Le militant communiste Alban Liechti, connu pour être le premier appelé français à avoir refusé de participer aux combats contre le peuple algérien, est décédé à l’âge de 89 ans. Ses funérailles ont eu lieu le 4 septembre à Trappes, dans les Yvelines.
Né le 24 avril 1935 à Paris dans une famille militante, Alban Liechti s’engage très tôt dans le militantisme. Dès 1950, il adhère à l’Union des jeunesses républicaines de France et devient secrétaire. Actif contre la guerre d’Indochine, il participe à des manifestations emblématiques, comme celle contre le général Ridgway en 1952, où il est blessé, ainsi que celles contre l’exécution des époux Rosenberg en 1953.
En mars 1956, Alban Liechti est assigné au 5e régiment du génie. Alors que son départ pour l’Algérie approche, il prend position en rédigeant une lettre adressée au président René Coty, le 2 juillet 1956, dans laquelle il exprime clairement son refus de participer à la guerre. Dans ce courrier, il déclare : « La guerre que font nos gouvernants au peuple algérien n’est pas une guerre défensive. Dans cette guerre, ce sont les Algériens qui défendent leurs femmes, leurs familles, la paix et la justice. C’est l’amitié entre Français et Algériens que je veux défendre ». Convaincu de la justesse de sa cause, il ajoute : « Je ne peux prendre les armes contre le peuple algérien en lutte pour son indépendance ». Malgré cette déclaration, il est envoyé en Algérie le 5 juillet.
À son arrivée en Algérie, Liechti refuse de prendre l’arme qui lui est remise, ce qui lui vaut quatre années d’emprisonnement, d’abord à Tizi Ouzou, puis à Alger, avec plusieurs transferts successifs. Bien que son acte ne bénéficie pas immédiatement du soutien de son parti, le PCF, il inspire d’autres militants. Selon l’historien Tramor Quemeneur, « Environ un an après son refus, une campagne a commencé, portée par le Secours Populaire Français, et qui a conduit à ce qu’une quarantaine de jeunes communistes refusent de participer à la guerre d’Algérie. Cela a amené à ce que la question du refus de la guerre, de la désobéissance dans la guerre d’Algérie se pose publiquement. »
Libéré en mars 1962, juste avant la signature des accords d’Évian, Alban Liechti reprend son travail de jardinier à Trappes, où il fut promu responsable des espaces verts, rôle qu’il conserva jusqu’à sa retraite en 1995. Amnistié en juin 1966 avec d’autres opposants à la guerre d’Algérie, il poursuivit son engagement contre le colonialisme en animant l’association Agir aujourd’hui contre le colonialisme, fondée par Henri Alleg et des membres du Parti communiste algérien. Alban Liechti continua à militer avec détermination jusqu’à ses derniers jours.
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a exprimé ses condoléances à la famille de Liechti, soulignant que sa mort représente une perte significative pour l’Algérie, qui déplore « l’un des amis de la Révolution algérienne, un grand militant parmi les hommes libres du monde ». Les obsèques d’Alban Liechti se sont tenues mercredi après-midi au cimetière de Trappes.
M.M
Sources :
https://www.humanite.fr/en-debat/carnet/mort-dalban-liechti-le-soldat-du-refus-de-la-guerre-dalgerie