Des ossements ont été retrouvés au milieu des outils de pierre taillée qu’il fabriquait. Des outils du même type ont été retrouvés sur d’autres sites attestant la présence de l’homme primitif. En Algérie, on assiste, d’une façon frappante, au voisinage immédiat de l’histoire et de la préhistoire. Hérodote et Saluste portent témoignage sur les formes maghrébines de la civilisation néolithique. Il faut souligner, que c’est au Sahara, que la civilisation néolithique a connu ses plus belles réussites avec une perfection technique inégalée, comme en témoignent les peintures du Tassili-N’Ajjers, du Tassili du Hoggar avec les pierres taillées et polies, comme on peut en voir dans la magnifique collection du musée du Bardo.
A l’aube de l’histoire, l’Algérie, était peuplée par les Numides qui gardèrent, de la civilisation primitive, la famille Agnatique et l’Aguellid. Il est probable que c’est cette organisation sociale que trouvèrent les Carthaginois, à leur arrivée, au IX siècle avant J.C. Les Phéniciens fondèrent Carthage vers l’année 814 avant J.C et poussèrent leurs bateaux jusqu’en Espagne. Mais la côte africaine de la Méditerranée était très hostile : de nombreux récifs et de hauts-fonds rendaient la navigation très difficile.
D’est en ouest, la côte algérienne abritait des comptoirs qui sont devenus : Annaba, Skikda, Collo, Jijel, Bejaïa, Dellys, Alger, Tipaza, Cherchell, Tènes, Bettioua, près d’Arzew, Ghazaouet, comptoirs qui seront plus tard les assises des villes puniques, numides et romaines. Carthage étend son influence sur les populations de l’intérieur, à travers les relations commerciales. Ainsi apparurent des villes, où l’influence punique est incontestable. Alors que Carthage rayonnait de toute sa puissance, les Royaumes numide de Gaia, Massinissa et Syphax, avaient atteint un degré de développement exceptionnel sur les plans économique, social et culturel. Bien que peu, ou encore mal connu, cette période reste l’une des plus passionnantes de l’Histoire de l’Algérie.
Au plan politique, la Numidie connut des tribus indépendantes, des républiques villageoises, de vastes royaumes dotés d’un pouvoir fort qui s’est superposé aux structures tribales. Quand la Numidie réapparut au IVe siècle avant J.-C, elle formait au couchant, le royaume des Massaeysiles limité par l’Ampsaga (Rhumel) à l’est et par la Moulouya à l’ouest, avec Siga pour capitale et le royaume des Massyles dans la partie orientale du Constantinois, avec Cirta pour capitale. Hérodote rapporte que des relations commerciales se développèrent très tôt entre Phéniciens et Numides, favorisant ainsi la pénétration de la langue et de la culture puniques assez profondément dans le pays. Les Numides apprirent des Phéniciens les procédés agricoles et industriels avec la fabrication de l’huile d’olive, du vin, l’exploitation et le travail du cuivre.
L’influence culturelle, par contre, fut très limitée et s’exerça essentiellement par l’intermédiaire de Carthage. Elle ne se manifesta que dans le domaine de l’art, dont nous retrouvons des exemples dans les grands médracens de l’Aurès et de Tipaza. Au cours des années qui suivirent cette guerre, la puissance carthaginoise s’affaiblit, ce qui permit au roi des Massyles, Gala, grand père de Massinissa, d’entreprendre la conquête des villes côtières, dont Hippo-Régius, qui devint sa capitale, en chassant les Carthaginois.
Pendant la deuxième guerre punique (218-202) avant J.-C.) Romains et Carthaginois se disputèrent avec acharnement l’alliance des royaumes numides. Alliée à Hannibal, la cavalerie numide parvint à envahir l’Iberia, la Gaule, traversant les Pyrénéees, puis les Alpes, contribuant à remporter en 216 avant J.-C la bataille de Cannae, la plus célèbre victoire des troupes de Hannibal, demeurée, à ce jour, dans les annales militaires, comme un exemple de stratégie et de tactique. Lors de son couronnement, Massinissa avait 36 ans. Né en 238 avant J.C., il régna pendant 54 ans jusqu’à sa mort en 148 avant J.-C. Pendant son long règne, il entreprit la construction d’un Etat unifié et monarchique. D’abord il s’attacha à sédentariser les populations et transforma les pasteurs nomades en agriculteurs. Il favorisa l’urbanisation de la Numidie, poussant les cultivateurs à former de gros bourgs, auxquels il donna une organisation semblable à celle des villes puniques. Massinisssa qui regardait avec intérêt l’Orient grec, avait accepté la forme de civilisation que six siècles, placés sous l’influence de Carthage, elle-même hellénisée au cours des deux derniers siècles, avaient apportée aux élites Numides.
