Le terme khibet a probablement été modifié ayant en réalité le sens de kheyma (khimet).
khibet el djerah (qui vient du terme khimet) est une tradition guerrière datant de l’occupation turque. Chaque fois que la colonie faisait une halte, on dressait deux tentes en face l’une de l’autre.
La première, « khibet el djerah », était la tente de refuge : tout ennemi qui avait la chance de s’y réfugier avait la vie sauve et sa personne devenait inviolable. La seconde, « khibet el bechouda » était la tente de perdition : celui qui avait la malchance de s’y abriter était immédiatement mis à mort.
Mais entre les deux tentes, il n’y avait aucune distinction. Pas la moindre différence. D’où la difficulté de choisir et la facilité de se méprendre !
Cette coutume existait même dans les villes de garnison, devant chaque caserne. Il y avait une chaîne devant la porte qui procurait aux coupables en fuite le bénéfice de cette protection. L’intérieur de la caserne offrait aussi cette inviolabilité.
Cette coutume guerrière ne sauvera pourtant pas la vie à Ahmed Chaouch El-Kebaïli qui, en 1808, se proclama bey de Constantine. Comme châtiment, le dey ordonna sa mise à mort. On violat la coutume pour le faire, alors même que le bey était installé dans khibet el djerah.
Ahmed Chaouch El-Kebaïli sera par la suite surnommé « Bey ras hou » (bey de lui même) ; « Bey deraâ hou » (bey de son bras) ou encore « Bey rou hou » (bey par sa propre volonté).
Z.M
Source :
« Dictionnaire encyclopédique de l’Algérie », par Achour Cheurfi. Editions ANEP, 2007.
Illustration : Tente de guerre Ottomane, capturé et exposé a Budapest en trophée