Sorti en novembre 2014, « El Wahrani » de Lyes Salem a fait couler beaucoup d’encre. Beaucoup ont eu un avis tranché avant même de le voir. En se basant juste sur la bande-annonce. Une grosse polémique s’est propagée comme une trainée de poudre, notamment à travers certaines télés privées et les réseaux sociaux. Accusé de donner une mauvaise image des moudjahidine, le réalisateur s’est défendu dans des entretiens, notamment dans la presse électronique, pour dire que son film est d’abord et avant tout une fiction et qu’il montre juste des personnes avec pleins de contradictions. Pour Salem, chacun est finalement dans son rôle, dont les hypocrites, mais il affirme faire confiance à la société algérienne, la majorité, qui, elle, « est consciente que la vie n’est pas en noir et blanc et qu’elle est plus complexe. »
Complexe, la vie l’est certainement. Surtout dans la production cinématographique algérienne. Aussi réduite soit-elle, elle ne fait pas toujours consensus. Surtout lorsque l’écran nous renvoie notre réalité. On pense du coup aux films de Nadir Moknèche qui, eux aussi, ont fait couler beaucoup d’encre il y a quelques années. Certains sujets restent totalement tabous et déchainent les impatients hypocrites. Et cette majorité sur laquelle compte Salem, suit souvent leurs prêches.
Peut être qu’à force de servir des sketchs chorba et des caméras cachées au public, celui-ci y a pris gout, tant et si bien qu’il a mis un voile épais sur la réalité vraie, qu’il ne veut ni la voir ni en avoir conscience. Il faudra dans ce cas quelques électrochocs- n’en déplaise à certains- pour qu’il se tourne vers d’autres écrans autrement moins drôles et moins virtuels.
Mais pour revenir à « El Wahrani », la polémique qui l’a entouré aura au moins servi à titiller la curiosité des Algériens qui auront l’occasion de se faire leur propre opinion. Reste plus qu’à espérer qu’ils seront nombreux à aller le voir.
Z.M.