Des traces préhistoriques dans les grottes des gorges de Lakhdaria n’ont pas livré tous leurs secrets

Les fouilles y ont été menées dans les années 1930, mais depuis, rien n’a été tenté pour poursuivre les recherches, dans cette région qui n’a pas encore livrée tous ses secrets remontant au paléolithique moyen.

A l’époque romaine, cette région était nommée Zaaai. Plus tard, elle prendra le nom de watn Beni Hinni, puis Palestro sous la colonisation française, avant de devenir Lakhdaria à l’indépendance.

Cette route en virages sur des dizaines de kilomètres et bordée de gorges, attirent de nombreuses familles algériennes durant la saison estivale. Véritable substitut à la plage, les estivaliers s’arrêtent au bord de la route, émerveillés par la fraîcheur et le pittoresque des lieux couverts de végétation irriguée par des cascades d’eaux tombant dans l’oued Isser.

Cependant, les gorges de Lakhdaria recèlent d’autres richesses moins connues du grand public, notamment une importante station préhistorique. Découverte presque par hasard au début des années 1930, elle a fait l’objet de recherches par le Dr H. MARCHAND et A. AYME,  publiées à la Société d’Histoire Naturelle de l’Afrique du Nord. Il s’agit d’une d’une vaste grotte ainsi que de ses abords et dépendances située approximativement dans le milieu des gorges traversées par l’oued Isser. Plusieurs outils et ossements y ont été trouvés, indiquant que les plus anciens habitants de cette région recensés, remontent au paléolithique moyen, souvent associé à l’homme de Neandertal.

La grotte en question est profonde et compte des couloirs, des diverticules et des anfractuosités multiples. Mais les découvertes ont eu lieu à son entrée sur une sorte de belvédère. Il faut se résoudre à l’idée que nos ancêtres aient, ici comme dans d’autres stations du genre, délaissé les salles obscures, profondes et humides, pour les parties ensoleillées, c’est à dire les parties de la grotte proches de l’ouverture. Effectivement la plus grande partie des trouvailles a été faite sous I’arceau de la voûte d’entrée. Là s’étalait une espèce de plateforme, de terrasse, où l’on devait le plus communément se rassembler, tailler les outils, coudre les peaux, faire la cuisine, vivre en un mot. De ce belvédère la vue embrasse en même temps qu’une partie du cours de l’Isser, un superbe panorama de forêts et de pâturages.

Parmi les pièces retrouvées, certaines, très peu, se rapportent au challéo-acheuléen, au moustérien et au néolithique. Mais les plus nombreux datent du capsien, notamment des lames à encoche, des lames recourbées en bec de perroquet, le burin d’angle, le grattoir sur bout de lame…

Ces instruments ont été recueillis sans ordre et sans stratification dans les couches moyennes et supérieures de la plateforme d’entrée, couches incontestablement remaniées, et mélangées avec les instruments de l’industrie ibéro-maurusienne

Par ailleurs, quelques poteries recueillies datant de l’époque romaine prouvant que la grotte a continué à être habitée ou du moins utilisée jusqu’aux époques historiques.

Et s’il a été signalé l’absence totale de coquilles d’œufs d’autruche, en revanche, les chercheurs ont retrouvé, en plus des ossement de mammifères, des fossiles humains, dont quelques mauvais fragments d’un os de crâne impossible à déterminer, deux moitiés supérieures de branches montantes de maxillaires inférieures, une vertèbre cervicale, une dorsale et une lombaire, deux fragments de radius, l’extrémité inférieure d’un cubitus, des phalanges indiquant par leurs dimensions des individus à grandes mains…

Les gorges de Lakhdaria comptent d’autres grottes qui restent à explorer afin de retrouver des fragments d’histoire. Cette région, comme beaucoup d’autres, demeure ignorée et mériterait bien de bénéficier de fouilles et de recherches. Reste à trouver des chercheurs intéressés et les fonds à débloquer pour se faire.

Synthèse : K.T.

Sources :

  • La société préhistorique des gorges de Palestro, par le Dr H. MARCHAND et A. AYME. Société d’Histoire Naturelle de l’Afrique du Nord, Imprimerie « MINERVA » à Alger en 1932.
  • Une importante station préhistorique du littoral Est-Algérois, Dr H. Marchand. Bulletin de la Société préhistorique de France. Année 1932. Volume 29 Numéro 6.

Articles similaires

Les Djwadjla et le commerce du pain, à l’époque Ottomane

Ahkili ala Zamane – Les rites funéraires des anciens berbères

Quelle histoire tragique se cache derrière le palais Dar Aziza ?