Très tôt, en plus des soldes versées aux junud, le FLN prévoit des indemnités aux familles démunies, aux familles de détenus et de chuhada. La Soummam uniformise les prestations. La fédération de France, de son côté, consacre la plus grosse part de son budget aux CSD (Comités de soutien aux détenus). A partir de 1958-1959, et surtout à compter de l’offensive Challe et de la désorganisation des wilaya(s), les budgets de l’Intérieur connaissent de grandes difficultés. Et dans certaines régions-Oranie, Kabilye-, les indemnités sont désormais versées de manière aléatoire, et parfois ne le sont plus du tout.
En 1956, lors d’une séance de travail à Tanger (Maroc), qui regroupe quelques volontaires, naît l’intention de créer le Croissant Rouge Algérien (CRA). Le 15 Octobre 1956, les statuts provisoires du CRA sont transmis pour approbation aux dirigeants de la Révolution Algérienne. Les responsables du commandement de la wilaya 5 (Oranie) donnent leur accord et le 29 Décembre 1956 une séance inaugurale, présidée par Maitre BOUKLI, consacre la création du CRA. Le 08 Janvier 1957 les statuts provisoires sont déposés à l’amalat de Tanger (Territoire international neutre à l’époque), d’où dés le lendemain, la naissance du CRA est annoncée au monde entier par voie de radio et de presse.
Ainsi, le comité d’aide sociale et médicale constitué dans la ZAA lors de la grande répression d’Alger de 1957 prend le nom de Croissant-Rouge algérien. La même année, le service de santé du FLN, constitué d’abord à Tunis à l’époque de Mahsas, délègue le neurologue Djilali Bentami pour prendre des contacts avec le CICR (Comité international de la Croix-Rouge) à Genève. L’objectif est de demander la reconnaissance de jure du Croissant-Rouge algérien. A l’automne 1957 est constitué à Tunis le comité central du CRA, où figurent principalement des professionnels de la santé.
Le CRA obtient du CICR des interventions en faveur des réfugiés algériens auprès du Haut Commissariat aux réfugiés. Le service social du FLN-devenu en septembre 1958 ministère des Affaires sociales- a pour tâche primordiale de s’occuper des réfugiés algériens en liaison avec le CRA. Rien qu’en Tunisie, les réfugiés sont évalués fin 1957 à 123 620 par le ministère, mais le CICR les évalue à ce moment à 160 000.
En février 1959, suite à une mission d’experts de l’ONU et des CICR, un programme de secours de 1759 calories par jour pour 120 000 réfugiés sera obtenu.
Sur le front intérieur, le CRA déploie ses membres, ses médecins et infirmiers à travers les maquis algériens pour assurer les soins et le réconfort à toutes les victimes de la guerre (blessés, malades familles souffrant de la faim et de dénuement).
Et sur le front extérieur, sa mission consiste surtout à multiplier les appels aux pays amis pour obtenir leurs aides en faveur des réfugiés, des blessés et des mutilés de guerre. Il obtient aussi du CICR qu’il procède en Algérie à plusieurs visites de prisons et de camps d’internement.
Parmi les pays qui aident le Croissant-Rouge : la Suisse, l’Italie, le Vatican, le Royaume-Unis, les Pays-Bas, les pays scandinaves, la Chine et principalement la RDA, par laquelle passe une bonne partie du concours des pays socialistes européens. La RDA aide régulièrement le CRA en lui fournissant du matériel médical, des médicaments, des couvertures. Et le Croissant-Rouge sert plus d’une fois à réceptionner des dons au FLN, sous couvert humanitaire.
Par ailleurs, des comités du CRA seront implantés en territoire Marocain et Tunisien. Leurs activités (soins et réconfort aux réfugiés ainsi que bases logistiques pour l’intérieur) sont assurées grâce à la précieuse collaboration des sociétés nationales du Croissant Rouge Marocain et Tunisien.
Synthèse K.T.
Sources :
- https://www.cra-algerie.org
- Gilbert Meynier, «Histoire intérieur du FLN. 1954-1962 », Casbah Editions, 2003.
- Image : Couverture des brochures Les réfugiés algériens, éditée par le Croissant-Rouge Algérien, juin 1959, et A travers les wilayas d’Algérie, éditée par le ministère de l’Information du GPRA, novembre 1960, ANOM et collection Chaulet.