Le projet politique le plus cher à Massinissa fut l’unification de tous les royaumes numides. La récupération des terres ayant appartenu à ses ancêtres lui permit d’introduire de nouvelles méthodes dans des domaines aussi variés que l’agriculture, l’hydraulique et la culture en terrasses. Pour mieux assurer sa puissance, il voulut diviniser la monarchie et établir le culte de la divinité royale. Au plan militaire, son pouvoir, aussi, fut considérable : il entretint une puissante armée et une flotte importante. Sur le plan économique, la Numidie occupa, pendant son règne, une place prépondérante dans l’économie mondiale de l’époque. Sa gestion fit de son pays un Etat très prospère qui commerçait avec la Grèce et Rome. Cirta en fut la capitale où à cette époque l’actuelle Europe vivait encore dans l’indigence. Dans son œuvre d’unification, il empiéta sur le domaine de Carthage, qui lui déclara la guerre. Massinissa en sortit vainqueur.
La puissance grandissante de Massinissa en Afrique inquiéta Rome, au point qu’en déclarant la guerre à Carthage en 149 avant J.-C, elle visait aussi Massinissa. En détruisant Carthage en 146 avant J.C et en créant la première colonie romaine en Afrique, Rome mettait une limite à l’extension territoriale de la Numidie et au renforcement de son pouvoir économique et politique. L’occupation romaine de l’Afrique du Nord, à partir de Carthage, se fit par trois axes principaux : Le premier, suit la côte de la Tunisie du nord au sud, puis vers l’est en passant par la Libye. Le second, qui va d’est en ouest, suit la ligne du plateau intérieur, nettement en arrière des massifs côtiers. Le troisième, en diagonale nord-est et sud-ouest, représente la voie de pénétration vers la frontière sud et vers l’Aurès par Ammaedara (Haïdra, Tunisie), Thevesti (Tebessa), Thamugadi (Timgad), et enfin Lambaesis (Lambèse).
Trois de ces villes furent les bases de la légion romaine, qui occupa Ammaedara sous le règne d’Auguste. En l’an 75, elle s’installa à Thevesti, en 81 à Lambaesis, qui devint par la suite son siège définitif avant d’être la capitale de la Numidie. La Numidie est un territoire militaire, dont le commandement est installé à Lambèse ; elle deviendra une province indépendante de la Proconsulaire en 198. A partir de 126, des voies de pénétration l’aideront à progresser par les pistes du Sud, mais elle se rétrécit vers le nord : Hippo Régius (Hippone) est en Proconsullaire, Igilgili (Jijel) et en Maurétanie Sétifienne. La côte de Numidie a deux ports : Rusicade (Skikda) et Chullu (Collo). Le reste de l’Algérie forme la Maurétanie Césarienne.
La Maurétanie était gouvernée à partir de Césarée (Cherchell). Sa frontière est plus méridionale, loin des monts du Hodna. Au-delà de cette bande côtière, les populations numides continuent à suivre leur mode de vie, et à se battre contre l’occupation romaine. Si la sédentarisation s’est faite au temps des Phéniciens et des Royaumes numides, c’est l’urbanisation qui constituera la base de l’empire romain. Le nombre et la splendeur monumentale des cités romaines que révèlent les imposantes ruines de Timgad, Lambèse, Djemila-Cuicul, Tiddis, Tipaza témoignent du rôle joué par les Cités africaines. Dans le monde, seules deux villes, demeurent intactes et témoignent de la perfection urbanistique des cités romaines : Pompéi, en Italie, ensevelie et sauvegardée par les cendres du Vésuve, et Timgad en Algérie, ensevelie et sauvegardée par le sable du désert.
Les Berbères, christianisés par Rome résistèrent de façon différenciée à la chute de Rome, puis des Vandales et l’instabilité durant la période byzantine. Certains s’enfuirent en Sicile. D’autres, notamment dans les Aurès vont résister à l’arrivée des musulmans entre 670/702. Cette période a entraîné la reconstitution de plusieurs principautés berbères. De nombreux Berbères se convertirent ensuite en masse à la religion musulmane. La conquête musulmane de l’Espagne et du sud de la France qui s’ensuivit fut menée par un contingent arabo-berbère comptant beaucoup de convertis.
- Un article envoyé par B. Khmisi, et paru dans Le Matin DZ, le 12/06/2012