« El ‘oud elli tahgrou ya’mik », on a toujours besoin d’un plus petit que sois. « Khouk khouk la yghourek sahbek ».
Trois frères vivaient avec leurs parents. Les deux aînés s’entendaient très bien et négligeaient le petit dernier qui ne leur paraissait pas de taille à partager leur jeux.
Un jour, les deux aînés partirent en forêt et s’y perdirent. On les chercha partout, on battit plaines et bois durant une nuit entière. L’écho seul répondait aux appels désespérés. Les deux enfants restaient introuvables.
Le lendemain matin, leur jeune frère partit à leur recherche. Après avoir marché longtemps, il les trouva enfin. Ils revenaient tous les trois vers la maison de leurs parents lorsqu’ils trouvèrent une grosse fourmilière sur le bord du chemin. Les deux aînés voulurent la détruire et le jeune frère leur dit :
-« Laissez en paix ces insectes. Pourquoi les déranger ? Avez-vous une idée du temps et de l’effort que cela leur a coûté ? »
Plus loin, ils arrivèrent au bord d’un étang où nageaient des canards. Les deux aînés voulurent en attraper quelques uns pour les cuire mais le jeune frère dit encore :
-« Laissez-les en paix ! Je ne puis souffrir que vous les tuiez. Ils ne suffiront jamais à vous rassasiez »
Enfin vers le soir, nos voyageurs aperçurent sur la colline un beau château. Ils y entrèrent et virent avec étonnement que tout était pétrifié; animaux et personnes étaient changés en pierre. Ils passèrent la nuit dans le mystérieux château. Mais le lendemain, à son réveil, le plus jeune des garçons ne trouva plus ses frères. Il se mit aussitôt à les chercher. Il rencontra un vieillard qui le conduisit dans une grande salle où se trouvaient ses frères transformés en statues.
Pour sortir de ce château et rendre vie à tes frères, lui dit le vieillard, tu dois accomplir deux tâches très difficiles. Sinon tu seras toi-même changé en pierre.
–« Que dois-je faire, lui demanda alors, le jeune garçon ? »
–« Tu dois d’abord retrouver, avant ce soir, les milles perles que la princesse a perdues dans le pré, le dernier jour de sa vie. »
Le jeune garçon chercha toute la journée mais ne put récolter que quelques unes de ces perles. Lorsqu’il s’apperçut que le soleil était près de se coucher, il s’assit, désespéré, et se mit à pleurer. La reine des fourmis auxquelles il avait sauvé la vie, vint à son secours. Elle donna un ordre à la multitude de fourmis qui en peu de temps, réunirent les fameuses perles de la princesse.
Mais le lendemain, le vieillard exigea encore.
–« Une des princesses à laissé tombé la clé du château au fond du lac. Retrouve-la avant le coucher du soleil sinon tu seras changé en pierre comme tes frères. »
Désespéré, le garçon resta debout, en pleurant, devant le lac. Mais les canards qu’il avait sauvés, en apprenant la cause de son chagrin, plongèrent au fond du lac et lui rapportèrent la clé en question.
Le garçon se hâta de rapporter la clé retrouvée et dès que le vieillard la toucha, princes et princesses ainsi que les deux garçons et les animaux revinrent à la vie. Les trois frères reprirent la route pour rentrer à la maison…
Source : Contes du terroir algérien – Editions Dalimen
Illustration :