La culture de l’olivier et en particulier la cueillette des olives est une importante source d’emploi et donc d’intérêt social.
Si en Espagne, premier producteur mondial d’huile d’olive, il est estimé à environ 22.850.000 journées-homme (approximativement 15,7 par hectare), en Algérie, la cueillette de l’olive est faite, essentiellement, en famille. Pour deux raisons ; les oliviers se trouvant dans la parcelle familiale dépasse rarement la dizaine d’où un traitement encore artisanal et c’est aussi l’occasion de réunir toute la famille autour d’un même objectif.
C’est ainsi que les hommes s’arrangent à prendre des congés en ces périodes de cueillette qui s’effectue en hiver, pendant les vacances scolaires. Une occasion aussi de faire découvrir et participer les enfants à cette sorte de twiza (travaux d’intérêt général) au profit de la famille et de la communauté. Aujourd’hui, il n’est pas rare que l’universitaire, l’employé de bureau et le technicien viennent prêter main forte aux autres membres de la famille pendant cette période. C’est un des évènements les plus importants de la vie du village : c’est que l’olive fournit un produit important que l’on consomme en grandes quantités, que l’on peut échanger ou vendre mais aussi un précieux présent que l’on offre aux invités de marque. Si les membres de la famille sont loin du village, leur part est conservée en toute sécurité : ils en prendront possession, tôt ou tard, comme ils le feraient pour un héritage.
L’utilisation de main d’oeuvre rémunérée dépend de la taille de l’exploitation. Dans les petites exploitations même en Europe, la main d’oeuvre familiale peut suffire à la réalisation des travaux. L’utilisation de main d’œuvre rémunérée dans les exploitations spécialisées est très limitée en Grèce, alors qu’elle représente 15% du total en Italie, 25% au Portugal et plus de 50% en Espagne.
Quant à l’industrie de transformation en Kabylie, sauf dans le cas des huileries modernes qui commencent à s’installer dans les régions à forte production comme la vallée de la Soummam, elle se fait également à la manière traditionnelle, c’est-à-dire que l’on ramène la cueillette chez le propriétaire de l’huilerie qui ponctionne le 1/5 de la production réalisée. En Espagne, on estime que l’industrie de transformation de l’huile d’olive génère 10.000 emplois directs, c’est-à-dire environ un emploi pour 100 tonnes d’huile. Comme tous les métiers artisanaux, la relève est rare d’où une déperdition énorme ajoutée aux feux de forêt qui ravagent chaque année des centaines d’hectares des régions montagneuses.
Environnement et culture
Cultivé depuis l’Antiquité, l’olivier est un arbre rustique, peu exigeant est bien adapté aux conditions difficiles des régions méditerranéennes. Il y est un élément caractéristique du paysage et y valorise efficacement les ressources en eau. Très fréquemment, la culture de l’olivier a un impact positif sur l’environnement et la conservation des paysages. Elle constitue un élément essentiel dans la lutte contre la désertification, un des problèmes écologiques les plus importants des régions méditerranéennes. De plus, en tant que zones de refuge et d’alimentation pour la faune sauvage, les oliveraies contribuent significativement au maintien de la biodiversité de ces régions. Les plantations traditionnelles comportent la valeur écologique et paysagère la plus élevée. Par leur mode de gestion généralement extensif, avec un recours minimal aux intrants externes à l’exploitation, elles enrichissent les écosystèmes concernés. Dans les zones en pente, les plantations traditionnelles sont souvent disposées en terrasses, contribuant ainsi à réduire les problèmes d’érosion et de perte du sol.
Toutefois, en raison de leur faible productivité, la rentabilité des oliveraies traditionnelles, situées sur sols pauvres, pose souvent des problèmes. Lorsque ces oliveraies sont abandonnées, elles ne sont pas remplacées par d’autres cultures et peu à peu deviennent une sorte de maquis. S’ils ne sont pas entretenus, ces maquis sont propices aux incendies de l’été, un des fléaux écologiques les plus importants des régions méditerranéennes.
Dans les systèmes d’obtention d’huile d’olive par pression ou par centrifugation à trois phases (huiles, margines et grignons), majoritaires en Italie et en Grèce, l’enjeu environnemental est lié au grand volume d’eau qu’il faut ajouter ainsi qu’a l’évacuation du grand volume de margines. Pour éviter tout préjudice à l’environnement, la décharge des margines dans les cours d’eau devrait être faite seulement après traitement, ce qui nécessite que les moulins soient munis d’installation d’épurement ou de bassins d’évaporation. L’épandage des margines dans les champs en tant que fertilisant est aussi possible.
De nouvelles techniques se développent actuellement pour permettre la valorisation énergétique de la biomasse de l’olivier (restes de la taille des arbres, traitement des grignons après l’extraction de l’huile, etc), ce qui, à terme, devrait aboutir à une contribution positive de la filière oléicole à la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.
De Lmaynsra à l’industrialisation
Exporter, c’est le maître-mot des responsables de Ifri Olive, une entreprise spécialisée dans l’huile d’olive. D’une simple huilerie traditionnelle, créée en 1922 par le grand-père dans la vallée de la Soummam, dans le village historique d’Ifri, est née une grande huilerie industrielle au début des années 1990. Reprise par les petits-enfants, dont deux ingénieurs agronomes qui ont décidé d’investir dans l’huile d’olive qui confient-ils n’a pas encore connue les feux de la rampe du point de vue économique. Sur la même lancée, il regrettera, se confiant à un confrère lors de la Foire internationale d’Alger, l’absence d’un centre de dégustation d’huile d’olive. Ce qu’ils tentent de combler à l’occasion de telles manifestations. Le dernier né : des glaces à l’huile d’olive. Devant l’étonnement des visiteurs, son gérant indiquera que ce genre de produits existe déjà aux Etats-Unis et est utilisé par les consommateurs occidentaux pour contrer des maladies comme l’angine. Reconnu par ses pairs étrangers, cette entreprise participe au Concours international d’huile d’olive en France.
Si l’olivier est cet arbre dont la symbolique reste encore très forte en Kabylie, en pratique, son entretien ne fait pas toujours partie des préoccupations des villageois, bien qu’ils en attendent de belles récoltes chaque hiver, à tel point que pendant cette période, l’huile et son prix passe en première position dans les discussions. Les citadins, quant à eux, même ayant perdu le lien avec la terre natale, se débrouillent toujours une connaissance qui leur ramènera cette huile d’olive de bonne qualité. Car comme pour tout produit rarissime, les arnaqueurs, à la recherche du gain facile, sont légion.
Farid MOKDAD
Sources :
- Almanach berbère aseggwes imazighen. Mohand Akli Haddadou. Inas éditions 2002.
- Presse nationale : El Watan, La Tribune
- Site internet : Wikipédia.
- Illustration : photographie Maouche, Bélaïd