes et des régions arabes de l’empire ottoman.
Pourtant, l’édifice n’est, semble-t-il, pas aussi solide qu’il n’y paraît, et l’intervention des Etats-Unis dans ce qu’on appelle la grande guerre ainsi que la révolution russe de 1917 vont constituer un tournant majeur dans le jeu des alliances internationales mais également dans la prise de position concernant la question coloniale. Et c’est d’ailleurs dans les quatorze points présentés par le président Wilson pour mettre fin à la Première Guerre mondiale que sera inscrit «le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes», sur lequel se fonderont les revendications de plusieurs leaders autonomistes (tels que l’Émir Khaled en Algérie). Elles furent toutes rejetées mais le ton est donné et la revendication persiste et trouve son socle juridique le plus sûr dans la Charte de l’Atlantique de 1941*.
A la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe est détruite. Elle est affaiblie tant sur le plan politique et militaire que sur le plan économique, et le mythe de l’invincibilité du colonisateur est sérieusement mis à mal.L’heure est donc à la reconstruction des métropoles, et l’entretien financier des colonies (très coûteux) est relégué au second rang, ce qui ajoute au conflit grandissant avec l’URSS accélérant ainsi les mouvements de libération nationale dans les colonies.
La question coloniale s’internationalise
L’anticolonialisme progresse sur la scène internationale dès 1945 sous l’impulsion de l’URSS qui soutient le groupe afro-asiatique mené par l’Égypte et l’Inde.
La lutte pour l’autonomie des peuples est défendue à l’ONU*qui devient une véritable tribune du débat colonial. Deux blocs s’y affrontent : le coté colonial (France, Belgique, Pays-Bas et Grande-Bretagne) et anticolonial (pays latino-américains et arabo-asiatiques soutenus par l’URSS).
Les Américains qui avaient pourtant encouragé l’émancipation des peuples jouent à partir de 1945 dans les deux positions, en faisant la promotion des peuples opprimés, tout en défendant ce qui reste de la puissance européenne (un allié de poids dans un contexte de guerre froide avec l’URSS).
Dans cette configuration mondiale de l’après-deux guerres, les revendications nationalistes ont trouvé leur fondement juridique dans la Charte de l’Atlantique, qui affirme «le droit qu’a chaque peuple de choisir la forme du gouvernement sous laquelle il doit vivre», confirmé par le Pacte international des droits de l’Homme, adopté par l’Assemblée générale de l’ONU en 1948. Ce dernier tente de favoriser le progrès politique, économique et social des populations et leur évolution progressive vers la capacité à s’administrer elles-mêmes» ou à l’indépendance. En outre, l’ONU vote une motion en 49 pour la promotion et l’usage des langues «indigènes».
En marge des positions internationales concernant la question coloniale, les partis communistes européens militent pour l’émancipation des peuples mais à condition qu’ils aient la maturité suffisante pour une indépendance sans risque. C’est pour cela qu’ils s’engagent sans détour contre la guerre d’Indochine mais seront plus réservés concernant l’Algérie avant 1954.
Extrait de la revue Babzman, édition spéciale 1er Novembre
Mira B.G
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