Sous l’ère ottomane, le gouvernement d’Alger, proprement dit, est représenté par le pacha, nommé tous les trois ans par la Porte ottomane. Les lettres des Illustres et Magnifiques Seigneurs montrent que les premiers consuls français finirent par se faire accepter grâce à l’opiniâtreté des Marseillais.
Les relations commerciales de la France avec la Régence d’Alger remontent à l’année 1478, époque où les Marseillais vinrent pêcher le corail sur les côtes mais on ne peut douter que cette lettre ne soit le point de départ des correspondances officielles.
En effet, le premier titulaire du consulat d’Alger fut Bartholle de Marseille, nommé par Charles IX, le 15 septembre 1564, sur les instances de notre ambassadeur à Constantinople, Pétremol de Nervoie mais il ne parvint pas à prendre possession de son poste en raison de la répugnance qu’avaient les Algériens à recevoir au milieu d’eux un témoin de leurs pirateries. Les négociations furent reprises auprès de la Porte ottomane par François de Noailles, évêque de Dax et, surtout, par Gilles de Noailles qui, dans une lettre du 12 février 1578, annonça à Henri III qu’«(il) avait fait établir le capitaine Maurice Sauron pour consul à Alger».
Cette charge étant vénale, le titulaire pouvait se faire représenter par un vice-consul ou gérant. Comme on le voit, François Guighigotto, suppléant de Maurice Sauron, fut expulsé quelques jours après qu’il eut tenté de s’installer à Alger.
Hassan Veneziano, alors pacha d’Alger, succéda au pacha Ramadan en 1577. Renégat vénitien, élevé parmi les corsaires du célèbre Dragut, il s’imposa au Grand Seigneur Souleyman par sa bravoure et son intelligence et fut rappelé en 1580 à la suite des plaintes des Algériens contre son administration.
Mounira Amine-Seka
HASSAN VENEZIANO, PACHA D’ALGER,
A MM. LES CONSULS ET GOUVERNEURS DE LA VILLE DE MARSEILLE.
Alger, le 28 avril 1579.
Magnifiques Seigneurs,
Il est venu ici un nommé François Guighigotto, porteur d’une expédition de Consul en faveur du Capitaine Maurice Sauron, dont il serait le substitut. Mais nous, qui voulons rester d’accord avec les anciennes considérations et avec l’affection que nous portons à la Majesté de Henri III, notre cher ami et votre Roi, nous ne trouvons aucun moyen pour le mettre en place, la chose répugnant à l’esprit des marchands, du peuple et de tous. Ils ne veulent point admettre la nouvelle autorité que vous leur imposeriez, et qui ferait du tort à l’Echelle d’Alger si elle venait à s’y établir de force. Nous serions bien surpris que vous l’ayez permis, vos prédécesseurs n’ayant jamais eu la hardiesse de le faire, et la chose étant à votre préjudice et à notre dommage. Lorsque vous nous demanderez des choses qui seront dans nos habitudes et conformes à nos devoirs, nous ne manquerons pas de vous montrer la bonne volonté que nous avons de vous faire plaisir. Que Dieu vous accorde toute satisfaction !
Salut.
(Sceau)
HASSAN, Pacha d’Alger.
Bibliographie:
- « Correspondance des Deys d’Alger avec la cour de France, 1575-1833 », par Eugène Plantet, Ed Bouslama-Tunis
- Illustration : Plan d’Alger au XVI e siècle